Fétiaux ou Féciaux = Fetiales

Il y a tellement d'explications différents pour expliquer ce mot que je me bornerai à une citation de Festus  :

«  Les fériaux étaient ainsi nommés de ferire : ils avaient en effet le droit de faire la guerre et la paix.  »

Ces prêtres au nombre de vingt constituaient une sodalité ( sodalis = camarade, ami, compagnon). C'est un collège religieux qui du temps de la République était rangé dans une masse de quatre.

+ les Luperques.

+ les frères Arvales.

+ les Saliens.

+ les Fétiaux.

Chacune ne se consacrait qu'à un rituel et seulement à un seul, faisant appel à un dieu (Jupiter Férétrien pour les féciaux),

--- à Jupiter (etThetis) Ingres, 1811.

elles procédaient au renouvellement de ses membres par cooptation et en faire parti ne faisait pas automatiquement du nouveau membre un magistrat, nul besoin d'élections, nul besoin d'une sanction populaire.

Pour en revenir aux fétiaux,

« Les féciaux sont ainsi appelés parce qu'ils présidaient à la foi publique entre les nations, comme arbitres de la guerre et de le paix. Avant la déclaration de guerre, des féciaux étaient députés pour demander satisfaction; et c'est encore aujourd'hui par eux que se conclut le traité de paix, foedus , qui, suivant Ennius, se prononçait fidus . » Varron, De Lingua Latina, V, 86.

on peut dire que leur rôle principal était d'enregistrer un traité de paix ou de déclarer la guerre, tout ce qu'ils avaient à faire était d'accomplir un rite religieux qui officialisait une décision des magistrats supérieurs et du Sénat. Ce collège fut crée par le roi Numa Pompilius selon la tradition,

«  Entre plusieurs autres collèges de prêtres établis par Numa, je n'en citerai que deux, celui des saliens et celui des féciaux, parce qu'ils prouvent le plus la piété de ce prince. Les féciaux me paraissent être les mêmes que les conservateurs de la paix chez les Grecs. » Plutarque, Numa, 12, 4-8.

Ou par d'autres, pour Tite Live, c'est Ancus Marcius, « Il voulut qu'un rite particulier fût consacré à la guerre, pour les formes à observer tant dans la conduite que dans la déclaration des hostilités. Il emprunta aux Équicoles, ancien peuple de l'Italie, beaucoup de leurs usages; ce sont les mêmes qu'observent encore aujourd'hui les féciaux dans leurs réclamations. » Tite Live, I, 32.

pour Cicéron, c'est Tullius Hostilius « On lui doit les formes légales des déclarations de guerre, et le droit sacré des féciaux, qui sanctionna cette institution si parfaitement juste; toute guerre qui n'avait point été déclarée suivant ces formalités fut réputée dès lors injuste et sacrilège. » Cicéron, De Republica, 2-17.

Tableau de sir Alma Tadema

En fait, chaque roi apporta une nouveauté dans la sacralisation de la guerre. Ils étaient les ambassadeurs de Rome, Danielle Porte dans son livre « Le Prêtre à Rome » parlent d'eux comme les représentants et les traducteurs de la guerre civilisée, comme tels ils donnaient une dimension religieuse aux relations internationales, comme tels ils étaient inviolables. Ils étaient pris au sein de l'aristocratie, c'est la version de Daremberg et Sagglio dans leur dictionnaire mais Mommsen pensait le contraire. Ce sont eux qui étaient chargés de conserver les traités de paix ; pour lui apporter toutes les dimensions religieuses, ils se devaient de procéder à un sacrifice et l'on égorgeait un porc avec un silex, cette pierre était censée représenter la pensée de Jupiter qui pouvait frapper quiconque s'y mettrait en travers.

