Bataille de Teutoburg: Septembre 9 après J.C.
Ce combat se déroula en Germanie et opposa trois légions romaines à une multitude de guerriers du pays. Il vit l'écrasement total des Romains.
Les historiens modernes ne peuvent en préciser la date exacte ni sa localisation précise. On pense, généralement, que c'est au carrefour de l'Ems, Weser, Lippe.
Récemment, des archéologues ont découvert des restes d'armes et de squelettes près de la colline de Kalkriese, en basse Saxe, aux environs d'Osnabrük, et en font l'endroit où se déroula cette bataille.
Le commandement des troupes en présence était assuré, du coté romain, par Varus (55 ans) , légat de Germanie et du coté germain par Arminius :
--- Arminius |
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Ce dernier était un CHERUSQUE romanisé. Il avait été otage, avec son frère, fait citoyen romain sous le nom de Caius Julius Arminius (son nom germain était Hermann ou Irmin) . Il aurait fait partie de l'Etat-major de Tibère lorsqu'il commandait en Germanie, là, il aurait côtoyé Velleius Paterculus .
"Ce frère, nommé parmi nous Flavius, servait dans nos troupes avec une fidélité remarquable, et quelques années auparavant il avait perdu un œil en combattant sous Tibère." Tacite, Annales, II, 9.
Il était à la tête d'une troupe d'auxiliaires germains ce qui faisait de lui un expert en tactique déployée par les Romains, cette connaissance lui sera fort utile par la suite. Il devint un héros national, au-delà du Rhin, au même titre que, chez nous Vercingétorix. Il fut même le personnage principal d'un drame historique exaltant la résistance à Napoléon I.
"Cet homme fut sans contredit le libérateur de la Germanie ; et ce n'était pas, comme tant de rois et de capitaines, à Rome naissante qu'il faisait la guerre, mais à l'empire dans sa grandeur et sa force. Battu quelquefois, jamais il ne fut dompté. Sa vie dura trente-sept ans, sa puissance douze." Tacite, Annales, II, 88.
Il eut droit à sa statue.
--- Sa statue.
Comme je l'ai déjà dit, les troupes romaines étaient placées sous les ordres de Varus, représentant ( legatus pro praetore ) nommé par l'empereur Auguste, pour la Germanie. Il était marié à Vipsania Marcella , fille d' Agrippa , compagnon des premiers jours d'Auguste quand il était encore qu'Octave et vainqueur d' Actium , c'était un proche de l'empereur ; avant d'occuper le poste de légat de Germanie, il fut gouverneur des provinces d'Afrique puis de Syrie.
Il avait fait d' Arminius un de ses amis. Ce dernier pouvait lui raconter tout ce qu'il voulait. Varus, accompagné par lui dans un premier temps parcourait sa province en long et en large avec ses forces armées, plus précisément à ce moment, il voulait rejoindre ses quartiers d'hiver en Rhénanie. Il est à noter qu'Auguste avait réduit les forces romaines à trois légions plus six cohortes et trois ailes de cavalerie auxiliaires soit une trentaine de milliers d'hommes, forces très insuffisante pour occuper une province nouvellement crée et turbulente, oh combien !!!
Dans sa marche, Varus a négligé de prendre des mesures élémentaires de prudence, il s'est laissé dicter son itinéraire et n'a pas pris la simple précaution d'envoyer des éclaireurs. En un mot, il a trop fait confiance à Arminius.
La trop longue colonne va s'engager dans l'immense forêt et ne pourra en aucun moment se déployer face à l'ennemi pour le combattre ainsi que le légionnaire en a l'habitude. Les découvertes archéologiques récentes montrent que la bataille se déroula sur une surface de 50 km carrés.
La bataille qui va durer trois jours va commencer par un harcèlement continuel des détachements isolés. Les Germains attaquèrent d'abord l'arrière garde pour bloquer tout retour en arrière et obliger l'armée romaine à avancer plus avant dans l'étroite route forestière où elle ne pouvait évoluer. Le temps était mauvais et allait bien vite se transformer en tempête. Les sentiers suivis par la troupe sont de véritables bourbiers, entourés de marécages. On ne peut parler de combat où les hommes sont groupés mais d'affrontements individuels qui vont très vite dégénérés en massacre. Beaucoup dont un grand nombre d'officiers vont essayer de s'échapper en désertant les lieux de la bataille, ils s'enfuient mais en vain, en particulier Numonius Vala qui commandait la cavalerie romaine :
"...le lieutenant de Varus, Vala Numonius, homme par ailleurs honnête et doux, donna l'exemple le plus funeste : il s'enfuit avec la cavalerie, laissant seule l'infanterie et essaya de gagner le Rhin avec ses escadrons ; mais le destin vengea ce crime, car Numonius ne survécut pas à ceux qu'il avait trahis et fut victime de sa trahison." Velleius Paterculus, II, 119. (traduction trouvée sur le site de P. Remacle).
