Naumachie

Naumachie : (1)

---> Tiré de …

Pour un Romain, c'est un spectacle qui met en scène un combat naval et c'est aussi l'endroit où il se tenait. Ces combats eurent lieu parfois dans le Grand Cirque ou à l'Amphithéâtre où l'on introduisait suffisamment d'eau pour que des bateaux puissent flotter, mais, généralement, un endroit spécifique était construit à cet usage.

Le premier combat naval fut donné par Jules César, au Champ de Mars, il y fit creuser un lac pour l'occasion.

" Un lac fut creusé dans la petite Codète pour le combat naval, et des vaisseaux tyriens et égyptiens à deux ou trois rangs, et chargés de nombreux combattants, y livrèrent bataille. " Suétone, César, XXXIX.

--->  Naumachie dans le Colisée.

Plus tard, aux temps augustéens, il fut comblé car ses eaux stagnantes amenaient la malaria. Auguste fit aussi creuser un lac (stagnum), près du Tibre et à côté il fit planter une forêt. " Il y eut même une bataille navale près du Tibre, dans un endroit creusé exprès, et où l'on voit aujourd'hui le bois sacré des Césars. " Suétone, Auguste, XLIII.

" Dans le bois qu'Auguste avait planté autour de sa naumachie… " Tacite, Annales, XIV, 15.

Cet édifice fut la première naumachie permanente et continua de servir longtemps, elle fut appelée plus tard : " la vielle naumachie " " Il fit représenter, en outre, une bataille navale dans l'ancienne naumachie " Suétone, Titus, VII.

L'empereur Claude fit donner un somptueux combat sur mer au lac Fucin. (2)

" Avant d'évacuer les eaux du lac Fucin, il voulut y donner une naumachie ; mais les combattants ayant crié, en passant devant lui, "Empereur, nous te saluons avant de mourir ", (3) et Claude leur ayant répondu : " ou peut être pas ", ils ne voulurent plus combattre, disant que cette réponse était leur grâce. Il délibéra quelques temps, s'il les faisait tous périr par le feu ou par le fer : enfin il s'élança de son siège, courut çà et là autour du lac, d'un pas chancelant et d'une façon ridicule, menaçant ceux-ci , priant ceux-là ; et il finit par les décider à combattre. On vit s'aborder, dans ce spectacle, une flotte sicilienne et une flotte rhodienne, de douze trirèmes chacune. Le signal en fut donné par la trompette d'un Triton d'argent, qu'une machine avait fait surgir du milieu du lac. " Suétone, Claude, XXI.

Par contre, on peut constater que l'empereur Néron préférait l'amphithéâtre pour de tel exhibition. Domitien fit bâtir une nouvelle naumachie qu'il voulut en pierre et dans laquelle les gens pouvaient s'asseoir pour voir les combats.

" Il fit représenter, sur un lac creusé près du Tibre et entouré de gradins, des batailles navales, où l'on vit combattre des flottes pour ainsi dire entières… "

Suétone, Domitien, IV.

Les combattants de ces affrontements maritimes étaient appelés " naumachiarii ", c'étaient des captifs ou des criminels condamnés à mort qui se battaient jusqu'au bout comme les gladiateurs, et comme eux, ils pouvaient espérer la clémence impériale. Les navires engagés dans ces combats étaient divisés en deux camps, chacun d'eux portait le nom d'une nation maritime : Tyriens et Egyptiens, Rhodiens et Siciliens etc. … Ces affrontements sur l'eau connaissaient la même prodigalité en vie humaine que les autres spectacles sanglants (combats de gladiateurs par exemple). Titus donna un pareil spectacle où 3000 hommes furent engagés. Claude, pour la bataille du lac Fucin, engagea 19.000 combattants et 50 vaisseaux. (4)

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Adapté du livre de William Smith "A dictionary of greek and roman antiquities".

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Note du rédacteur du site :

(1) : Le terme vient de "naumachia" (spectacle de combat naval, parade militaire, construction destiné à reçevoir un spectacle) qui lui-même vient du grec. Gérald Cariou dans son livre : "La Naumachie" avance que ce mot ne fut employé pour désigner un spectacle que depuis le règne de l'empereur Tibère.

(2) : Le lac a disparu suite à de nombreux asséchementspour faire place à la plaine d'Avezzano, à 110 km à l'est de Rome.

(3) : Il semblerait que ces paroles fameuses lors de l'entrée en scène de gladiateurs ne furent prononcées qu'à cette occasion.

(4) : D'après les témoignages d'auteurs anciens, la dernière naumachie fut donnée par l'empereur Aurélien pour célébrer sa victoire sur Zénobie, reine de Palmyre.

Lieux :

Ce qui va suivre est tiré du livre " A Topographical dictionnary of Ancient Rome " de Samuel B. Platner (complété et révisé par Thomas Ashby), 1929.