Lors d'une déclaration de guerre, ils devaient se rendre jusqu'à la frontière de l'adversaire sous la conduite de leur chef : le pater patratus, lui-même suivi d'un compagnon : le verbarius qui était porteur de l'herbe de l'herbe sacrée ( sagmina ),

« Le fécial, arrivé sur les frontières du peuple agresseur, se couvre la tête d'un voile de laine et dit : "Écoute, Jupiter; écoutez, habitants des frontières (et il nomme le peuple auquel elles appartiennent); écoute aussi, Justice : je suis le héraut du peuple romain; je viens chargé par lui d'une mission juste et pieuse; qu'on ajoute foi à mes paroles." Il expose ensuite ses griefs; puis, attestant Jupiter, il continue : "Si moi, le héraut du peuple romain, j'outrage les lois de la justice et de la religion, en demandant la restitution de ces hommes et de ces choses, ne permets pas que je puisse jamais revoir ma patrie." Cette formule, il la dit en franchissant la frontière, il la dit au premier homme qu'il rencontre, il la dit en entrant dans la ville ennemie, il la dit encore à son arrivée sur la place publique; mais en faisant de légers changements soit au rythme, soit aux termes du serment. S'il n'obtient pas satisfaction, après trente-trois jours, délai prescrit solennellement, il déclare ainsi la guerre : "Écoute, Jupiter, et toi, Janus Quirinus, et vous tous, dieux du ciel, de la terre et de l'enfer, écoutez : Je vous prends à témoin de l'injustice de ce peuple (et il le nomme) et de son refus de restituer ce qui n'est point à lui. Au reste, les vieillards de ma patrie délibéreront sur les moyens de reconquérir nos droits."… L'usage était alors que le fécial portât aux frontières du peuple ennemi, un javelot ferré, ou un pieu en cornouiller durci au feu. Là, en présence de trois adultes au moins, il disait : "Puisque les peuples des Anciens Latins ou les citoyens des Anciens Latins ont agi contre le peuple romain des Quirites, et failli envers lui, le peuple romain des Quirites a ordonné la guerre » Tite Live, I, 32.

ce devait être de la verveine, elle était cueillie sur le Capitole et devait avoir des racines entourées de terre qui rappelait la mère patrie dans la marche vers l'ennemi, elle leur était remise par le roi à l'origine puis, lorsque la royauté fut abolit, par un des consuls, arrivés à la frontière du territoire ennemi, le pater patratus jetait une lance en présence de trois témoins pubères, ce javelot devait être en cornouiller rouge (sanglant ?). Il y avait 33 jours de délai entre le moment de la déclaration de guerre et la demande qui la motivait. Voilà résumé le texte de Tite Live dont il n'y a ci-dessus que des extraits, une dernière précision à donner : le nom de la cérémonie d'entrée en guerre : la clarigatio. Il ne pouvait s'agir que de guerres justes ( bellum justum ), de spoliations ou d'agression, voilà pourquoi Rome donnait un délai avant de provoquer un conflit. Tous les prétextes furent bons pour être l'agressé.

(Discours d'un Samnite) « … cette paix, vous la rompez, et toujours vous colorez votre mauvaise foi de quelque semblant de justice….Et, pour manquer à leur foi, des vieillards, des personnages consulaires, cherchent de pareils détours, à peine dignes de petits enfants? » Tite Live, IX, 11.

L'ancien rituel s'altéra bien vite et une colonne près du temple de Bellone figura l'endroit d'où l'on lançait le javelot vers le territoire ennemi :

« Au-devant du temple, il est une place peu spacieuse d'où l'on aperçoit l'extrémité du Cirque; là s'élève une colonne, petite, mais d'un grand renom, d'où la main du fécial lance le javelot précurseur de la guerre, quand on a décidé de prendre les armes contre les rois et les nations. » Ovide, Fastes, 201-208.

c'est ainsi que procéda Auguste pour déclarer la guerre à Cléopâtre (32 avant J.C.). On sait qu'il essaya de rétablir les coutumes ancestrales des Quirites en particulier la religion, c'est certainement ce qui le poussa à rétablir un vieux rite pour entrer en guerre contre l'Egypte.

On ne sait pas ce qu'ils devinrent sous l'empire bien qu'Auguste est ressuscité toutes les sodalités qui avaient toutes disparues.

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