Paul Emile

Paul-Emile : Aemilius Paullus Lucius

Il appartenait à la gens Aemilia, ses ancêtres remontaient très loin dans le temps puisque lorsqu'on parla de sa famille pour la première fois, on cita Mamercus, fils du philosophe Pythagore (VIème siècle avant J.C.). Son père, qui portait le même nom que lui, fut tué à la tête des troupes romaines à la bataille de Cannes lors de la deuxième guerre punique, en 216 avant J.C.

Dans sa jeunesse, il fut reçu dans le collège des augures. Avant de devenir consul pour la première fois en 182 avant J.C., il fut édile curule en 193 avant J.C. puis préteur en 191 avant J.C. Et c'est à ce titre qu'il fut envoyé en Espagne pour combattre des soulèvements locaux, en particulier ceux des Lusitaniens (campagne de 191/189 avant J.C.) qu'il écrasa après avoir livré deux batailles décisives dont il sortit vainqueur. Il se heurta aussi aux Ingannes en 181 avant J.C. (peuple de Ligurie) qui avaient servis comme mercenaires chez les Carthaginois.

Il épousa Papiria, fille de Papririus Nason, qui fut consul en son temps. Il divorça d'elle bien qu'elle lui ait donné des enfants. Une de ses filles épousa le fils de Caton l'Ancien. Il inculqua à tous ses enfants une culture profondément hellénisée. En fait, il eut quatre fils, deux furent adoptés par des sénateurs sans descendance, l'un devint Q. Fabius Maximus Aemilianus car il fut pris dans la famille de quelqu'un qui avait pour ancêtre le fameux Cunctator, l'autre fut P. Cornelius Scipion Aemilianus, le fameux Scipion Emilien qui rasa Carthage et mit fin aux guerres puniques, il fut donc adopté par le fils de Scipion l'Africain, cousin de son père, il comptait sur ses deux autres fils pour perpétuer son nom mais la fatalité s'abattit sur lui car l'un périt peu avant son triomphe sur Persée et l'autre mourut peu après. " Paul-Émile avait en effet quatre fils, dont deux avaient été transplantés dans d'autres familles, comme je l'ai déjà dit Scipion et Fabius, et deux encore enfants, qu'il gardait chez lui, nés d'une autre femme. L'un de ces derniers mourut à l'âge de quatorze ans, cinq jours avant le triomphe de son père ; le second, qui avait douze ans, succomba trois jours après cette fete. Aucun Romain ne resta donc sans s'associer à ce double deuil, et meme tout le monde, sans exception, trembla devant la cruauté du sort, qui n'avait pas craint d'introduire dans une maison pleine d'enthousiasme, de joie et de sacrifices d'action de grâces, un tel sujet de douleur, et de meler des lamentations et des larmes aux chants de victoire et aux triomphes. " Plutarque, vie de Paul-Emile, XXXIV. Son nom s'éteignit avec lui et fut ressuscité au temps d'Auguste par des membres collatéraux de la gens Aemilia.

Il allait vers ses soixante ans lorsqu'il se présenta pour assumer la charge d'un deuxième consulat.

" …mieux valait appeler au commandement un homme sensé, qui sût se conduire dans les grandes circonstances. Ce fut Paul-Émile. Il était déjà d'un âge avancé, puisqu'il avait près de soixante ans ; mais il se trouvait en pleine force physique et il avait autour de lui un rempart de gendres et de fils tout jeunes, une foule d'amis et de parents très influents. Tous lui conseillaient de se rendre au désir du peuple qui l'appelait au consulat. Au début, il faisait des façons avec la multitude, dont il repoussait les avances en disant qu'il ne voulait pas commander. " Plutarque, vie de Paul-Emile, IX.

La troisième guerre de Macédoine (171 avant J.C. / 168 avant J.C.) avait commencé et devant l'incurie des généraux romains qui avaient déjà connus des défaites, il fut décidé d'appeler Paul Emile au commandement. A la plus grande joie du peuple romain, il fut élu et tout de suite parti combattre Persée. " On le fit consul pour la seconde fois. Le peuple ne laissa pas, comme d'habitude, tirer les provinces au sort ; on lui conféra d'emblée le commandement de l'expédition de Macédoine. On dit que, le jour où il fut proclamé généralissime des armées romaines contre Persée, reconduit chez lui avec de grands égards par le peuple entier, il trouva sa fillette Tertia, encore un petit enfant, tout en larmes. Il l'embrassa et lui demanda le motif de son chagrin. Elle se jeta à son cou, et dit en lui rendant son baiser : " Tu ne sais donc pas, père, que notre Persée est mort ? " C'était un petit chien qu'elle élevait. " A la bonne heure, ma fille ! répondit Paul-Émile : j'en accepte l'augure. " L'orateur Cicéron rapporte ce trait dans son livre De la Divination. " Plutarque, vie de Paul-Emile, IX. Il avait, dans ses bagages, comme légat, Scipion Nasica, gendre de Scipion l'Africain. En arrivant, il trouva les armées romaines dans une totale insoumission à leurs chefs, en premier lieu, il dut s'occuper de restaurer la discipline.

