Jours de fêtes religieuses et/ou publiques : Nom primitif = fesiae
A Rome, tout le monde se doit de connaitre le calendrier du mois, c’est lui qui va déterminer la nature religieuse ou politique de chaque jour. Pour cela, il est affiché sur les murs des temples de la Ville après que le Rex Sacrorum l’ait annoncé aux nonnes (le 5 ou 7 de chaque mois). La célébration en est confiée aux édiles qui doivent aussi assurés l'entretien des temples.
Ce calendrier va déterminer, en particulier, les jours fastes ou néfastes. Comme chez nous, les fêtes peuvent être de deux sortes ; « statives », elles reviennent toujours à la même date, ou « indictives » elles sont mobiles. Les jours fastes permettent d’entreprendre n’importe quelle tache tant agricole que juridique par exemple car on a l’appui des dieux ; les jours néfastes, on peut poursuivre un travail commencé mais ne jamais se lancer dans quelque chose de nouveau ceux qui ne respectaient cette règle devait sacrifier un porc. De l'origine qui interdisait tous les travaux, peu à peu certains furent permis, on les voit figurer dans le Livre des Pontifs, c'était surtout des travaux agicoles. Ces jours étaient réservés aux dieux dans la Rome primitive. Certains jours peuvent être faste l’après-midi tandis qu’ils ont été néfastes le matin ; huit jours, dans l’année, sont néfastes le matin et le soir et fastes en leur milieu ; on peut compter, sous la République, 109 jours néfastes pour 235 jours fastes et 11 jours mixtes puis sous l’Empire le nombre de jours néfastes augmenta car les empereurs eurent une journée consacrée à leur souvenir. Généralement, les fêtes religieuses avaient lieu un jour néfaste. Ces jours là, un magistrat ne pouvait rassembler une armée, lever des soldats (dilectus ou tumultus), engager une bataille sauf si la République était agressée. Ce genre de fête a d’abord été une purification, purification de l’homme comme de la terre, puis petit à petit la fête est devenue réjouissance au fil des siècles, à tel point que pour certaines, les Romains n’en connaissaient plus l’origine. Et c’est seulement au troisième et quatrième siècle après J.C. que des jours de fête furent octroyés au nom des divinités orientales.
On considérait comme un jour de fête les jours de marché (nundinae) qui avait lieu tous les 9 jours ; les travailleurs agricoles venaient à Rome pour faire différentes emplettes.
En parallèle à ces fêtes officielles existaient des fêtes de quartiers qui n’étaient pas recensées par le calendrier placardé sur les murs des temples. Elles étaient plus populaires que les autres. Et en 389 après J.C., l’empereur Théodose décréta qu’il n’y aurait plus de fêtes païennes, qu’il n’existerait plus que les chrétiennes. Mais il fut très difficile au pouvoir de les supprimer, elles durèrent encore longtemps !
L’armée aussi avait ses propres fêtes. La vie du soldat était sans cesse marquée par la religion. Certaines fêtes étaient spécialement réservées à une unité, la date de sa création, ses victoires étaient en particulier célébrées par des fêtes mémorables. L’entrée en guerre était marquée par une procession et des danses effectuées par les prêtres saliens. Les batailles n’étaient livrées qu’après des sacrifices et la consultation des entrailles des victimes par les haruspices. Chaque légion avait son prêtre : « l’haruspex ». Le culte le plus important après la prestation de serment à l’empereur ou le serment de fidélité à son général, pour la période républicaine, était celui des enseignes qui avaient leur propre sanctuaire (aedes signorum), sanctuaire qui accueillait aussi les images (imago) du souverain. Nous sommes surtout renseignés sur la période impériale. Toutes les cérémonies militaires faisaient référence à l’empereur, tout tourne autour de lui, il était le commandant en chef et le chef de la religion.
Decennalia : fête officielle
Réjouissance qui date du début de l’Empire et qui avait lieu seulement tous les 10 ans. Elle fut créée par Auguste en 27 avant J.C. lorsque le Sénat lui donna le pouvoir pour 10 ans qui furent renouvelées à l’échéance :
Quand il y eut dix ans écoulés, un décret y ajouta cinq autres années, puis encore cinq, ensuite dix, puis encore dix nouvelles, en cinq fois différentes; de sorte que, par cette succession de périodes décennales, il régna toute sa vie. C'est pour cela que les empereurs qui lui succédèrent, bien que non élus pour un temps déterminé, mais une seule fois pour tout le temps de leur vie, ne laissèrent pas de célébrer chaque fois cette période de dix ans, comme étant une époque de renouvellement de leur autorité… Dion Cassius, LIII, 16.
