Hiérarchie militaire :
L’armée et sa hiérarchie est à examiner sous deux aspects : l’armée de la République qui n’est pas permanente et celle de l’Empire qui est, elle, professionnelle et permanente. L’armée républicaine, jusqu’à la deuxième guerre punique, est divisée en quatre légions, (puis 6 et ensuite 23) deux par consul. Elle est commandée par ces consuls ou par un général qui a reçu une délégation d’un consul aves approbation de son collègue et du Sénat. Ces « imperatores » ou commandant en chef étaient généralement nommés pour 5 ans (voir Jules César en Gaule). Mais, jusqu’au III° s. avant J.C., cette période n’excédait jamais 1 an, sauf très rares exceptions dues à un grand danger.

Ils pouvaient nommer des légats pour des missions ponctuelles (J. César et Labienus). Pour les aider dans la partie financière de leurs taches (solde, butin etc.), le Sénat les faisaient assister par un questeur qui était magistrat en début de carrière.  
L’unité, la légion, va être commandée par des tribuns militaires qui sont élus par les Comices Tributes, ils furent souvent (51 fois recensées)  investis d’un pouvoir politique (tribuni militum consulari potestati). Ils furent au nombre de 24, c’est-à-dire 6 par légion. Ils vont commander chacun à leur tour soit par jour, soit par mois. Par la lex Rutilia Rufa, les consuls vont pouvoir désigner des tribuns, ces deniers seront appelés tribuns Rufili. C’était une obligation pour toute personne qui voulait être élue à un poste de magistrat que d’avoir effectué un service militaire  de 5 ans comme tribun (on considérait que c’était un devoir civique).
La hiérarchie militaire va être définitivement fixée par l’empereur Auguste. Comme on connait mieux les militaires impériaux que ceux de l’époque républicaine (les textes et les éléments épigraphiques sont plus nombreux pour cette période impériale), il va être parlé d’eux avec quelques petites références à leurs confrères républicains, les soldats-citoyens. Avant toute chose, il convient de dire que l’avancement dans l’armée romaine ne fut jamais une question de mérite mais de rang social. Il y avait un abime entre le centurion et les officiers supérieurs. Cet état de chose changea un peu sous J. César puis un peu plus avec le second triumvirat, il disparut totalement avec Auguste, empereur.
Sous l’Empire, le chef suprême des armées était l’empereur. Il déléguait son commandement à des légats qui étaient nommés à la tête d’une légion pour généralement de deux ans à cinq ans. Sous ses ordres, se trouvaient 6 tribuns,  un tribun laticlave, son second qui se reconnaissait à la large bande pourpre ornant sa tunique comme celle des sénateurs, elle montrait qu’il faisait partie d’un ordre : la classe sénatoriale. Il va surtout se charger des tâches administratives mais il pouvait aussi en prendre le commandement (tribun pro legata). Au commencement de sa carrière il avait à peu près, à peu près 20 ans, il va rester en poste au minimum 10 ans.
« Personne ne peut être élevé à aucun degré de magistrature, qu'il n'ait été dix ans au service. » Polybe, VI, 5.
Peu à peu sa charge ne va plus être qu’une obligation avant d’entamer un « cursus honorum » et sa traduction sera une incompétence de plus en plus grande en matière d’affaires militaire ; à travers lui, on voit l’évolution du citoyen-soldat vers le militaire de carrière.

