Les Sept Collines de Rome

Les sept collines de Rome :

Aventin, Caelius, Capitole, Esquilin, Palatin, Quirinal, Viminal ; tels sont déterminés les noms des collines qui figurent le site de la ville de Rome que l'on appelle aussi " la ville aux sept collines " ou Septimontium (mais, en fait, le Septimontium ne serait que composé que des trois sommets du Palatin, des trois de l'Esquilin et du mont Caelius). Suivant les archéologues, la ville primitive n'était qu'une série de petits villages installés sur sept collines. Au milieu d'elles, plus exactement entre le Quirinal et le Palatin, il y avait non pas un ruisseau mais un cours d'eau important dont les crues s'élevaient à dix mètres au dessus de ce qui sera plus tard le Forum (Xème siècle avant J.C.). Sous la royauté, la Ville fut divisé en quatre régions.

Aventin :

Colline située au Sud de la ville qui avait une forêt très épaisse dont parle Virgile qui était très savant sur les traditions romaines ; Ovide en fait mention " Cacus, la terreur et la honte des forêts de l'Aventin " (fastes, I, 551) ainsi que Denys d'Halicarnasse qui parle en particulier de lauriers (III, 4). On y trouvait également de nombreuses sources " On conte que sur le mont Aventin, qui n'était pas encore renfermé dans l'enceinte de Rome, ni même habité, mais qui avait des sources abondantes et des bois touffus… " Plutarque, Numa, 15.

A l'origine, c'était un quartier populaire et sous l'empire, il fut résidentiel, Trajan y vécut, sa proximité du Tibre en fit un lieu favorable à l'établissement d'un port et d'un entrepôt. D'après les légendes de la fondation de Rome, c'est sur cette colline que s'installa Remus pour voir passer des vautours et ainsi déterminer qui de Romulus ou de lui serait roi de la nouvelle ville. Lui en vit six tandis que son frère, posté sur le Palatin en vit passer douze. La légende raconte encore que les dieux rustiques Pictus et Faunus y demeurèrent. C'est aussi là que la plèbe en révolte contre les patriciens vint se réfugier, c'est une des explications avancées pour identifier le mont sacré. Pour en revenir à Romulus, les historiens anciens prétendent que c'est sur cette colline qu'eurent lieu ses funérailles, d'autres disent qu'il vit la sépulture de Remus. Bona Dea y avait un temple qui aurait été construit par une vestale en 123 avant J.C., il fut restauré par l'épouse d'Auguste, Livie.

C'est seulement sous Claude que cette colline rentra dans le pomœrium, jusqu'alors, elle n'était pas comprise dans l'enceinte sacrée bien qu'elle soit à l'intérieure des murs serviens, c'est ce qui permit qu'elle fusse le lieu d'accueil des divinités étrangères.

Un certain nombre de monuments y furent construits : la pyramide de Cestius (tombeau du préteur Caius Cestius), les thermes de Caracalla, ceux de Decius, les temples de Diane (construit par Servius Tullius) et de Minerve, siège du collège des scribes, des comédiens et auteurs, et pour terminer cette énumération, les thermes de Sura (thermes privés), ami de Trajan, qui étaient construits le long du clivus Publicus.

Caelius :

Cette colline avait un autre nom, dans les temps les plus reculés, on l'appelait : Querque tulanus, terme venant du mot quercus = chêne ; le chêne étant un arbre sacré, c'est à lui que Romulus suspendit les dépouilles du chef latin Caenina qu'il avait vaincu.

" Il n'est pas hors de propos de remarquer que ce mont fut d'abord appelé Querquétulanus, à cause du grand nombre de chênes dont il était couvert. Il fut ensuite nommé Célius, de Célès Vibenna, chef étrusque, qui, appelé au secours de Rome avec un corps de sa nation, fut établi en cet endroit par Tarquin l'Ancien ou quelque autre de nos rois… " Tacite, Annales, IV, 65.

C'est la plus au Sud des sept collines, elle fut séparée en deux parties : le caelius major et le caelius minor. "… pendant que tu vas et reviens du grand au petit Célius… " Martial, Epigramme, XII, 18.

La légende dit que le roi Tullius Hostilius y installa la population vaincue de la ville d'Albe. Ce quartier de Rome était traversé par l'aqueduc Aqua Claudia. Le Caelius fut populeux à l'époque de la République et l'on sait même qu'un propriétaire (Ti. Claudius Centumalus) dut faire démolir un de ses immeubles car il était si haut qu'il gênait la vue pour les Augures. Au début de l'Empire, il était connu pour son marché aux victuailles et ses maisons closes. On pouvait y voir aussi, jusqu'à l'époque de Juvénal, la fontaine de la nymphe Egérie qui coulait dans un bois sacré : le bois des Camènes.