Tibère continua à la faire célébrer puis, après lui, on en entendit plus parler jusqu’à Antonin le Pieux. Elle symbolisait la demande que faisait le peuple aux dieux de préserver la santé de l’empereur, Elle dura jusqu’à la fin de l’Empire. On en trouve trace sur la base d’une colonne située sur le forum. Elle donna lieu au marquage de nombreuses pièces de monnaie.
Depositio barbae : FÊTE PRIVEE (familiale)
Les Romains se rasaient de près aux temps de la République et au début de l’Empire. C’est seulement sous Hadrien que la barbe, en imitation de l’empereur, est revenue à la mode. C’est ainsi qu’un visage glabre pour un jeune homme donnait lieu à une cérémonie. Cette fête familiale se déroulait à l’occasion du premier rasage d’un adolescent. Cette cérémonie intervenait vers l’âge de 21 ans. Elle marquait définitivement son entrée dans la vie adulte ce qui avait commencé avec l’abandon de la bulla et la prise de la toge virile. Généralement les poils de la coupe de cette première barbe étaient offerts à Jupiter. Comme le raconte Suétone, cette coupe ne se fit qu’à 22 ans pour Néron et il en remit le duvet enfermé dans une boite en or au temple de Jupiter du Capitole :
« Dans les jeux gymniques qu'il donna au Champ de Mars, il déposa les prémices de sa barbe au milieu d'un sacrifice solennel, les renferma dans une botte d'or garnie des perles les plus précieuses, et les consacra à Jupiter Capitolin. » Suétone, Néron 12, 9.
Evocatio : fête militaire
Par une formule religieuse relativement longue, les Romains essayaient de faire passer dans leur camp les dieux vénérés par l’ennemi pour leur apporter la victoire :
Alors le dictateur, sortant de consulter les auspices, et après avoir donné l'ordre de prendre les armes : «C'est, dit-il, sous ta conduite, Apollon Pythien, c'est sous l'inspiration de ta divinité que je vais détruire Véies : je te voue d'ici la dixième partie du butin. Et toi, Junon Reine, qui habites encore Véies, je t'en conjure, suis-nous, après la victoire, dans notre ville qui sera bientôt la tienne, et qui te recevra dans un temple digne de ta majesté". Tite Live, 5, 21.
« Evocatio » par Camille, en 396 avant J.C. contre la ville de Véies.
En fait, on peut parler d’un véritable contrat entre un général romain et les dieux de l’ennemi. Il leur demandait d’abandonner leurs territoires, en échange de quoi il faisait le vœu de leur construire un temple et de leur consacrer des jeux.
La plus célèbre est celle de Scipion Emilien qui invoqua Tanit lors de la troisième guerre punique à la prise de Carthage. Mais ce fait est très controversé par les historiens.
Le véritable nom de Rome était caché pour que d’éventuel ennemis des Romains ne s’en serve contre elle :
…il est certain que chaque ville a un dieu sous la tutelle duquel elle est placée, et qu'une coutume mystérieuse des Romains, longtemps ignorée de plusieurs, lorsqu'ils assiégeaient une ville ennemie et qu'ils pensaient être sur le point de la prendre, était d'en évoquer les dieux tutélaires au moyen d'une certaine formule. Ils ne croyaient pas que sans cela la ville pût être prise, ou du moins ils auraient regardé comme un sacrilège de faire ses dieux captifs. C'est pour cette raison que les Romains ont tenu caché le nom du dieu protecteur de Rome, et même le nom latin de leur ville. Macrobe, Saturnales, III, 9.
Feriae Denicales : FÊTE PRIVEE (familiale)
Et certes les "denicales", ainsi nommées de la mort, parce que l'on se repose en l'honneur des morts, ne seraient pas appelées fêtes comme le sont les jours consacrés aux dieux, si nos ancêtres n'avaient pas voulu que les défunts fussent mis au nombre des dieux. La règle qui prescrit de leur dédier les jours où il n'y a ni fêtes particulières ni fêtes publiques, et toutes les dispositions du droit pontifical à cet égard montrent quelle importance ont cette religion et ces cérémonies. Cicéron, des Lois, II , 22.
Elle fêtait un mort de la famille quelques jours après son décès. Elle était surtout destinée a enlevé la souillure apportée par la mort, c’était une fête qui devait purifier la famille du défunt ; on y offrait un bélier en sacrifice pour les Lares du foyer et une truie à Cérès. L’importance de ces jours de purification d’un deuil était telle qu’ils pouvaient être mis en avant pour ne pas se présenter devant un magistrat qui aurait lancé une convocation pour un acte juridique.
Ces jours de fête et de deuil se terminaient par un grand repas familial.
Strenae : - JANVIER
C’est de là que vient le mot français « étrennes ».