---- Tribun laticlave. Tiré du site : http://pousse-toidemonsoleil.eklablog.com/labo-d-archeologie-l-armee-romaine-a118024058
Puis on va trouver 5 tribuns angusticlaves, on les reconnait à une mince bande pourpre qui orne leur tunique, elle marque leur appartenance à la classe équestre. Ce tribunat militaire était obligatoire pour qui voulait entamer une carrière administrative. Ils avaient la charge, au combat,  de 2 cohortes (1.000 hommes). Autrement, ils étaient chargés de l’approvisionnement, de l’hôpital, des exercices et ils s’occuper de tout ce qui touchait à la justice. Parmi eux, étaient choisis ceux qui commanderaient la cavalerie légionnaire ; puis l’empereur Gallien les supprima. Pour ces différentes tâches, leur solde était de 50.000 sesterces au temps d’Auguste.
Puis venait le troisième personnage, le préfet de camp. Sous Auguste et ses successeurs immédiats, il va avoir la charge d’administrer plusieurs légions, celles réunies dans un même camp, camp provisoire ou définitif qui va défendre un territoire frontalier de l’Empire (limes). Il prenait en charge, par exemple, tout ce qui touchait à l’entretien des remparts, tout ce qui était matériel, en fait c’était une sorte d’architecte militaire  La nature de son travail l’attacha beaucoup plus à un camp comme élément de maçonnerie qu’à la garnison. Lors de la rébellion de Saturninus, gouverneur de la Germanie Supérieure, l’empereur Domitien ne voulut plus que plusieurs légions partagent le même camp ce qui entraina automatiquement un rapprochement entre lui et la garnison, il ne fut plus qu’un officier supérieur d’une légion, devint alors « préfet de camp légionnaire » (praefectus castrorum legionis). Il ne prenait que rarement part à un combat, il restait à la tête des réserves et n’intervenait qu’en cas de besoin. Il va beaucoup plus s’occuper, être presque le premier personnage de la légion lors du siège d’une ville, autrement tout ce qui concerne l’artillerie de son unité lui incombe. Durant une marche, il a la responsabilité des bagages, là où se trouvent les machines militaires. L’Egypte qui avait un régime particulier (pays interdit à la classe sénatoriale) vit ses légions commandées par un préfet qui appartenait à l’ordre équestre.
Maintenant nous allons étudier la fonction d’officier subalterne : le centurion qui, en fait, est la colonne vertébrale de la légion, le personnage qui a la plus grande valeur militaire, il en est l’ossature. Jusqu’à présent, on a été en face d’officiers supérieurs qui, pour la plus part, sauf peut être le légat, n’étaient là que pour satisfaire à un besoin de commencement de carrière civile.  Lui qui est-il ? C’est un militaire de carrière, c’est un officier sorti du rang. Il provient, généralement, de couches sociales inférieures à l’ordre équestre s’il en faisait partie, il était rejeté par les censeurs et devenait un « ex equite romano »Sous la République, il était élu. Polybe évoque ce fait en parlant du dilectus, c’est-à-dire que lors de l’incorporation de nouvelles recrues, il était choisi 60 hommes qui étaient nommés centurions.

Depuis la réforme de Marius, la légion avait comme unité principale la cohorte, 10 par légion, elle-même divisée en 6 centuries sauf la première cohorte qui n’en avait que cinq mais à effectif double. Un centurion commandait une centurie soit à peu près 80 hommes, le premier de ces gradés était le centurion primipile (primus pilus) qui était à la tête de la première centurie de la première cohorte. En fait, au début de l’Empire, on en comptait 59 par légion. Il y en avait deux par manipules (formée de deux centuries), le prior qui commandait celle de droite et le posterior qui avait celle de gauche sous sa responsabilité, ce dernier était sous les ordres du premier. Le prior de la première centurie  de la première manipule des triaires (les vétérans de la troisième ligne) était le plus haut gradé des centurions ce qui faisait de lui le primipile (primus pilus), il assistait aux réunions d’Etat Major et sa valeur militaire en faisait un participant très écouté. Au combat, le centurion se plaçait à droite de son unité, il avait, ainsi, une vision globale de son comportement. Il avait le plumet de son casque disposé transversalement de façon à être vu et reconnu par ses hommes, souvent il était en crin de cheval. Contrairement aux soldats, il portait le glaive au coté gauche et avait des jambières. Il avait à la main un long cep de vigne (vitis), symbole de son autorité, parfois il s’en servait pour frapper ses hommes, ce fut une des raisons des révoltes des légions  de Germanie sous l’empereur Tibère ou de celles de Pannonie : « …pourquoi ils obéissaient en esclaves à un petit nombre de centurions, à un petit nombre de tribuns. » Tacite, Annales, I, XVII. Discours de Percennius.
Révolte en Germanie
« …ils fondent l'épée à la main sur les centurions, éternels objets de la haine du soldat… » Tacite, Annales, I, XXXII.
« … il (Germanicus) leur demanda ce qu'était devenue la subordination militaire, où était l'antique honneur de la discipline, ce qu'ils avaient fait des centurions, des tribuns, alors se dépouillant tous à la fois de leurs vêtements, ils lui demandent à leur tour s'il voit les cicatrices de leurs blessures, les traces de coups de verges. » Tacite, Annales, I, ilpérieure qu’il avait, un primipile avait un avantage pécuniaire, sa solde était 4 fois plus élevée que celle des autres centurions, ces derniers touchaient 15.000 sesterces par an au début de l’empire. Sa carrière militaire pouvait comporter un second primipilat ce qui lui conférait une autorité supérieure à celle d’un tribun.
La grande question qui voit s’affronter les historiens est de savoir si un centurion primipile faisait partie automatiquement de la classe équestre.

