DES RHETEURS ILLUSTRES.

par

Suétone

 

1.AINSI que la grammaire, la rhétorique fut introduite tard chez nous; elle éprouva même plus de difficultés: on sait qu'on en défendit quelquefois l'enseignement 1.
Pour lever tous les doutes à cet égard, je reproduirai un ancien sénatus-consulte, et un édit des censeurs. « Caïus Fannius Strabon et M. Valerius Messala 2 étant consuls, le préteur Marcus Pomponius 3 consulta le sénat.
Après qu'on eut parlé des philosophes 4 et des rhéteurs, voici ce qu'on décida 5 : M. Pomponius fut chargé de prendre des mesures contre eux, et de veiller, selon sa conscience, et conformément à l'intérêt de la république 6, à ce qu'il n'y en eût point à Rome. Dans la suite, les censeurs Cneus Domitius Enobarbus et Lucius Licinius Crassus rendirent à leur sujet la décision suivante 7: «Il nous a été rapporté que certains hommes ont introduit un nouveau genre d'enseignement, et que la jeunesse se réunit chez eux pour cet exercice. Ils se nomment, dit-on, rhéteurs latins ; de jeunes adolescens y passent toutes leurs journées. Nos ancêtres ont déterminé ce que leurs enfans devaient apprendre, et quelles écoles ils devaient fréquenter. Ces nouveautés, qui sont contre les habitudes reçues et les usages de nos aïeux, ne nous plaisent point, et nous paraissent pernicieuses. C'est pourquoi nous jugeons à propos de témoigner notre improbation, et à ceux qui tiennent ces écoles, et-à ceux qui ont contracté l'habitude d'y aller.» Peu à peu cependant la rhétorique fut jugée utile et convenable: beaucoup de personnes la recherchaient dans l'intérêt de leur sûreté et de leur gloire. Cicéron déclama en grec, jusqu'à ce qu'il fût arrivé à la préture; il déclama en latin dans un âge plus avancé, et même sous le consulat d'Hirtius et de Pansa 8, qu'il appelait ses disciples lorsqu'ils étaient déjà grands, et revêtus de la robe prétextes.
Quelques historiens rapportent que, vers le commencement de la guerre civile, Cn. Pompée, afin de pouvoir répondre avec plus de facilité à Caïus Curion, jeune homme plein de feu, qui soutenait le parti de César, reprit l'habitude de s'exercer à la déclamation. Ils disent que ni Antoine, ni même Auguste ne l'abandonnèrent pendant la guerre de Modène. Néron déclama dans la première année de son règne, et précédemment il l'avait fait deux fois en public; enfin, la plupart des orateurs ont écrit des déclamations. Aussi l'étude de la rhétorique ayant pris beaucoup de faveur, il se présenta des professeurs et des docteurs en foule; quelques-uns même arrivèrent de la plus basse condition à l'ordre des sénateurs, et aux plus grands honneurs. Mais la méthode d'enseignement ne fut ni la même pour tous, ni invariable pour chacun en particulier : il y eut diverses manières d'exercer les disciples. Les maîtres présentaient les beautés du discours sous toutes sortes de figures, pour différens sujets, par forme d'apologue et toujours autrement ; tantôt c'étaient des narrations succinctes et rapides, tantôt des amplifications plus étendues, plus abondantes. Parfois on traduisait les écrits des Grecs; on vantait les hommes célèbres, ou on les blâmait : on donnait aussi des préceptes pour la vie commune, enseignant ce qui est utile et nécessaire, et montrant ce qui est pernicieux et superflu. Souvent on apprenait à confirmer les fables, ou à détruire la foi historique de ce genre : les Grecs l'appellent thèse, réfutation, démonstration.
Mais ces exercices tombèrent peu à peu en désuétude ; on en vint aux controverses 10. On choisissait les anciennes, dans l'histoire, où l'on en prend encore quelques- unes aujourd'hui, ou bien l'on s'attachait à des faits récens, à des sujets vrais, en y ajoutant des
noms de lieux. On en a fait des recueils; peut-être ne sera-t-il pas inutile d'en citer un ou deux morceaux, par forme d'exemple : «En été, des jeunes gens de Rome viennent à Ostie ; ils trouvent sur le rivage des pêcheurs qui traînent un filet, et font prix avec eux pour ce qu'ils prendront d'un jet : ils paient la somme convenue, et, après avoir attendu longtemps, on retire le filet, dans lequel il n'y a pas un poisson, mais un panier garni d'or. Les acheteurs disent que le jet leur appartient, les pêcheurs le veulent garder. »—« Des marchands d'esclaves débarquent à Brindes une troupe d'esclaves à vendre; mais pour frauder les employés de la douane, ils mettent à un jeune et beau garçon la bulle et la robe prétexte I2, et parviennent aisément à cacher leur fraude. On arrive à Rome, la chose est connue,et l'on réclame la liberté pour ce jeune garçon, par la raison qu'il a été affranchi de la volonté de son maître. » Autrefois ces sortes de question s'appelaient d'un mot grec synthèses 13, puis on leur donna le nom de controverses ; elles étaient, soit
d'invention, soit judiciaires. Quant aux professeurs illustres qui ont laissé quelque souvenir, on en trouvera difficilement d'autres que ceux dont je vais parler 14.