Fête qui se déroulait aux calendes de Janvier soit le premier Janvier c’est-à-dire le premier jour de la nouvelle année. On s’échangeait de menus cadeaux, par exemple de la petite monnaie. C’était une fête du dieu Janus et de la déesse Strenia (ou Salus), déesse de la vigueur. Elle avait un autel au sommet de la via sacra dans un bois sacré, dans ce bois, on coupait des branches qui étaient portées au Capitole. Dans les premiers temps de Rome, les Sabins, avec Titius Tatius, fêtaient les Laraires, à Rome, avec le sacrifice d’un porc.
Ce jour là, les deux consuls montaient au Capitole et y sacrifiaient des taureaux blancs pour souhaiter une année fastueuse à la République.
Votorum Nuncupatio ou Votum pro Salute Principis : - JANVIER
Fête qui se passait au Capitole le 3 Janvier. En présence de l’empereur et de tous les prêtres, des vœux pour lui et tous les membres de sa famille étaient prononcés. Des bœufs, aux cornes dorées, étaient sacrifiés.
Tous les historiens ne sont pas d’accord sur la date de cette fête. Quelques uns prétendent qu’il y a confusion avec une autre fête qui est évoquée aussi ici : les Strenae, les vœux pour la République auraient été remplacés par des souhaits en faveur de l’empereur.
Agonalia : (1) - JANVIER
Une des plus anciennes fêtes romaines, elle était célébrée plusieurs fois dans l'année.
" ...au sujet des Agonales; je note seulement que, dans nos Fastes, elles se représentent ici une seconde fois. " Ovide, fastes, V, 721. Sa création, comme bien d'autres, est attribuée à Numa Pompilius. (Macrob. Saturn. I, 4) Les anciens calendriers nous renseignent sur les dates où elle apparaissait dans l'année, le 9 janvier, (2)
" Les Agonalia du 9 janvier " Ovide, fastes, I, 317.
le 21 mai et le 11 décembre, probablement le 17 mars, date à laquelle, on célébrait aussi les liberalia qui prirent par la suite le nom de agoria ou agorium martiale. (Varr.L.L.VI, 14, ed. Müller kalendarium vaticanum) Les anciens, eux-mêmes, ne savaient plus ce qu'elle représentait.(3)
Mais comme Hartung l'a démontré (die religion der Römer, vol II), lorsque la victime offerte en sacrifice par le rex sacrificulus est un bélier et que cela se passe à la regia, (Varr.L.L.VI, 12.- Festus s.v. Agonioum)
" Ce qui n'est pas moins certain, c'est que le roi des sacrifices doit immoler aux dieux, non la brebis à la toison épaisse, mais le bélier, son époux. " Ovide, fastes, I, 333.
il n'y a aucune difficulté pour l'interprétation. Avec tous ces éléments en présence, nous avons affaire ici à quelque chose qui touche aux dieux les plus importants de la religion de l'Etat. En y regardant bien, on comprend pourquoi cette fête avait lieu plusieurs fois par an.
L'origine du nom est aussi un sujet de discorde chez les anciens, toutes celles proposées trouvent un écho chez Ovide. « D'autres, remarquant que la victime ne se présente pas spontanément, mais qu'on la conduit à l'autel, font dériver ce nom de cette action même; d'autres pensent que les Agonales s'appelaient agnales chez nos pères, et retranchent une lettre dans le mot; enfin, agonia n'exprimerait-il pas la frayeur qui saisit l'animal, quand, à travers l'eau des bassins, il voit briller le fer qui va lui donner la mort? Selon quelques-uns, ce jour porterait le nom grec des jeux auxquels se livraient nos ancêtres. Troupeau, dans le vieux langage, se disait agonia, et je ne reconnais pour vraie que cette dernière étymologie. » Ovide, fastes, I, 330.
Aucune d'entre elles, n'est totalement satisfaisante. Nous allons, donc, proposer la notre. Il est bien connu que le Quirinal, à l'origine, s'appelait agonus et le mont agonensis (Festus, s.v.agonium quirinalis ; comp. Dionys. II, 37). Pourquoi ne pas penser que le nom viendrait de cette colline Il est dit que le sacrifice se faisait à la regia ou à la domus regis qui était au sommet de la sacra via, près de l'arche de Titus (Becker, handbuch d. Röm. Alterh. Vol. I), mais dans des temps très anciens, selon un écrivain, la regia se trouvait sur le Quirinal (Solim. I, 21), cette déclaration rend presque certaine notre supposition (classical museum, vol. IV).