Sous le règne de Tibère, la colline aurait changé de nom sur proposition du Sénat, elle se nomma alors Augustus Mons : " On proposa que le mont Célius fût nommé désormais le mont Auguste… " Tacite, Annales, IV, 64.

Mais cette dénomination ne fut jamais employée dans le langage courant. Un peu plus tôt, à la naissance de l'Empire lorsque Auguste divisa la ville de Rome en régions, le Caelius fit partie de trois d'entre elles ; l'Ouest et le Sud furent inclus dans la région I, la partie principale dans la région II et la pointe extrême de l'Est dans la région V. En 27 après J.C., la colline eut à souffrir d'un violent incendie et fut transformée en riches résidences agrémentées d'immenses jardins. ; Agrippine la Jeune y fit construire un temple dédié à son époux l'empereur Claude (qu'elle avait fait assassiner). C'est là que naquit et grandit Marc-Aurèle. Domitien y bâtit la Mica Aurea pour pouvoir dîner avec ses amis en parfaite intimité.

Capitole :

Cette colline fait l'objet d'une page séparée sur ce site.

Esquilin :

C'est une colline située à l'Est de la ville, dans la région V, parmi les quatorze que créa Auguste, qui se composait de trois sommets : l'Opus où se construisirent les thermes de Titus et ceux de Trajan qui se situait sur une partie de l'emplacement de la Domus Aurea de Néron, le Cispius et le Fagutal. Sous l'Empire, elle vit éclore de magnifiques jardins qui remplacèrent les cimetières de l'époque républicaine réservés aux pauvres et aux esclaves entre autres jardins, il y avait ceux de Mécène. C'était le quartier le plus étendu de Rome, on pouvait y trouver le marché de Livie (Macellum Livia) ; il se trouvait à l'extérieur des murs serviens. Un ruisseau, la Velia, qui fut aplani durant l'antiquité tardive, le reliait au Palatin. La déesse Diane y avait un temple où les hommes n'entraient pas, il était situé sur le vicus Patricius qui se trouvait dans le quartier que l'on nomme aujourd'hui : Sainte Marie Majeure. Curieusement, ce dernier avait des cornes de génisse, clouées dessus, alors que tous les autres temples dédiés à cette déesse étaient décorés de cornes de cerf.

Cette colline vit se construire un des premiers édifices chrétiens : la basilique Sainte Marie Majeure construite vers 332 après J.C.

Quirinal :

Une des origines majeure de cette colline est sabine, un village sabin y aurait existé : des archéologues ont découverts des traces d'établissements très anciens qui pourraient appartenir à cette peuplade. Son nom viendrait du dieu sabin Quirinus lequel mot viendrait d'un autre mot sabin : QUIRIS = JAVELOT "… le troisième est consacré à Quirinus: tel est le nom nouveau sous lequel Romulus est adoré, soit parce que, dieu guerrier, il a voulu porter dans l'Olympe le nom du javelot, qui s'appelait curis chez les anciens Sabins …" Ovide, fastes, II, 477.

Le roi Titus Tatius (roi sabin) après avoir conclu la paix avec les Romains y aurait vécu. Elle était considérée comme une zone résidentielle. En fait, cette colline comporte trois lieux : Collis Latiaris, Mucialis ou Sanqualis et Salutaris. On y trouvait différents sanctuaires consacrés à Quirinus, à Flora, à Sérapis et Auguste y fit construire un temple dédié à Mars. Plus tard y furent construits les thermes de Dioclétien et de Constantin. Elle avait une langue de terre qui la faisait communiquer avec le Capitole mais la construction du Forum de Trajan la fit disparaître ; cette colline fut profondément entaillée par Apollodore de Damas, architecte de Trajan, pour y construire son Forum. L'historien du début du XIXème siècle : NIEBHUR y plaça une ville de nom de QUIRIUM.

Viminal :

C'est, de fait, la plus petite des sept collines de Rome ; c'est une langue de terre d'une superficie d'à peu près 24 hectares et qui s'élève de 50 à 57 mètres au dessus du niveau de la mer. Elle se situe entre le Quirinal et l'Esquilin. Son nom viendrait de VIMINA = OSIER, végétaux qui y poussaient en grand nombre.

