Mécène : Caius Cilnius Maecenas

Entre 74 avant J.C. et 70 avant J.C. ; 8 après J.C.

Il naquit à Arretium , de nos jours Arrezo.

Il appartenait à une riche famille équestre de province qui avait la prétention d'avoir dans ses ancêtres les plus hautes maisons d'Etrurie et même être de sang royal. Il fit ses études en Grèce.

--- >Les historiens ont des doutes sur la représentation de ce buste attribué à Mécène.

Le nom commun de « mécène » n'apparut qu'en 1526 pour désigner une personne fortunée qui mettait son argent à la disposition des artistes et qui leur passait d'importantes commandes. C'est ainsi que, dès le moyen age, des personnes comme Mahaut d'Artois ou Isabeau de Bavière furent des mécènes avant que le mot ne fût créé.

Mais revenons au personnage de cette biographie ; avant d'être connu comme le protecteur et le financier des arts, il fut un proche ami d'Octavien qui allait devenir empereur.

« S'il était malade, il couchait dans la maison de Mécène. » Suétone, Auguste, 72, 4.

Cette amitié était tellement profonde qu'Auguste le prolongea jusque chez la femme de son ami. Effectivement le princeps eut une liaison qui fut publique avec Terentia, l'épouse de Mécène. Cette liaison a du rendre parfois pénibles les relations entre les deux hommes. Dion Cassius prétend même que le voyage que fit Auguste en Gaule n'aurait été qu'un prétexte pour filer le parfait amour, discrètement avec Terentia . Mais lui, de son coté, comme beaucoup de Romains était bisexuel, il fit de Bathyllus , un danseur très connu, son favori. Il se voulait avant tout être un homme libre ce qui le mena parfois à agir comme une personne licencieuse.

Il apparaît la première fois dans l'histoire en étant cité parmi les amis d'Octavien qui l'accompagnèrent en Campanie lorsqu'il enrôla des vétérans en vue de combattre Antoine. Ce qui en fit un chaud partisan du futur maître de l'empire, nul ne le sait mais il en résulta qu'il fut un espèce de fondé de pouvoir d'Octave Octavien Auguste lors de ses absences de la Ville , cela commença lorsque Octavien partit combattre Sextus Pompée. Il dirigea aussi pour son ami une police secrète mais en fait il était plutôt très bien renseigné sur ce qu'il se passait dans l'empire. C'était surtout un habile négociateur qui aida fortement Octave Auguste dans la diplomatie, en particulier, il arrangea le mariage de son ami avec Scribonia , sœur du beau-père de Sextius Pompée et il fut à l'origine des tractations qui aboutirent à la paix de Brindisi ; comme par la suite, c'est lui qui conseilla à Auguste de prendre Agrippa pour gendre en lui démontrant qu'il devait ou le faire ou le tuer. Comme on peut comprendre à travers ce morceau de biographie, ce fut surtout un homme de l'ombre, il a toujours montré un profond mépris pour le cursus honorum et resta attacher à sa classe équestre.

« Maecenas, honneur des chevaliers. Plus on se refuse, plus on obtient des Dieux. Je passe, nu, dans le camp de ceux qui ne désirent rien, et, transfuge, je quitte le parti des riches. » Horace, Odes, III, 16-20.

Il voulut même la transformer en une pépinière d'administrateurs. Il jugea lui-même que ses idées étaient utopiques. En matière d'idées politiques, Dion Cassius lui prêta des convictions monarchiques en le faisant discourir sur l'inadaptation d'une République confrontée à des territoires immenses à gérer.

Il était très riche et d'après certains historiens, il semblerait que ses richesses, celles qui s'ajoutèrent à la fortune familiale, viendraient des guerres civiles ; en particulier selon de récentes découvertes de papyrus, il aurait possédé des terres en Egypte dont l'exploitation fut confiée à des affranchis. Son aisance lui permit d'habiter, sur l'Esquilin, une maison qui était un véritable palais, ouverte à tous, même aux gens qui formait l'opposition au nouveau régime. Il passa les dernières années de sa vie dans une insomnie permanentes à déambuler dans ses jardins. Il a toujours été d'une sensibimité exacerbée ce qui l' a conduit à une grande fragilité nerveuse.

--- > Villa de Mécène mais à Tivoli par Jacob Haeckert, 1783.

Cette maison était entourée de jardins qui devinrent célèbres : les horti maecenatis , ils furent édifiés dans une zone insalubre, aux lieux champêtres primitifs, ils joignit l'ancien cimetière des pauvres ( puticuli ) situé au-delà des murs serviens. Et dans ces jardins, il aimait déambuler avec Horace en pratiquant des vocalises (expression de la joie par la musique vocale). D'ailleurs son ami ne lui survécut que quelques mois et fut inhumé aux Esquilies à coté de son tombeau. Ils devirent propriété impériale, ainsi que la villa, après le décès de leur concepteur, ce qui démontre que Mécène n'en voulait pas à son impérial ami qui avait conquis sa femme, Auguste, lui, avait conquis de magnifiques jardins.

