Regia

Regia :

La légende veut que ce soit Numa Pompilius, deuxième roi de Rome, qui l'ait bâtie au VII ème siècle avant J.C. Elle aurait été sa résidence :

"Après avoir réglé tout ce qui regardait les collèges des prêtres, Numa bâtit près du temple de Vesta un palais appelé Regia, maison du roi. Il l'habitait ordinairement, et s'y occupait à faire des sacrifices, ou à instruire les prêtres, et à s'entretenir avec eux de tout ce qui avait rapport à la religion." Plutarque, Numa, 14.

Selon des fouilles récentes, elle serait encore plus vielle puisqu'on la date, pour la première de 775-750 avant J.C. puis vers 750-725 avant J.C. elle aurait été remplacée par une cabane rectangulaire soutenue par deux poteaux de bois.

---> Platner, 1911.

Elle eut à subir plusieurs incendies et c'est en 36 avant J.C. qu'elle fut reconstruite plus petite mais plus luxueuse par C.Domitius Calvinus, elle dut brûler encore sous Néron puis sous Commode.

Elle était faite de solides plaques de marbre blanc et dotée d'un plancher, lui aussi, de marbre. C'était un édifice aux abords de la via Sacra, près de la maison des Vestales, sur le Forum, au pied du Palatin, qui s'ouvrait sur une cour à ciel ouvert suivi d'une antichambre couverte. Dans cette cour, ont été trouvés les restes d'un égout ancien, des puits et une citerne ou un silo en bloc de tuf. Lieu consacré, de forme rectangulaire, elle était divisée en trois pièces :

· Une antichambre ou vestibule.

· Un sanctuaire " opts consiua " dédié à la déesse de l'Abondance où seuls le grand pontife et les Vestales pouvait pénétrer.

· Dans la troisième pièce étaient conservées les armes du dieu Mars : boucliers et lances. Leurs mouvements étaient considérés comme un signe néfaste, seul des sacrifices pouvaient annuler ce signe négatif. (il est dit que " les lances de Mars " bougèrent juste avant l'assassinat de César). Il semble qu'à travers les différentes reconstructions, l'apparence ancienne ait été gardée. Cette salle est dallée de pierre de tuf qui entoure le soubassement d'un édicule circulaire

A son extrémité ouest se trouvaient des locaux réservés aux " Kalatores ", employés des pontifes et des flamines. C'était un lieu de conservation, conservation des archives religieuses : actes du collège des pontifes, calendrier officiel (c'était les prêtres qui fixaient les jours fériés), tous les faits religieux étaient consignés. Ces documents étaient gravés sur le mur extérieur sud-ouest de façon à être visible de tout le monde. A partir du III ème siècle avant J.C., le grand pontife faisait afficher sur les murs la notation des événements survenus dans l'année ainsi que des prodiges, Tite-Live y puisera largement pour écrire sur les guerres puniques. Sur ceux de l’ouest  et du sud étaient inscrits les fasti consulares et sur les pilastres, au sud, on voyait les fasti triumphales. Là devait se réunir le collège des pontifes. Des sacrifices y étaient faits. La tête du cheval d’Octobre y était attachée lorsque les habitants de la via Sacra avait gagné, le sang de sa queue était aspergé :

OCTOBER EQUUS. On appelait ainsi le cheval qui, au mois d'octobre, était immolé dans le champ de Mars en l'honneur du dieu Mars. La tête de ce cheval était vivement disputée entre ceux du quartier Subura et ceux de la voie Sacrée ; ceux-ci voulaient l'attacher aux murs du palais des rois ; ceux-là aux murs de la tour Mamilia. La queue de ce même cheval était portée en toute hâte au palais des rois, afin de faire égoutter dans le foyer le sang qui s'en échappait. Festus.

C'était un temple que personne n'habitait : " On appelle ainsi un édifice ou les prêtres convoqués par le pontife se réunissent comme dans un temple, parce qu'en y accomplit les cérémonies saintes réservées d'ordinaire au roi des sacrifices." Festus.

En 121 avant J.C., le premier arc de triomphe fut construit non loin de là. Il s'agit du " fornix Fabianus " qui commémora la victoire de Q. Fabius Maximus sur les Allobroges.

Elle ne devait pas être la résidence du " pontifex maximus ". C'était un lieu consacré qui était destiné, comme il a été dit précédemment, à la conservation. Il semble que durant la République l'habitation du prêtre, chef suprême de la religion romaine, fut une maison publique proche de l'Atrium des Vestales.

"...quand il (César) fut nommé grand pontife, il eut pour demeure un bâtiment de l'État, sur la Voie Sacrée." Suétone, César, 46.

Auguste qui était " pontifex maximus " la transféra sur le Palatin. Il la donna aux vestales qui la joignirent à leur propre maison. Vers le huitième siècle, elle devint une maison pour particulier.

Aucune monnaie, aucun monument n'en garde des images, on ne peut que la reconstituer grâce aux fouilles du Forum. En particulier celles de 1888 et 1899 qui permirent de mettre à jour son architecture intérieure et qui ont montré que Calvinus l'avait reconstruite en marbre. D'aures fouilles, en particulier, en 1964-1964 ont révélé l'histoire du bâtiment.

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