Naumachia Augusti : (1)

Plan d'eau artificiel construit par Auguste en 2 avant J.C. sur la rive droite du Tibre où il fit se produire, à grande échelle, des combats de navires pour l'inauguration du temple de Mars Ultor.

--->  Naumachie d'Auguste avec l'aqueduc Alsietina (souterrain). Maquette de A. Caron.   

Elle était fournie en eaux par l'aqueduc Alsietina (souterrain), construit par Auguste à cette occasion.

" Quel est le motif qui a déterminé Auguste, prince si prévoyant, à introduire à Rome l'eau Alsietina, qu'on nomme aussi Augusta? Je l'ignore, car cette eau n'offre aucun agrément : elle est peu salubre, et le peuple n'en tire aucun profit. Peut-être a-t-il voulu éviter de conduire des eaux plus utiles dans la Naumachie, qu'il faisait construire alors, et à laquelle il destina exclusivement cette eau Alsietina; il accorda même le trop-plein de la Naumachie pour l'irrigation des jardins situés plus bas, et pour différents usages des particuliers. L'aqueduc de l'Alsietina se termine derrière la Naumachie, pour laquelle il semble avoir été construit. "

(1) Il n'en reste aucun vestiges.

Frontin, Des Aqueducs de la ville de Rome, 11 et 22.

Il y avait un bois " Nemus Caesarum " que le prince fit pousser en l'honneur de Gaius et Lucius, ses petits-fils, et peut-être des jardins, pas très loin.

" Pendant tout le temps de sa retraite, il n'essaya que deux fois de rentrer dans Rome. La première, il vint, sur une trirème, jusqu'aux jardins voisins de la Naumachie… " Suétone, Tibère, LXXII. Au centre du bassin se trouvait une île (Dion Cassius, LXVI, 25) et Pline l'Ancien, dans son Histoire Naturelle, parle d'un pont, restauré par Tibère.

" On pense que le plus grand arbre qui ait jamais existé est celui que l'on a vu à Rome, et que l'empereur Tibère fit exposer comme un objet de curiosité sur le pont de la naumachie dont il a été question. --- >>> Tibère César, après l'incendie du pont de la naumachie, prescrivit de couper en Rhétie les mélèzes destinés à sa reconstruction. " Pline l'Ancien, H.N., 200 et 190.

Plus tard, elle tomba dans l'oublie, et à l'époque d'Alexandre Sévère, quelques parties seulement demeuraient.

Naumachia Caesaris :

C'était un lac artificiel construit par Jules César, au Champ de Mars, pour les batailles navales qu'il fit donner à l'occasion de son quatrième triomphe en 46 avant J.C. ; suite à une épidémie, dans la Ville, ce bassin fut comblé en 43 avant J.C. Il ne du livre de

Naumachia Domitiari :

Ce qui suit n'est en fait qu'une hypothèse. C'était un lac artificiel voulut par Domitien pour les combats navals qu'il donna au peuple de Rome, sur la rive droite du Tibre.

" On lui doit aussi … une naumachie. Les pierres de ce dernier bâtiment servirent plus tard à la restauration du grand Cirque, dont les deux côtés avaient été brûlés. " Suétone, Domitien, 5.

Naumachia Philippi :

Elle fut édifiée par Philippe l'Arabe et son fils en 247 après J.C. lorsqu'il commémora la fondation de Rome, mais ce n'est peut-être qu'une restauration de la naumachia Augusti. (1)

(1) Selon les historiens modernes, il est sûr qu'il s'agit d'une vaste restauration d'une des deux naumachies situées par les "Régionnaires" sur la rive droite du Tibre.

Naumachia Vaticana :

C'est le nom d'une construction que l'on pense avoir été une naumachie, au nord-est du château St Ange. Ses ruines furent exhumées en 1743. Hulsën pense que ce fut l'œuvre de Trajan ou peut-être une reconstruction dont l'origine remonterait à Domitien.

- Ajout du rédacteur du site :

- Sextus Pompée donna une "naumachie" dans le détroit de Messine :

"...il donna des spectacles comme après une victoire et fit livrer par les captifs, sur le détroit, en face même de Rhegium, de manière à être vu de ses adversaires, un combat naval où il mettait aux prises, pour se moquer de Rufus, des bateaux de bois contre des bateaux de cuir." Dion Cassius, 48, 19, 1.

- Par rapport à un spectacle de gladiareurs, la naumachie est rare. Il faut compter une représentation tous les trente ans ; si l'on se referre aux auteurs anciens, on passe, à travers le temps, de 48 ans à 10 ans pour voir un tel affrontement. (source Gérald Cariou; "La Naumachie", 2009).

 

- Toutes les notes ainsi que l'ajout, que j'ai apportées, proviennent du livre de Gérald Cariou : "La Naumachie".

 

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