---> Intérieur de la villa de Mécène à Rome. Giovanni Piranesi.

Suétone dans la vie de Néron, raconte que ce serait de ce lieu que l'empereur contempla l'incendie de Rome.

« Il regardait ce spectacle du haut de la tour de Mécène, charmé, disait-il, de la beauté de la flamme, et chantant la prise de Troie, revêtu de son costume de comédien. » 38.

Il eut deux grands amis : le poète Horace et le futur empereur Auguste ; amitié à la romaine qui doit survivre aux dissentiments et aux refroidissements, qui doit joindre désintéressement et besoins relationnels avoués. En matière d'amitié, il était surtout à l'image des épicuriens, il ne regardait pas la position sociale d'une personne mais il recherchait ce qui pouvait émaner d'elle en matière de sagesse. Mais ses dernières années furent obscurcies par le refroidissement de ses relations avec Auguste suite à l'affaire de la conspiration à laquelle participa Murena. Ce dernier était son beau-frère, le frère de Terentia, il apprit la découverte du complot dans lequel il trempait par sa sœur qui, elle-même, le tenait de paroles inconsidérées de son mari, Mécène.

« Pour ne pas citer trop d'exemples, je rappellerai qu'il eut à se plaindre de la susceptibilité de M. Agrippa et de l'indiscrétion de Mécène. Le premier, sur le plus léger soupçon de froideur, et sous prétexte que Marcellus lui était préféré, se retira à Mytilène; l'autre avait révélé à sa femme Terentia le secret de la découverte de la conjuration de Murena. » Suétone, Auguste, 66.

Vers la quarantaine, il ne fut plus qu'un conseiller, il quitta la vie politique qu'il connaissait pourtant si bien pour se consacrer aux arts et aux lettres. Il se fit le protecteur des artistes, en particulier de Virgile, d'Horace, de Properce et de Varius dont il favorisa les carrières.

--- > Horace, Virgile et Varius à la ville de Mécène. F.J. Jalabert, peintre du XIX ème.

Chacun d'eux parla de lui dans ses œuvres poétiques, Horace en particulier, dans l'ode II, lui consacra plusieurs poèmes et Virgile lui dédia les « Géorgiques ».

« Quel art fait les grasses moissons; sous quel astre, Mécène, il convient de retourner la terre et de marier aux ormeaux les vignes; quels soins il faut donner aux boeufs, quelle sollicitude apporter à l'élevage du troupeau; quelle expérience à celle des abeilles économes, voilà ce que maintenant je vais chanter. » Virgile, introduction, Géorgiques.

Pour que le « siècle d'Auguste » exista, il lui fallait être là pour protéger, encourager et développer la poésie, c'est ainsi qu'il a détecté de futur célébrités et qu'il a commandé des œuvres à des gens déjà reconnus.

Il s'essaya à l'écriture sans grand succès, semble-t-il, selon les quelques fragments en notre possession, il écrivit sur divers sujets qui furent tournés en dérision même par son impérial ami, dit on, et de façon posthume par Sénèque qui se montra un ennemi virulent pour l'épicurien alors que lui était stoïcienne : opposition de philosophie ?

Ce qui nous restent de ses œuvres a été étudié par des historiens allemands : Norden, Lundersted, Kappelmache. Ils ont collationné 9 fragments de prose et 8 de poésie qui ont été repris par Avallone, historien italien, qui a écrit une biographie de Mécène.

En fait, il fut un des deux hommes avec Agrippa qui firent Auguste. Leur mort priva le maître de conseils utiles et constructifs.

« Quelque temps après, la colère ayant fait place à la honte, il gémit de n'avoir pas enseveli dans le silence des désordres qu'il avait ignorés jusqu'au moment où il ne pouvait plus en parler sans rougir, et s'écria plus d'une fois : "Rien de cela ne me serait arrivé, si Agrippa ou Mécène eussent vécu"! Tellement il est difficile au maître de tant de milliers d'hommes d'en remplacer deux !... Mais, durant toute la vie d'Auguste, la place d'Agrippa et de Mécène resta vide. Que faut-il en penser ? Était-il impossible de retrouver deux hommes pareils ? ou n'était-ce pas la faute du prince lui-même, qui aima mieux se plaindre que de chercher? Ne croyons pas toutefois qu'Agrippa et Mécène fussent dans l'habitude de lui dire la vérité : s'ils avaient plus longtemps vécu, ils seraient devenus dissimulés comme les autres. » Sénèque, des Bienfaits, 6, 32.

sommaire

 

tiré de ...