2. L. Plotius Gallus 15. Voici ce qu'en dit Cicéron dans une lettre à MarcusTitinius 16 : «Je me rappelle que dans notre enfance le premier qui se mit à enseigner en latin fut un certain Lucius Plotius. On accourait en foule chez lui, et les plus studieux allaient s'y exercer. Aussi éprouvai-je beaucoup de chagrin de ce qu'il ne m'était pas permis de les imiter; mais j'étais retenu par l'influence
des plus savans hommes, qui pensaient que l'esprit avait plus à gagner aux exercices grecs. Célius, dans un discours qu'il fit pour repousser une accusation de violence, désigne ce même Plotius (car il vécut fort longtemps) comme ayant dicté cette action à Atracinus 17, son accusateur. Il ne prononce point son nom, mais il l'appelle rhéteur de pain d'orge 18, pour se moquer de sa
boursouflure, de sa légèreté et de sa grossièreté.

3. On dit que L. Otacilius Pilitus 19 fut esclave, et qu'il traîna même la chaîne à laquelle, selon le vieil usage, étaient attachés les portiers 20. Pius tard, ayant été affranchi à cause de son esprit et de son goût pour les lettres, il souscrivit une accusation intentée par son patron 2I. Il enseigna ensuite la rhétorique, eut pour disciple Cn. Pompée, et écrivit en plusieurs livres l'histoire des actions du père de ce Pompée et de Pompée lui-même. Cornélius Nepos pense que le premier parmi les affranchis 22 il osa écrire l'histoire, qui jusque-là était restée le domaine exclusif des écrivains de bonne naissance 23.

4. A la même époque, Epidius 24, entaché de calomnie, ouvrit une école de l'art de la parole. Il eut pour élèves M. Antoine et Auguste. Un jour que ceux-ci reprochaient à C. Canutius de suivre dans les affaires publiques la secte du consulaire Isauricus, il répondit «qu'il aimait mieux être disciple d'Isauricus 25 que du calomniateur Epidius. » Cet Epidius se vantait de descendre d'Epidius Nuncio, que l'on dit avoir été précipité dans la source du Sarnus 26, d'où il ressortit immédiatement après avec des cornes, et disparut de nouveau pour prendre place au rang des dieux.

5. Sextus Clodius, de Sicile, était à la fois professeur d'éloquence grecque et latine. Il avait de mauvais yeux, mais il était très caustique, et il disait « qu'il devait la perte de ses yeux à sa liaison avec Marc-Antoine 27.» Fulvie, femme d'Antoine,avait une joue plus grosse que l'autre ; Clodius dit « qu'elle provoquait la pointe du stylet 28 » cela ne l'empêcha pas de plaire à Antoine, et peut-être lui plut-il pour cela même. Dès qu'il fut consul 29, Antoine lui fit un riche présent, ainsi que Cicéron le lui reproche dans ses Philippiques : « Vous prenez un maître, que par votre suffrage et celui de vos convives vous proclamez rhéteur, et vous lui permettez d'attaquer qui il lui plaît ; sans doute c'est un homme fort spirituel, mais parler contre vous et les vôtres est chose bien facile.
Quelle a été cependant la récompense du rhéteur ? Ecoutez, pères conscrits, et connaissez toutes les plaies de la république.Tu as assigné deux mille arpens de terres de Leontium
30 au rhéteur Sextus Clodius, et ils sont de plus exempts de charges : voilà ce que tu paies pour apprendre à n'avoir pas le sens commun. »

