Circus Maximus

Circus Maximus :

La tradition rapporte que c'est, peut-etre, durant la célébration du culte du dieu Consus (dieu de l'agriculture) lors d'une course de chevaux, que le rapt des Sabines eut lieu. Cette fete religieuse (consualia) avait attiré les peuplades qui vivaient près de Rome. Elle se serait déroulé dans une vallée (vallée murcienne) où serpentait une rivière entre l'Aventin et le Palatin, endroit où devait s'élever le Grand Cirque.

" Ce fut quatre mois après la fondation de Rome que Romulus, selon Fabius Pictor, exécuta l'entreprise hardie de l'enlèvement des Sabines…Il fit d'abord répandre le bruit qu'il avait découvert sous terre l'autel d'un dieu nommé Consus … D'autres veulent que ce dieu soit Neptune Équestre. Cet autel, placé dans le grand cirque, reste toujours couvert, excepté dans les temps des jeux où l'on fait des courses de chevaux…Lorsque cette découverte fut assez connue, il fit publier qu'à certain jour il ferait un sacrifice solennel, suivi de spectacles et de jeux. On s'y rendit en foule de toutes parts. Romulus, vetu de pourpre et entouré des principaux citoyens, était assis dans le lieu le plus élevé. Il avait donné pour signal le geste, qu'il ferait en se levant, de prendre les pans de sa robe et de s'en envelopper. Ses soldats armés tenaient les yeux fixés sur lui. Le signal est à peine donné, que, tirant leurs épées, ils s'élancent au milieu de la foule en jetant de grands cris, enlèvent les filles des Sabins, et laissent ceux-ci s'enfuir sans les poursuivre. " Plutarque, Romulus, 14.

--- > Bague représentant le Cirque, London Muséum.

Sa construction daterait du VIème siècle sous le cinquième roi de Rome, Tarquin l'Ancien.

" Ce fut alors qu'il traça l'enceinte, appelée aujourd'hui le grand Cirque. Il destina des places particulières aux sénateurs et aux chevaliers, et chacun d'eux y fit construire des loges, soutenues sur des échafauds de douze pieds de hauteur, et qu'on nomma Fori. Les jeux étaient des courses de chevaux et des combats d'athlètes dont les acteurs étaient tirés la plupart de l'Étrurie. Ils devinrent annuels; on les appela tantôt les Grands Jeux, tantôt les Jeux Romains. " Tite Live, I, 35

A l'origine, il n'y avait aucune construction, seulement une piste sablée autour de laquelle les spectateurs s'assemblaient et s'asseyaient comme ils le pouvaient sur les pentes de la colline qui entourait ce qui allait devenir le Cirque, sauf les sénateurs et les chevaliers qui avaient des loges et des gradins en bois (fori). En 329 avant J.C., comme le raconte Tite Live, les premières constructions commencèrent ; on édifia des enclos pour le départ des chevaux (carceres) en bois peint, puis, par la volonté des censeurs Q. Fulvius Flaccus et A. Postumius Albinus, ils furent reconstruits en dur.

" …pour les Jeux du cirque, on installa des cages avec des barreaux de fer et des oeufs pour compter les tours dans les courses de chars. " Tite Live, XLI, 27. trad. A. Flobert.

puis l'empereur Claude les rebattit en marbre.

" Il orna le grand cirque de barrières de marbre et de bornes dorées, tandis qu'elles étaient autrefois de bois ou de mauvaise pierre. " Suétone, Claude, 21.

Ces carceres d'où l'on donnait le départ des courses étaient en ligne courbée de façon à ce que la distance, jusqu'à un côté de la spina soit le meme pour tous.

--- > Plan tiré de l'ouvrage de William Smith " A Dictionary of Greek and Roman Antiquities " 1875.

B= Pulvinar

A= Cavea

E= Metae

D= Spina

F= Colonne supportant les oeufs qui déterminaient le nombre de tour restant.

G= Emplacement des dauphins de bronze.

L= Porta Pompa

I= Tours qui encadraient les carceres.