D'après des historiens modernes, le circus agonensis était là où se trouve maintenant la piazza Navona et aurait été construit par l'empereur Alexandre Sévère exactement à l'endroit où les victimes étaient sacrifiées aux agonalia (Becker ibid.), pourtant il a été dit qu'il n'y avait aucune raison pour que le circus agonensis ait cette dénomination.
- Ce texte a été librement traduit par mes soins du livre "A dictionary of Greek and Roman Antiquies" Londres 1875 de William Smith. La version anglo-saxonne est donnée sur le site de Lacus Curtius.
Note
(1) ou Agonium.
(2) Le 9 janvier est le jour où l'on sacrifie au dieu Janus.
(3) Pour Mai, on pense que l’on fêtait le dieu Mars sous son nom de Vediovis qui personnifie son coté protecteur.
Juturnalia ou Diuturna (comme l’a démontré Mommsen).- JANVIER
Fête qui se célèbre le 11 janvier et met à l’honneur les Fontani (ouvriers s’occupant de l’entretien des aqueducs et des fontaines). Elle se faisait sous la direction du préteur urbain et le patronage de la déesse Juturna (déesse des fontaines), elle venait de Lavinium, cité religieuse des Latins, La légende en faisait l’épouse de Janus (le dieu a deux têtes). Elle avait une source au Forum, ses eaux servaient durant les sacrifices mais son temple se trouvait au Champ de Mars. Il avait été construit par Lutatius Catulus qui en avait fait la promesse lors de la bataille des iles Egates (1ère guerre punique).
Cette fête tomba dans l’oubli à la fin de la République, jusqu’à ce qu’Auguste avec le concours d’Agrippa est fait construire l’Aqua Virgo, un des aqueducs qui alimentait Rome en eaux.
Carmentalia : JANVIER
Fête se passant sur deux jours, le 11 et le 15 de ce mois.
Elle se déroulait dans le temple de Carmentis ou Carmenta près de la porte Carmentalis, au sommet du Capitole.
…et la porte que les Romains nomment Carmentale, antique honneur accordé à la nymphe Carmenta, Virgile, Enéide, 8, 335.
On pénétrait dans le sanctuaire les pieds nus ou enveloppés de chaussettes car le cuir des chaussures provenait d’un animal mort et la mort ne devait pas y entrer. Ces deux jours étaient consacrés à la vénération de la déesse Carmenta, celle qui voyait dans l’avenir comme dans le passé, elle favorisait aussi les accouchements par ses chants (carmen, inis, n), c’est pour cela que son culte voyait venir à lui de nombreuses femmes.
Elle passait pour être la mère d’Evandre (un des héros légendaires des origines de Rome.), ayant le don de prophétie : …la prophétesse fatidique, qui fut la première à chanterla future grandeur des Énéades …Virgile, 8, 340. Virgile dit aussi que Romulus lui consacra un bosquet qui devint sacré près du sommet du Capitole.
Compitalia : FETE MOBILE
C’était une fête mobile (conceptivae feriae) dont la date était fixée par les magistrats des cités, par le préteur à Rome. Elle était en l’honneur des lares compitales, dieux des carrefours. Là, on y avait bâti des chapelles ou des autels pour les honorer. Elle était certainement très ancienne puisqu’on l’attribue au roi Servius Tullius, d’autres y voient la marque de Tarquin le Superbe :
…Tarquin le Superbe en l'honneur des Lares et de Mania, conformes à l'oracle d'Apollon, qui avait prescrit "d'intercéder pour les têtes avec des têtes". Et en effet, durant un certain temps l'on immola des enfants pour le salut des familles à la déesse Mania, mère des Lares; sacrifices, qu'après l'expulsion de Tarquin, le consul Iunius Brutus ordonna qu'on célébrât d'une autre manière. Il prescrivit, qu'au lieu de commettre le crime d'une sacrilège immolation, on offrit des têtes d'ail et de pavot, pour satisfaire l'oracle d'Apollon sur le mot tête. La coutume s'établit, lorsqu'une famille était menacée de quelque danger, de suspendre pour le conjurer, l'effigie de Mania devant la porte de la maison. Et comme c'était dans les carrefours qu'on célébrait des jeux en son honneur, ces jeux prirent de là le nom de "Compitalia". Macrobe, Saturnales, 1,7.
Elle prenait place au milieu de l’hiver, les paysans venaient aux carrefours pour déposer des jougs brisés, symboles de leurs travaux achevés. Elle était présidée par les magistrats de quartiers (vico magistri), et les servants étaient des esclaves et des affranchis réunis en collèges (collegia compitalicia).
…les quartiers de Rome eurent des curateurs pris parmi le peuple,… et à qui on accorda de porter, à certains jours, la prétexte et d'être précédés de deux licteurs dans les lieux ou ils exerçaient leur charge…Dion Cassius, LV, 8.