Selon certains d’entre eux, tous les primipiles du temps d’Auguste et de Tibère devenaient des chevaliers au sortir de la carrière militaire. Avant le règne de Claude, on a 5 inscriptions qui indiquent  que des anciens centurions primipiles ont été tribun puis préfet de camp.
Le centurion était entouré  de principales, grade qui peut être assimilé aux sous-officiers de notre époque. Parmi eux, se trouvait les porteurs d’enseignes, les joueurs de cor (cornicenes), ils transmettaient les ordres grâce à leur instrument (comme aujourd’hui les clairons), les campidores qui étaient les instructeurs, les pecuarii qui s’occupaient du ravitaillement, le tessarius qui recevait le mot de passe et les ordres des officiers supérieurs qui lui était transmis par l’intermédiaire d’une tablette (tessera). Le principal sous-officier était l’optio qui était choisi par le centurion. Il faisait office de bras droit. Il était dit « ad spem ordinaris » ou tout simplement « spei » lorsqu’il voulait être lui-même centurion. Au combat, il se tenait à l’arrière de sa centurie pour veiller à ce qu’elle ne se débande pas. Tel qu’on peut le voir sur des stèles, il avait un bâton de commandement qui se terminait par une boule et les textes nous disent qu’il touchait une double solde. On trouve aussi ce mot d’optio dans la marine pour désigner le second du commandant que l’on peut assimiler à un centurion.
Au bas de l’échelle, on trouve le simple soldat. Le chanceux est celui qui peut avoir une spécialité lui donnant l’avantage d’être dispensé de corvée. L’autre (miles gregorius) est taillable et corvéable à merci.
 ---- Temps de l’Empire                                                                                                                                       ---- Temps de la République                                  

Le soldat de la République est totalement différent de celui de l’Empire Sous la République, il doit s’équiper à ses frais, c’est pour cela qu’un vélite (posté devant la première ligne, a un équipement très léger) est un citoyen dépourvu d’importants moyens financiers, l’inverse est le cavalier ; il doit avoir le droit de cité, il doit être propriétaire (avoir quelque chose à défendre), il a entre 17 et 46 ans (âge où un Romain est mobilisable). Tandis que le soldat impérial est un professionnel.  
Un dernier mot pour évoquer le décurion qui est le pendant du centurion dans la cavalerie. Il commandait une turme, cette unité était la base de la cavalerie légionnaire. La turme était composée de 30 hommes, chaque décurion commandait à 10 hommes, il y avait donc 3 décurions par turme, un principal qui était à la tête de l’unité, assisté par les 2 autres. Avant Auguste, il y avait 10 turmes par légion soit 300 cavaliers puis après sa réforme, il n’y en eu plus que 120 légionnaires, les corps de cavalerie étaient constitués par les troupes auxiliaires, commandées par un tribun romain.

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