Polybe : vers 208 avant J.C. ; vers 126 avant J.C. Il mourut, dit-on, d’un chute de cheval.
Il était grec ; ce fut un des principaux historiens de la Rome antique.
Il naquit à Mégalopolis, petite cité de l’Arcadie, loin des grands centres culturels de l’époque, son père était Lycortas. Mais si sa ville natale était peu importante par la taille, elle le devint en prenant une place considérable dans la ligue achéenne (confédération de villes du nord-ouest du Péloponnèse. Il fut formé dans l’art de la guerre par Philopoem, stratège de cette ligue (c'est-à-dire officier supérieur) dont il écrira une biographie et qui était surnommé « le dernier des Grecs » tant était grand son patriotisme.
En tant qu’un des dirigeants de la ligue ( il était « hipparchos » ou commandant de la cavalerie), il fut envoyé à Rome comme otage après la conquête de la Macédoine du roi Persée vaincu à Pydna par les Romains. En effet, les villes d’Achaïe se voulurent totalement neutre dans ce conflit, mais après lui, certains Achaïens hostiles aux dirigeants en place dénoncèrent une certaine tiédeur chez eux surtout que certains d’entre eux avaient montré peu d’empressement à se rallier aux Romains. Ces derniers, très méfiants, voulurent des garanties, elles leur furent données sous forme de 1000 otages (constitués de suspects de déloyauté envers Rome). Ces otages furent dispersés et Polybe eut la chance d’être hébergé par Paul Emile, il s’occupa de ses deux fils et se lia d’amitié avec l’un d’eux : Scipion Emilien que l’on nomme aussi : le second africain, celui qui mit fin à la troisième guerre punique en prenant Carthage. Puis un jour, les otages furent renvoyés chez eux, lui voulut rester à Rome, il y demeura donc puis il partit avec son protégé, Scipion Emilien, pour l’Espagne pour la campagne contre Numance. On dit qu’il resta otage plus de 16 ans presque 17 ans, il avait un peu plus de 40 ans lorsqu’il fut obligé de quitter la Grèce. C’était un homme d’une grande culture et c’est à ce titre qu’il fit partie de ce que l’on appellera plus tard « le cercle des Scipions ». Les Romains lui confièrent différentes missions auprès de ses compatriotes grecs à qui il put atténuer les effets de la domination romaine. En autres, il alla dans le Péloponnèse et, là, il mena tellement bien sa mission (la ligue achéenne étant dissoute) qu’il s’attira la reconnaissance de ses compatriotes, c’était l’époque où Mummius mit à sac Corinthe. Il occupa les vingt dernières années de sa vie à faire des voyages en Orient et à écrire l’ « Histoire Générale »
Comme écrivain, il produisit un certain nombre d’œuvres : « la Vie de Philopoem » dont j’ai déjà parlé, il y décrit surtout sa jeunesse, « la guerre de Numance », un traité de « Tactique » et une « Histoire Générale » de son époque en 40 livres. Sur ces 40, il nous en reste seulement 5 et d’importants fragments des autres, surtout pour les livres 6 à 18, on en retrouve d’importants morceaux dans les recueils d’excerpta byzantins. A travers cette « Histoire », il voulut démontrer que la politique et l’art militaire romain étaient supérieurs à ceux des autres nations (même la Grèce), il attribua aussi la réussite de Rome à la grandeur de sa Constitution qui ne fut jamais écrite et qui a su allier plusieurs éléments aristocratiques à d’autres démocratiques car pour lui le gouvernement idéal était celui qui pouvait réunir des idées aristocratiques à d'autres démocratiques. Comme otage, il a pu voir fonctionner ce qu’il décrivait, il a pu en constater la supériorité sur ce qui se passait alors dans le monde connu. Cette « Histoire » parle essentiellement des années 220 avant J.C. à 146 avant J.C.
Les deux premiers tomes qui sont arrivés à nous ne sont en fait qu’une vaste introduction racontant les événements marquants de l’antiquité de la Ville.
Il a été souvent dit que son style était froid et qu’il se livrait à maintes digressions ; mais ce qu’il raconte est d’une rigoureuse impartialité et d’une parfaite certitude. C’est le premier historien à rendre des faits vérifiés ; il ne veut pas recomposer des discours qui n’ont jamais été prononcé comme le fit Tite Live. Sa manière d’écrire une phrase, c'est-à-dire de faire de faire un agencement de mots a été très critiqué par Denys d’Halicarnasse ; il fut ausssi le premier historien à chercher des causes au déroulement de l'histoire ; c’est chez Polybe que Gustave Flaubert cherchera le personnage de Salammbô ; il y puisera les sources historiques dont il se servira pour écrire son livre (révolte des mercenaires).
Il est aussi à l’origine d’un procédé de cryptographie basé sur un carré de 25 cotés qui permet un phénomène de substitution. Chaque lettre peut être remplacée par un chiffre, il se proposait de mettre en action ce système par un jeu de torches. Il n’y a aucune mention que ce code fut employé.