Auguste, après avoir supprimé ce culte, le rétablit en y joignant celui du « genius augusti », c’est-à-dire le sien qui fut célébré en Mai et en Aout.
Au Bas-Empire, on les trouve présentes en Janvier.
Caristia : ou CARA COGNATIO (précieuse parenté).FEVRIER
Cette fête, qui se déroulait le 22 Février, voyait les membres d’une même famille se réunir pour rendre hommage à leurs morts au cours d’un grand festin. Ce repas commençait par un sacrifice aux dieux protecteurs de la famille et se terminait le soir, la statue ces dieux était revêtue de tuniques et ainsi ils pouvaient participer aux agapes. C’était l’occasion de se réconcilier pour ceux qui avaient un contentieux avec des parents à eux. Cette fête terminait toute une série d’autres fêtes qui se passaient en Février et qui rendaient hommage aux ancêtres. Contrairement aux habitudes du calendrier romain, elle tombait un jour pair.
Elle continua à être célébrée lorsque l’Empire devint chrétien. Il fallut attendre le concile de Tours (567) pour qu’elle soit condamnée comme étant d’inspiration païenne.
Equarria : FEVRIER
Cette fête avait lieu deux fois dans l’année, une première fois le 27 février et ensuite le 14 mars. On dit qu’elle fut instituée par Romulus pour honorer le dieu Mars. Elle mettait en scène des courses de chevaux, certainement ceux qui allaient partir dans les légions. Mais, Ovide parle de courses de chars dans ses Fastes, II, 858. Cette fête guerrière avait lieu au Champs de Mars sauf quand le Tibre débordait et inondait l’endroit où elle se déroulait, elle était, alors, transférée sur le mont Caelius qui prenait le nom de Martialis Campus :
MARTIALIS CAMPUS. On appelle ainsi un emplacement sur le mont Coelius, parce qu'il était d'usage d'y célébrer les courses de chevaux, s'il arrivait que les eaux du Tibre couvrissent le Champ de Mars. Festus, M.
Quirinalia ou Stultorum Feriae (fête des fous) FEVRIER.
Cette fête se déroulait le 17 février en l’honneur du dieu Quirinus, certains historiens font une relation entre elle et Romulus, pour eux elle commémorerait la mort du premier roi de Rome. Elle se passait sur le mont Quirinal, là où était le temple du dieu, un des plus anciens de Rome. Certains historiens tendent à penser que, contrairement à l’idée reçut, cette fête n’est pas aussi ancienne qu’on le dit, elle ne semblerait pas être antérieure à la première guerre punique. La nature des festivités qui lui étaient liées nous est totalement inconnue.
Denier point à éclaircir : pourquoi fête des fous ? Parce que l’on croit que ceux qui assistaient à sa célébration étaient ceux qui ne connaissaient même pas à quelle curie ils appartenaient et qui avaient raté les
« Fornacalia »., de stultus, a, um = sot, qui n’a point de raison, insensé, fou. (Définition du « Gaffiot »).
Terminalia : Le 23 Février.
Il s’agissait d’apporter des louanges au dieu Teminus (dieu des bornes qui délimitent les propriétés individuelles, fils de Jupiter).
La fête consistait en une offrande de grains, de miel et un agneau ou un porc était sacrifié :
Lorsque le jour succédera à la nuit, célébrez le dieu qui fixe la borne de nos héritages. Pierre, ou vieux tronc d'arbre déterré, tu n'en as pas moins, ô Terme! la puissance d'un dieu. Deux voisins te couronnent sur la limite de leurs possessions ; tu reçois deux guirlandes et deux gâteaux sacrés…….la statue du Terme commun est arrosée du sang d'un agneau ; on peut y substituer une jeune truie… Ovide, Fastes, II.
un autel était érigé, une borne était fiché en terre, couronnée de guirlandes, l’image du dieu apparaitra plus tard dans l’histoire, tout cela était très rustique. Elle avait lieu sur la route de Laurentum, à la sixième borne milliaire (9 kms de Rome) ce qui correspondait à la limite de la Ville à sa fondation dans cette direction.
La date à laquelle elle prenait place était le jour de la fin de l’année romaine, certains historiens en ont conclu que son nom viendrait de là.
…fêtes du dernier jour de l'année; car le douzième mois était février, dont on retranchait les cinq derniers jours dans les années bissextiles, pour former un mois intercalaire. Varron, De la langue latine, 6, 13
Matronalia : - MARS
---- "Les femmes d'Amphissa" d'Alma Tadema, 1887.