Face à lui se trouvait Persée, le fils de Philippe V, roi de Macédoine. Ce dernier avait appris de son père la haine contre les Romains. Après maints combats, le dernier qui fut, par conséquence, le décisif eut lieu à Pydna, le 22 juin 168 avant J.C., Paul Emile réussit à vaincre la phalange car à force de combattre, elle ne présentait plus un front unifié, ce qui devait faire sa force, il ordonna à ses troupes de s'infiltrer dans les brèches de ce front humain qui se craquela bien vite. La bataille, par elle-même, ne dura qu'une heure, elle représenta la suprématie des légions romaines contre la phalange macédonienne. Ce furent deux conceptions différentes d'un combat qui s'affrontèrent. Selon Polybe, Rome ne s'acharna pas sur la Macédoine mais les légions de Paul Emile mirent à feu et à sang l'Epire (royaume aux confins de la Grèce et de l'Albanie qui choisit l'alliance avec la Macédoine). " Il fit ensuite passer son armée en Epire, ayant entre les mains un sénatus-consulte, qui lui ordonnait de récompenser, aux dépens des villes de ce pays, les soldats qui étaient venus à bout avec lui de la lutte contre Persée…Le jour venu, toutes ces troupes, en un seul et meme moment, se ruèrent ensemble dans les villes, qu'elles se mirent à piller. En une heure, elles réduisirent cent cinquante mille hommes en esclavage et saccagèrent soixante-dix villes. " Plutarque, vie de Paul-Emile, XXVIII.

Persée, vaincu, s'enfuit honteusement et lâchement aux dires de certains historiens anciens et alla se réfugier dans l'île de Samothrace ; ne pouvant plus fuir, trahi par ses proches, il alla se livrer à Cneus Octavius qui commandait les navires de Pau Emile. Ce dernier regagna l'Italie, son voyage fut une répétition de son futur triomphe, c'est-à-dire qu'il se fit au milieu d'une opulence certaine. A Rome ce triomphe fut un instant compromis par un parti de militaires qui lui reprochait son avarice mais il eut lieu quand-même et dura trois jours.

---> Persée et ses fils enchaînés

" Mais les soldats qui avaient jeté un regard d'envie sur les richesses du Roi sans obtenir le partage, objet de leurs réclamations, étaient animés d'une colère sourde contre Paul-Émile. Ils dissimulèrent au public le vrai motif de leur mécontentement en l'accusant d'etre pour eux un chef sévère et despotique. Aussi ne déployaient-ils aucun zèle pour assurer son triomphe…Au point du jour, le peuple fut appelé à voter. La première tribu refusait le triomphe à Paul-Émile, et la rumeur s'en répandit aussitôt dans le reste du peuple et au Sénat. " Plutarque, vie de Paul-Emile, XXIX et XXX.

" Paul se tenait dressé sur son char, étincelant d'or et de pourpre, exhibant la grande majesté que lui conférait non seulement la prestance de son allure mais encore son âge avancé. Après le char, l'on pouvait voir, entre autres grands personnages, les deux fils d'Emile…Paul reçut du Sénat et de la plèbe l'autorisation de porter sa tenue triomphale aux jeux du Cirque, et on lui donna le surnom de " Macédonique " " Abbé Lhomond, de viris, traduit par J. Gaillard.

Devant son char marchaient Persée et ses deux jeunes fils, le roi macédonien devait mourir deux ans plus tard dans son lieu d'exil qui lui servait de prison, à Alba Fucens, des mauvais traitements que lui infligèrent ses gardiens, d'autres historiens parlent d'une mort volontaire, il se serait laisser mourir de faim.

Grâce à l'énorme quantité de butin ramenée de cette guerre, les citoyens romains n'eurent plus le tributum (impôt) à régler.

" Paul Emile, après la défaite du roi Persée, versa au trésor public le butin fait en Macédoine, deux cent millions de sesterces. C'est depuis cette époque que le peuple romain a cessé de payer l'impôt. " Pline l'Ancien, Histoire Naturelle, XXXIII, 17.

" On ajoute aux exploits de Paul-Émile en Macédoine un service, rendu à la masse des Romains, qui le rendit très populaire : il versa au Trésor tant d'argent que le peuple n'eut plus d'impôts à payer jusqu'au temps d'Hirtius et de Pansa, qui furent consuls pendant la première guerre entre Antoine et César-Auguste. " Plutarque, vie de Paul-Emile, XXXVII.

Paul-Emile garda pour lui-meme l'immense bibliothèque appartenant au vaincu.

Plus tard, il fut nommé censeur (164 avant J.C.) et lorsqu'il décéda son lit funéraire fut porté par des épaules macédoniennes jusqu'au bûcher funéraire.

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