Avant d'être totalement anéantie, la troupe va édifier, suivant l'habitude des légions, chaque soir un camp, au total, il y en aura deux ; Germanicus en retrouvera la trace six ans après :
« Les succès de Germanicus dans son expédition contre les Germains lui permirent de s'avancer jusqu'à l'Océan, et, vainqueur des barbares par la force de ses armes, il recueillit les ossements des soldats tombés avec Varus, leur donna la sépulture, et recouvra les enseignes. » Dion Cassius, livre 57.
« … l'on pénètre dans ces lieux pleins d'images sinistres et de lugubres souvenirs. Le premier camp de Varus, à sa vaste enceinte, aux dimensions de sa place d'armes, annonçait l'ouvrage de trois légions. Plus loin un retranchement à demi ruiné, un fossé peu profond, indiquaient l'endroit où s'étaient ralliés leurs faibles débris. Au milieu de la plaine, des ossements blanchis ; épars ou amoncelés, suivant qu'on avait fui ou combattu, jonchaient la terre pêle-mêle avec des membres de chevaux et des armes brisées. Des têtes humaines pendaient au tronc des arbres ; et l'on voyait, dans les bois voisins, les autels barbares où furent immolés les tribuns et les principaux centurions. Quelques soldats échappés à ce carnage ou qui depuis avaient brisé leurs fers, montraient la place où périrent les lieutenants, où les aigles furent enlevées. "Ici Varus reçut une première blessure ; là son bras malheureux, tourné contre lui-même, le délivra de la vie." Ils disaient "sur quel tribunal Arminius harangua son armée, combien il dressa de gibets, fit creuser de fosses pour les prisonniers ; par quelles insultes son orgueil outragea les enseignes et les aigles romaines. Ainsi les soldats présents sur le théâtre du désastre recueillaient, après six ans, les ossements de trois légions ; et, sans savoir s'ils couvraient de terre la dépouille d'un proche ou d'un étranger… » Tacite, Annales, I, 61, 62.
Voyant que tout était perdu, Varus va se suicider en se jetant sur son épée. Des trois légions qui l'accompagnaient, pas une n'en réchappa, il y avait la XVIIème, la XVIIIème et la XIXème, leur histoire est inconnue ; on suppose qu'elles furent crées après la bataille de Philippes qui vit le défaite des meurtriers de César.
--- Varus
Quelques soldats purent se sauver, les autres survivants furent faits prisonniers et furent abominablement torturés avant d'être exécutés. La tête de Varus fut détachée de son corps, donnée à Marobod, roi des Marcomans, pour que celui-ci rejoigne les rangs des insurgés dans la révolte germaine contre Rome, il l'envoya à Auguste sans aucun commentaire. L'empereur, à l'annonce de ce désastre, prit le deuil :
« Il n'essuya de défaites ignominieuses que celles de Lollius et de Varus, toutes deux en Germanie. La première fut plutôt un affront qu'une perte. La seconde faillit être funeste à l'État : trois légions furent taillées en pièces avec leur chef, ses lieutenants et ses troupes auxiliaires. À cette nouvelle, il disposa des sentinelles dans Rome pour prévenir tout désordre, et confina dans leur place les commandants des provinces, afin que leurs lumières et leur expérience retinssent les alliés dans le devoir. Il consacra de grands jeux à Jupiter pour le rétablissement des affaires de la République , ainsi qu'on l'avait fait dans la guerre des Cimbres et des Marses. Enfin on dit qu'Auguste fut tellement consterné de ce désastre, qu'il laissa croître sa barbe et ses cheveux plusieurs mois de suite, et qu'il se frappait de temps en temps la tête contre la porte, en s'écriant: " Quintilius Varus, rends-moi mes légions". L'anniversaire de cette défaite fut toujours pour lui un jour de tristesse et de deuil. » Suétone, Auguste, XXIII.
Il en tira la conclusion, et ses successeurs firent de même, que la Germanie ne pourrait jamais être incluse ans l'Empire et ses limites occidentales furent fixées au Rhin et non pas à l'Ebre.
Pour avoir une idée exacte de la situation entre Germains et Romains, il suffit de lire les Annales de Tacite au livre I et son livre sur la Germanie.
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