Fête considérée comme comme l’ancêtre de la Fête des Mère, elle se déroulait le 1er Mars. Ce jour là, après avoir reçu des cadeaux de leur mari, les matrones se rendaient au temple de Juno Lucina (déesse qui veille sur les accouchements, déesse de la lumière) sur l’Esquilin, la tête ceinte de guirlandes de fleurs pour déposer des bouquets sur l’autel de la déesse
Ovide, dans les Fastes, fait un rapprochement entre le 1er Mars et le renouveau du au printemps, ce renouveau étant l’accouchement. A cette date, l’accès au temple de Juno est interdit à toute femme non mariée, les Vestales coupaient leurs cheveux pour en faire offrande à la déesse, les femmes enceintes les déliaient alors qu’une matrone, hors de chez elle, se devait de les avoir toujours impeccablement bien peignés.
La légende attribut sa fondation à Titius Tatius, roi des Sabins, en souvenir de l’enlèvement des Sabines et de leur intervention pour éviter une guerre entre Sabins et Romains, cette fête rappellerait la réconciliation des deux peuples. En fait, elle daterait du V ° siècle avant J.C.
Liberalia : - MARS
Cette fête se célèbre le 17 mars. Elle met en avant le dieu Liber Pater (qui assure la fertilité des champs) et la déesse Libera. On dit aussi que c’est la fête de Dionysos/Bacchus :
Le troisième jour après les Ides est consacré à Bacchus; inspire donc le poète, ô Bacchus! C'est la fête que je vais chanter. Ovide, 3, 712.
C'est de ton nom de Liber qu'on appelle liba et libamina les prémices offertes depuis, à ton exemple, sur les autels des dieux. Ovide, 3, 730.
Cette fête était une des plus anciennes de Rome, on la faisait remonter au roi Numa.
D’après Ovide (fastes, 3, 765 et suivants), on y voyait des vielles femmes couronnées de lierre qui vendaient des gâteaux, elles en prenaient un petit morceau qu’elles offraient au dieu Liber Pater.
Ces liba, ou gâteaux, sont présentés à Bacchus parce qu'il aime les sucs doux, et qu'on lui attribue la découverte du miel. Ovide, 3, 740.
C’était le jour où les jeunes garçons abandonnait la bulla et prenait la toge virile.
Quinquatrus : 19 MARS Quinquatres, Quinquatria, Quinquatriae = autres appellations que l’on trouve chez les auteurs anciens. Cette fête était en l’honneur de la déesse Minerve, de sa naissance qui, selon Varron, se déroula le cinquième jour des ides du mois de Mars, d’où le nom. On peut penser qu’à l’origine cette fête saluait l’arrivée de printemps. Sa durée était de cinq jours, le premier jour voyait les intellectuels qui allaient prier dans le temple de la déesse, sur l’Aventin, les trois jours suivants étaient consacrés à des combats de gladiateurs, le dernier jour (tibulustrium) voyait les trompettes utilisées pour célébrer des actes religieux être purifiées.
Ovide en a parlé, il a fait de cette fête une description détaillée. (Fastes, livre 3, 809 et suivants).
Cette fête coïncidait avec la rentrée des classes (calendrier romain) ce qui en fit, en plus de Minerve, celle des écoliers et de leurs maitres. Les professeurs faisaient des offrandes à la déesse pour qu’elle favorise leurs travaux.
Floralia : (ludi florales) Avril le 28.
On pourrait croire que c’est un appel au printemps.
Ce sont des jeux institués par le roi Titius Tatius (roi avec Romulus) pour fêter la déesse Flore (déesse des fleurs et de la floraison) aussi nommée Chloris par Ovide.
Les Romains ont aussi institué au 4 des calendes de mai (le 28 avril) les Floralia, l'an 516 de Rome, d'après les oracles de la Sybille, afin que la floraison s'achevât heureusement. Pline l’Ancien, H. N., 18, 69.
Cette fête cessa bien vite mais fut rétablie en 173 avant J.C. après des intempéries lors de l’hiver, elle devait durer 5 jours. Elle se déroulait dans un temple, à ses débuts, situé sur le Quirinal. Elle comportait des mimes, des représentations théâtrales d’une grande obscénité, on lâchait, pour les poursuivre, des lièvres et des chèvres, animaux connus pour leur érotisme.
Une deuxième interprétation de l’origine de cette fête, bien qu’elle soit réfutée par les historiens, veut qu’elle soit l’expression de la volonté d’une riche courtisane qui, en échange du legs de tous ses biens à Rome, voulut la création de festivités pour marquer le jour de sa naissance cela expliquerait que ce jour soit aussi la fête des courtisanes :
Puisque tu connaissais tes doux sacrifices, les jeux lascifs des fêtes de la folâtre Flore, et les goûts licencieux du public, pourquoi, sévère Caton, es-tu venu au théâtre? N'était-ce que pour en sortir? Martial, 1, 1.