" vimen, inis, n : bois flexible, osier, tout bois flexible, ouvrage en osier, corbeille. - collem dictum ex vimine = colline qui tire son nom de l'osier = Viminalis collis: le Viminal

vimineus, a, um : fait d'osier " Dictionnaire Latfra".

Entre le Quirinal et le Viminal se trouvaient les thermes de Dioclétien et pour avoir l'espace nécessaire à leur construction il fallut araser les deux collines.

Palatin :

Suivant la légende de la fondation de Rome, c'est là que furent trouvés par la louve Romulus et Rémus ; c'est sur cette colline que Romulus fonda la cité qui eut le devenir que l'on connaît (Roma Quadrata).

« On appelle Rome carrée un emplacement situé sur le mont Palatin, en avant du temple d'Apollon , où sont déposés tous les objets que l'on a coutume d'employer en signe de bon présage dans la fondation d'une ville. Ce nom lui vient de ce que, dans le principe, il fut entouré d'une enceinte de pierres de forme carrée. Ennius parle de ce lieu lorsqu'il dit : Et qui se sperat Romae regnare quadratae (Et qui espère régner sur Rome carrée). » Festus, XV.

 C'est là que se trouva le premier habitat urbain. On a trouvé, lors de fouilles archéologiques, des cabanes de bergers datant du VIII ème siècle avant notre ère. La colline avait deux sommets : le Palatium qui lui laissa son nom mais pas avant le 3 ème avant J.C. et le Cermalus. Les historiens anciens comme les modernes sont tous unanimes pour voir en ce lieu les débuts de Rome.

Elle fut de tout temps le centre du pouvoir et de la richesse. Durant l'ère républicaine, elle fut un lieu de résidence pour ceux qui exerçaient de hautes fonctions politiques ainsi que pour les riches ; durant l'Empire, elle vit se construire des palais, lieux d'habitation des empereurs. La plus vielle maison que l'on trouva fut celle de Vitivius Vaccus, datée de 330 avant J.C. La colline vit s'édifier des maisons appartenant aux frères Cicéron, à Scaurus, à Sylla, à Milon, à Drusus, par contre, on ne peut situer celle de Marc Antoine, on sait seulement qu'elle se trouvait là. Il est difficile pour un archéologue d'identifier les restes qu'il trouve car ils sont peu nombreux et recouvert par les constructions plus jeunes des palais impériaux.

La maison qu'Auguste acheta à Hortensius pour en faire ce que l'on va appeler " la maison de Livie ", ancêtre des palais impériaux, que tous les empereurs successifs respecteront se trouvait à cet endroit, ce dernier fit construire peut-être un temple à Vesta :

" Vesta vient d'être portée dans un palais dont les maîtres la touchent de près; ainsi l'ordonne le sénat, sur la demande de César. Phébus occupe une partie du palais, une autre appartient à Vesta; ce qu'ils laissent libre, César en fait sa demeure. Vivez, lauriers du mont Palatin! Vive à jamais ce palais décoré de guirlandes de chêne! Dans sa seule enceinte il renferme trois dieux éternels. " Ovide, Fastes, 949 et suivants.

mais sur ce sujet les historiens modernes sont très divisés, on pourrait en déduire à la lecture de ce texte qu'Auguste fit transformé une partie de son habitation et que c'est dans son intérieure que ce sanctuaire fut édifié ; ce qui est sûr, c'est qui fit élever un temple à Apollon. Tibère construisit son propre palais (Domus Tiberiana) dans la partie Nord-Ouest (Cermalus). Dans la continuité chronologique des empereurs vint Néron qui édifia la Domus Transitoria puis arriva Domitien qui transforma le tout et en fit la Domus Augustiana et au temps de Septime Sévère, l'on vit monter pierre par pierre le Septizonium (Histoire Auguste, Vie de Septime Sévère, XIX), ce bâtiment pourrait avoir servi d'immense façade à la colline et d'entrée au palais impériale.

Il est à remarquer que les palais impériaux de cette colline dominait le Circus Maximus et que les souverains pouvaient se rendre directement dans la loge impériale pour voir les spectacles, de l'autre coté, elle dominait le Forum.

Lorsque le pouvoir central parti pour Byzance, une grande partie du Palatin redevint habitable pour les riches particuliers bien qu'il resta un lieu d'habitation chaque fois qu'un empereur était en visite à Rome, en fait peu de fois.

sommaire