Tumultus : Etat d'alerte
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Tumultus est le nom donné à un évènement guerrier alarmant, à une guerre dangereuse se passant en Italie ou en Gaule Cisalpine.
Le mot devait être, suivant les anciens, une contraction de Timor Multus ( tumultus dictus, quasi timor multus ) disait Cicéron.
Quelques fois, il fut donné à d'autres guerres qui se déroulaient ailleurs : enfin, que s'il y avait tumulte en Espagne, on autorisait le préteur à faire des levées extraordinaires hors de l'Italie. L'intention du sénat était qu'elles eussent lieu en Espagne. Tite Live, XXXV, 2. mais alors, comme Cicéron, on peut dire que ce n'était pas le sens correct de cette expression. Toujours dans le même passage, Cicéron dit qu'on peut être en état de guerre sans proclamer un tumutus mais qu'il ne peut y avoir de tumultus sans guerre (Cic. Phil. VIII, 1). Ce mot peut aussi s'appliquer à une grande inquiétude causée par la guerre : « …les Sabins jetèrent l'alarme dans Rome : ce fut plutôt une alerte qu'une guerre. » Tite-Live, II, 26.
Cette crainte peut avoir été disproportionnée au regard de la guerre qui l'avait générée. Lorsqu'un tel état était déclaré, il y avait arrêt de toute activité ( justitium ) et tous les citoyens (1) devaient s'enrôler dans les rangs de l'armée sans qu'il y ait d'exception ( vacationes ) :
« Cependant les soldats des légions urbaines se présentaient en foule chez les tribuns du peuple, pour faire valoir auprès d'eux les droits que leurs services complets ou leurs infirmités leur donnaient à être dispensés de partir. Mais une dépêche de Ti. Sempronius coupa court à leurs réclamations. Il écrivait que dix mille Ligures étaient entrés sur le territoire de Plaisance et l'avaient mis à feu et à sang jusqu'aux murs de la colonie et jusqu'aux rives du Pô; que les Boïens aussi étaient sur le point de se soulever. À cette nouvelle, le sénat décréta qu'il y avait tumulte et qu'il n'autorisait pas les tribuns à s'occuper des motifs d'exemption que présentaient les soldats. » Tite Live, XXXIV, 56.
Comme on n'avait pas le temps pour enrôler les soldats à la manière habituelle, le magistrat désigné pour prendre le commandement de l'armée disposait de deux étendarts ( vexilla ) que l'on devait hisser au sommet du Capitole. L'un était rouge pour rassembler l'infanterie, l'autre vert pour la cavalerie. Il disait alors : "Qui rempublicam salvam vult, me sequatur." Ceux qui étaient rassemblés prononçaient ensemble le serment militaire au lieu de le faire un par un. D'où leur surnom de conjurati et de conjuratio pour le service qu'il effectuait. Ces soldats ainsi recrutés s'appelaient des Tumultuarii ou des Subitarii : « …nouvelle d'une attaque nocturne des Èques sur Corbion, et de l'enlèvement de la garnison. Les consuls convoquent le sénat, qui leur prescrit de lever une armée de "subitaires"…, » Tite Live, III, 30.
TUMULTUARII MILITES . On appelle soldats tumultuaires ceux qui sont levés sous l'empire d'une terreur soudaine; d'où, selon Verrius, vient aussi le mot tumulte, parce que le tumulte n'a pas d'autre cause que l'attaque imprévue des peuples d'Italie ou de Gaule qui menace l'Italie, de sorte qu'on ne connaissait pas d'autre tumulte que le tumulte gaulois et le tumulte domestique. FESTUS
(1) « Cette dévastation du territoire campanien avait causé à Rome un trouble profond et par hasard, durant ces mêmes jours, on y avait, d'Étrurie, apporté la nouvelle qu'après le départ de l'armée de Volumnius, l'Étrurie avait été appelée aux armes, et que Gellius Egnatius, général des Samnites, poussait les Ombriens à la défection et offrait aux Gaulois des sommes considérables pour les séduire. Ces nouvelles épouvantèrent le sénat, qui fit proclamer une suspension des affaires et enrôler des hommes de toutes sortes. Non seulement les hommes libres et les mobilisables durent prêter serment, mais on forma des cohortes d'hommes âgés, et des centuries d'affranchis. » Tite Live, X, 21.