Fordicidia : ou FORDICALIA -AVRIL
Cette fête se célébrait le 15 Avril en l’honneur de Tellus (déesse de la terre) ou Terra Mater. Elle est certainement l’une des plus anciennes de la religion romaine. Elle aurait été instaurée par le roi Numa Pompilius Cette fête agraire servait d’introduction aux Parilia, autre fête des récoltes, du 21 Avril. On y immolait une vache pleine, ce sacrifice symbolisait la fécondité de la terre et marquait le souhait d’une grande prospérité pour les récoltes à venir. Les embryons que portaient ces vaches étaient brûlés par la Vestalis Maxima (la plus ancienne des Vestales), les cendres étaient alors mêlées au sang du Cheval d’Octobre (idée réfutée par G. Dumézil) pour servir à la purification des participants aux Parilia qui se déroulaient peu après. On sacrifiait une vache par curie (division politique du peuple), soit 30.
Robigalia : de robigo = la rouille. Dans « les Fastes », Ovide l’appelle « Rovigo ». AVRIL
Fête qui se tenait le 25 Avril en l’honneur du dieu Robigus (dieu protecteur des céréales)), Mommsen l’identifie à Mars Rustique. C’est le flamen Quirinalis qui officiait, flamine majeur. Elle commençait par une procession qui allait de la Ville au locus Robigi ((bois sacré). Verrius Flaccus (grammairien de l’époque d’Auguste et de Tibère) situe ce bosquet le long de la Via Claudia. Cette fête voyait le sacrifice d’un chien et certains auteurs anciens y ajoutaient un mouton. Elle était parmi d’autres, le symbole de la vénération que portaient les Romains, à l’origine peuple d’agriculteurs, à la terre nourricière et en particulier au printemps. Elle se passait lorsque le blé était en fleur et allait devenir un épi.
Mais revenons à cette fête : le chien sacrifié devait être fauve, couleur de la rouille. En plus du sacrifice d’animaux, on brûlait de l’encens et on buvait du vin. Elle était l’occasion de voir des couses de jeunes gens et d’enfants.
Rosalia signorum : Mai fête militaire
Ces festivités militaires se déroulaient entre le 9 et le 11 mai. C’était une des fêtes principales de la vie des camps bordant les limes et autres. Elle consistait à sortir les enseignes (signa) de leur sanctuaire (sacellum) qui était construit dans l’enceinte même d’un camp de la légion, en son centre, c’est la première chose qui est faite, ce qui montre bien l’importance essentielle de ces objets :
Dès que le camp est retranché, on commence par y piquer les enseignes, afin de les mettre en sûreté, comme tout ce qu'il y a de plus respectable pour le soldat. Végèce, III, 8.
Ces enseignes étaient nettoyées, entourées de rubans et ornées de couronnes de roses, d’où le nom de la fêtes, elles étaient plantées au centre du camp. Elles étaient purifiées pour augmenter leurs pouvoirs qui étaient une grande force de cohésions pour les légionnaires. Cette fête, célébrée dans un camp de la légion, faisait se souvenir des hommes tombés au combat.
Ludi Piscatorii - JUIN
Le 7 juin se célébrait la fête des pécheurs qui lançaient leurs filets dans le Tibre. Cette fête était conduite par le préteur urbain.
Ce jour là, tous les poissons pêchés par eux étaient sacrifiés par le feu dans le temple de Vulcain, au pied du Capitole.
Cette fête était liée avec l’adoration de Vulcain (dieu du feu et des volcans) et du Tibre par les pécheurs qui se manifestait par l’intervention du feu dans les sacrifices de poissons et pour le Tibre, ils voyaient qu’on se servait de son eau pour éteindre les incendies de Rome.
Opiconsivia : 25 AOUT
Date qui fait tomber cette fête après la moisson. Elle célébrait la déesse OPS, patronne de l’abondance, de la prospérité, en fait de « l’activité productrice » selon les termes d’A. Ernout. Elle est à mettre en relation avec l’OPALIA (description présente sur ce site) qui, toutes deux, se déroulait en rendant hommage à la déesse. Il faut la placer en relation avec CONSUS qui était le dieu des céréales poussant dans la terre, c’est à dire, le dieu de dessous la terre. Elle était considérée comme régnant sur le monde souterrain en prêtant attention, comme lui, aux racines des plantes comestibles.