Horti Maecenatis

Jardins que Mécène fit édifier sur l'Esquilin, sur l'agger servien, qui était limitrophe d'une nécropole. Il transforma cette région insalubre en une magnifique promenade.

...ici, l'esclave survivant enfermait dans une bière grossière les cadavres jetés hors des chambres étroites;

c'était la sépulture commune de la malheureuse plèbe, du bouffon Pantolabus et du débauché Nomentanus. Un cippe indiquait que ce terrain avait mille pieds de front et trois cents dans la campagne, et que tout héritier en était dépossédé. Maintenant on peut habiter les Esquilies devenues saines

et se promener au soleil dans un champ où l'on voyait naguère de hideux ossements blanchis.

Horace, sat.I, 8, 10-15.

Ils devinrent une propriété impériale après sa mort, Tibère y vécut après son retour à Rome en 2 après J.C. Néron les joignit au Palatin par le biais de sa domus transitoria

"Pendant ce temps, Néron était à Antium et n'en revint que quand le feu approcha de la maison qu'il avait bâtie pour joindre le palais des Césars aux jardins de Mécène." Tacite, annales, 15, 39.

et vit l'incendie de la Ville du haut de la turris maecenatiana. Cette turris fut probablement le molem propinquam nubibus arduis d'Horace "et ta vaste demeure qui monte dans les nuées..." Odes, III, 29, 10.

Ses jardins étaient près de ceux de Lamia mais il n'est pas évident de concilier toutes les indications de lieu founies par l'ancienne littérature pour déterminer leur emplacement exact. Les topographes ne sont pas d'accord entre eux.

"Son corps (Caligula) fut porté secrètement dans les jardins de Lamia, brûlé à demi sur un bûcher fait à la hâte, puis enterré et recouvert de gazon." Suétone, Caligula, 59, 2.

S'étendaient ils des deux cotés de la porta esquilina ?

On dit de Mécène qu'il fut le premier à avoir construit une piscine d'eau chaude qui aurait pu être dans ses jardins. On ne sait pas si les horti Maecenatiari de Fronton furent le premier nom de ces jardins ou furent ainsi nommés pour une raison que nous ne connaissons pas. La domus Frontonania mentionnée au douzième siècle par le magister Gregorius peut leur faire référence. Pour la description d'une maison que l'on pense avoir été ses horti voir Auditorium Maecenatis (positionné plus bas).

On a trouvéde nombreux puticuli (1) de l'ancienne nécropole au coin nord ouest de la Piazza Vittorio Emanuele, à l'extérieur de la porta Esquilina et de l'agger et au nord de la via Tiburtina vetus, probablement que les jardins s'étendaient au nord de cette porte et de cette route, des deux cotés de l'agger.

(1) Définition de FESTUS (rajoutée par l'auteur du site).

PUTICULI . Les fosses communes ont été appelées ainsi, parce que les puits étaient le plus ancien genre de sépulture ; et on les nomme puticuli, parce que les cadavres y deviennent putrides.

 

Auditorium Maecenatis

tiré de ...

C'est le nom moderne des restes d'une maison qui se tient à l'angle de la via Merulana et de la via Leopardi. Cet édifice est construit en opus reticulatum (1) de l'époque d'Auguste et se situe de part et d'autredu mur Servien. Il a une forme rectangulairequi se termine à l'ouest par une abside. La longueur totale est de 24,10 m. tandis que la largeur est de 10,60 m. Son plancher est de 7 m. au dessous du niveau du sol, le vestibule devait avoir un plan incliné pour le rejoindre. Les murs atteignent 6 mètres au dessus de l'ancien sol, le toit devait être en forme de voûte. Dans l'abside, on peut voir sept espèces de marches en forme de demi-cercle disposées comme une cavea de théâtre. Au-dessus de l'abside, on découvre 5 niches, 6 autres se retrouvent de chaque coté, incluses dans les murs de la pièce. Toute sont peintes de scènes champêtres ou de paysages campagnards, tout celà dans le troisième style pompéien. Mais les fresques ont pour la plus part disparues. Le pavement était fait d'une mosaïque blanche qui fut recouverte de marbre à une période ultérieure. L'usage de ce bâtiment reste inconnu. Ce ne fut probablement pas un auditorium mais peut-être un conservatoire bien qu'il soit difficile de voir comment il aurait pu être convenablement éclairé. Il a été attribué à Mécène car ses jardins avaient une superficie qui l'englobait mais tout ceci, surtout l'appartenance, reste du domaine de l'hypothèse.

(1) fait en forme de filet, croisé grillé. Forme de mur fait de petits moellons carrés. (note du rédacteur du site).

Site internet sur lequel on peut voir cet Auditorium Maecenatis : http://www2.siba.fi/~kkoskim/imbas/roma/themepage.php?lang=en&action=2&themeid=amaecena