O= Porta triumphalis

A chacune de leur extrémité, on trouvait des tours et des murs d'enceinte qui faisaient penser à une ville fortifiée, d'où le nom d'oppidum que l'on rencontre quelquefois. Mais revenons au temps des censeurs, Flaccus et Albinus, ils firent mettre (comme on l'a vu dans le texte de Tite Live) 7 gros oeufs de bois pour déterminer le nombre de tours de piste restant à courir (à chaque tour un oeuf était expédié à terre du haut de la tour qui les supportait). Ils furent placés entre les colonnes qui décoraient l'arete centrale (spina), séparant la piste en deux parties. Ils furent remanier par César et en 33 avant J.C., Agrippa leur ajouta 7 dauphins de bronze. Sur cette spina, qui n'était, à l'origine, qu'une levée de terre, donc au centre, on pouvait voir deux autels, l'un consacré à Consus, l'autre à Murcia (divinité du ruisseau autour duquel fut construit le Cirque) et deux obélisques, le deuxième ayant été ajouté au Bas-Empire par l'empereur Constantin II en 357 après J.C. (obélisque de Thoutmosis III, de Thèbes), le premier fut installé par Auguste, en 10 avant J.C. qui le ramena d'Héliopolis (obélisque de Ramses II car elle racontait ses exploits), il le dédia au Soleil. Touts deux furent transportés et installés en 1587, pour celui d'Auguste sur la piazza del populo et pour celui de Constantin II sur la place St Jean de Latran. La spina était terminée à ses deux extrémités par des bornes dorées (metae) qui marquaient l'endroit où devaient tourner les chars. Après avoir fait faire des travaux, en 31 avant J.C., suite à un incendie, Auguste ajouta le pulvinar qui servait de loge impériale et où étaient placées les représentations des dieux qui avaient participés au défilé (pompa) qui précédait l'ouverture des jeux.

--- > Pulvinar

Quoiqu'il servit en premier pour les courses de chars dont les Romains raffolaient, de nombreuses autres manifestations s'y déroulèrent : spectacles athlétiques, combats de gladiateurs, venationes ; c'est au cours de l'une d'elle, pour la dédicace du temple de Venus Victix où Pompée fit combattre 20 éléphants que ces animaux détruisirent la palissade qui était censée protéger les spectateurs contre la fureur des animaux sauvages, César la fit reconstruire, Néron la fit enlever pour augmenter le nombre de places réservées aux chevaliers mais il la fit replacer plus loin, agrémentée de barreaux de bois recouverts d'ivoire pour que les bêtes ne puissent s'y agripper.

C'est dans des passages en bois qui se trouvaient tout autour du Cirque où l'on pouvait trouver différentes échoppes que le feu pris en 64 après J.C. (incendie de sinistre mémoire puisqu'il détruisit les deux tiers de Rome) sous le règne de Néron.

" Le hasard, ou peut-etre un coup secret du prince (car l'une et l'autre opinion a ses autorités), causa le plus grand et le plus horrible désastre que Rome eût jamais éprouvé de la violence des flammes. Le feu prit d'abord à la partie du Cirque qui tient au mont Palatin et au mont Caelius. Là, des boutiques remplies de marchandises combustibles lui fournirent un aliment, et l'incendie, violent dès sa naissance et chassé par le vent, eut bientôt enveloppé toute la longueur du Cirque; car cet espace ne contenait ni maisons protégées par un enclos, ni temples ceints de murs, ni rien enfin qui pût en retarder les progrès. Le feu vole et s'étend, ravageant d'abord les lieux bas, puis s'élançant sur les hauteurs, puis redescendant, si rapide que le mal devançait tous les remèdes, et favorisé d'ailleurs par les chemins étroits et tortueux, les rues sans alignement de la Rome d'autrefois. " Tacite, Annales XV, 38.

Néron le fit reconstruire et lorsqu'il revint de Grèce, le traversa lors d'une procession solennelle.

La cavea qui recevait les spectateurs était soutenue par trois niveaux d'arches.

--- > Dessin de G. Gatteschi, 1913.

Il semble que se soit sous le règne de Trajan que le Cirque atteignit ses plus grandes dimensions. Sous cet empereur, seul le dernier étage était construit en bois, il avait tout reconstruit en pierre et en béton (une nouveauté pour l'époque)Dans sa plus grande extension, il mesurait 600 mètres de long sur 200 mètres de large. Sa capacité variait, suivant les auteurs et suivant la période considérée, entre 150.000 et 380.000 personnes.

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