Armilustrium : - OCTOBRE
C’était une fête consacrée au dieu de la guerre, Mars. Elle se déroulait le 19 Octobre. Elle était destinée à purifier les armes après les campagnes de printemps et d’été. Pourquoi en Octobre ? Parce que, comme pour la marine, durant l’hiver les troupes se retrouvaient dans leurs cantonnements ou étaient démobilisées, suivant la date à laquelle on se place. La mer était fermée d’Octobre à Mars et on ne pouvait déclencher une guerre durant ces mois là.
A cette date, les troupes étaient passées en revue dans le Circus Maximus, le public jetait des pétales de fleurs sur les légionnaires qui défilaient puis elles étaient conduites par les Saliens (prêtres de Mars) sur l’Aventin, à l’endroit où l’on disait que Titus Tatius avait été enterré.
Romulus emporta le corps de Tatius, lui fit des obsèques convenables à son rang, et l’enterra sur le mont Aventin, près du lieu appelé Armilustrium. Plutarque, Romulus, 23.
Les Saliens présidaient à une procession qui se faisait à la lueur des torches et ils faisaient de nombreux sacrifices au son des trompettes.
Juvenalia : OCTOBRE
Fête qui avait lieu le 18 octobre. Néron la créa en 58 après J.C. pour commémorer son premier rasage et l’offrande de sa barbe à Jupiter Capitolin. Elle fut surtout instaurée pour satisfaire les gouts dévoyés de l’empereur. Ces jeux furent d’abord donnés pour un petit nombre de courtisans de Néron. Des hauts personnages de l’empire ainsi que des femmes furent contraints de paraitre et de s’exhiber sur la scène d’un théâtre, Dion Cassius rapporte qu’une matrone de plus de quatre vingt ans dansa à ces jeux, puis la fête fut publique.
Auparavant, Caligula avait ajouté une journée à la fête des « saturnales » qui s’appelait « juvenalis ». Plus tard, on ajouta, aux jeux scéniques de Néron, des combats de bêtes sauvages des courses de chars ; ces jeux furent transférés au 1er Janvier.
Damia : --DECEMBRE
Fête se déroulant le 3 Décembre et provenant des premières années de la République, elle célébrait une déesse grecque de la fertilité (Damia) que les Romains avaient assimilé à « Bona Dea » (Cybèle). Comme la déesse romaine, son culte était interdit aux hommes puisqu’elle était la déesse de la féminité. Il était célébré une fois l’an par une Vestale qui sacrifiait une truie, toute l’année, une prêtresse était à son service : la « Diamatrix ».
Opalia = 19 Décembre.
Cette fête prenait place après les semailles d’automne, elle était très ancienne, elle était déjà référencée dans le calendrier lunaire, ce n’est qu’en 217 avant J.C. qu’elle tombera un jour fixe. Elle était placée sous l’influence du dieu Saturne qui, dans la religion agraire des anciens Romains, était le dieu des semailles. En fait, elle célébrait Ops que l’on croyait son épouse, elle était la déesse de l’abondance. Elle est à mettre en parallèle avec les Opiconsivia (présentes sur ce site) qui, elles aussi, rendaient hommage à Ops.
Divalia ou Angeronalia : 21 Décembre.
Cette fête tombait au moment de l’année qui voyait la journée commencer de grandir. C’est à cette occasion que certains historiens ont vu des réjouissances pour l’avènement d’une nouvelle année (solstice d’hiver qui marque la nuit la plus longue de l’année puis voyait le renouveau à la nuit suivante). Elle se déroulait en l’honneur de la déesse Angerona dans le temple de Volupia car elle n’avait de lieu de culte propre à elle. Les pontifes, qui la vénéraient, se contentaient de mettre sa statue sur l’autel de ce bâtiment. Elle était représentée l’index devant la bouche fermée ou avec un bâillon ce qui faisait d’elle la déesse du silence, d’où la pensée de certains auteurs qu’elle connaissait le nom secret de Rome, celui qu’il ne fallait jamais prononcer.
Larentalia ou Larentinalia DECEMBRE
Cette fête se déroulait le 23 Décembre de chaque année. Puis Auguste voulut qu’elle eut lieu 2 fois par an. Comme pour les autres fêtes, elle commençait par un sacrifice, celui-ci se faisait à l’endroit où l’on pensait que Laurentia (la nourrice des jumeaux Romulus et Rémus) avait été enterrée, au Vélabre, près de la porte Romanula, à l’extérieure de la ville (rappelons qu’aucune tombe ne devait se trouver à l’intérieur du Pomerium).
D’aucuns ont vu dans cette fêtes un hommage aux Lares de la famille, c’est-à-dire aux divinités de la maison, d’autres, et ils sont en majorité, ont fait référence à Acca Laurentia, la femme qui aurait élevé Romulus et Rémus, la femme du berger Faustulus, peut-être une prostituée ?
A SUIVRE