6. C. Albutius Silus, de Novarre 31, étant édile dans sa patrie 32, rendait la justice : un jour, ceux contre lesquels il venait de prononcer le saisirent par les pieds et le tirèrent à bas de son tribunal. Il en fut tellement indigné, qu'il courut droit à la porte de la ville, et de là jusqu'à Rome. Il y fut reçu dans l'intimité de l'orateur Plancus 33 ; et comme celui-ci, quand il allait déclamer, avait coutume d'aposter quelqu'un qui parlât avant lui, Albutius se chargea de cet exercice, ce qu'il fit si bien, qu'il réduisit Plancus au silence, car il n'osa point risquer la comparaison. Cela rendit Albutius célèbre; il ouvrit un auditoire où il proposait ordinairement des controverses, et parlait assis jusqu'à ce que dans la chaleur de la discussion il se levât pour achever son discours. Il avait divers genres de déclamations; tantôt il était solennel et pompeux; puis, pour n'être point entièrement un rhéteur de l'école 34, il devenait simple 35, négligé, et n'employait que des expressions triviales. Il plaida aussi des causes, mais plus rarement, ne s'attachant qu'aux plus considérables, et ne se chargeant jamais que de la péroraison 36. Il renonça ensuite au forum, en partie par honte, en partie par peur. Dans une affaire de la compétence des centurions, il avait poursuivi son adversaire de reproches sur son manque de piété filiale, et, par forme de figure 37, lui avait porté le défi de prêter un serment : « Jure, disait-il, jure par les cendres de ton père et de ta mère, qui n'ont point reçu les derniers devoirs. » L'adversaire s'empara de la proposition, que les juges acceptèrent, et Albutius perdit sa cause, non sans en être vivement blâmé. Une autre fois, à Milan, dans une affaire de meurtre, il défendait un accusé, devant le proconsul L. Pison ; le licteur ayant imposé silence à ceux qui élevaient trop la voix pour le louer, il s'emporta, gémit sur la condition de l'Italie 38, comme si elle était pour la seconde fois réduite en province; puis il invoqua Marcus Brutus, dont la statue était à proximité, l'appela l'auteur, le vengeur de la liberté et des lois, et faillit se faire punir à raison de ses écarts. Dans un âge avancé, étant affligé d'un abcès, il revint à Novarre, convoqua le peuple, et, après avoir exposé, en forme de harangue, les motifs pour lesquels il avait résolu de mourir, il s'abstint de toute nourriture.

NOTES
SUR LES RHÉTEURS ILLUSTRES

1. On en défendit quelquefois l'enseignement. Beaucoup d'auteurs parlent de ces persécutions absurdes, et Sénèque les déplore.
Après la guerre contre Persée, dans la première ou la seconde année de la 153e olympiade, le sénat avait fait transférer en Italie
mille Achéens, et les y avait retenus. Ces personnages avaient la plupart tenu un rang assez élevé dans leur patrie. L'exil et le
désoeuvrement leur firent consacrer leur temps à l'étude de la philosophie et de la rhétorique : ils disputèrent et ils déclamèrent, et
quelquefois pour de l'argent, afin de pourvoir à leur subsistance. La jeunesse romaine les écoutait avec ardeur; clic négligeait tout
pour les entendre. Ce fut l'occasion de l'expulsion des rhéteurs, qui furent chassés de la ville.
2. Caïus Fannius Strabon et M. Valerius Messala. Ils furent consuls en l'an de Rome 592. ( Voyez CASSIODORE, les Fastes capitolins, et les Annales de Pighius.)
3. Le préteur Marcus Pomponius. Il était peut-être préteur des étrangers : on ne nous dit pas quelle était sa juridiction. Notre
conjecture porte uniquement sur ce que l'objet de son rapport fait présumer.
4. Après qu'on eut parlé des philosophes. En latin on se sert d'une formule solennelle et invariable, pour exprimer toute espèce
de rapport ou de compte rendu : Quod verba facta sunt. Elle était tellement usitée, qu'on ne l'écrivait que par les initiales.
5. Voici ce qu'on décida. Autre formule non moins solennelle. Aulu-Gelle l'explique dans les Nuits attiqucs, liv. xv, ii. Ordinairement
on la fait précéder des lettres s. CONS. ; c'est-à-dire, le sénatus-consulle a décidé. — Consul doit alors se mettre au singulier,
et l'on écrit s. c. D. E. R. I. c.

6. Selon sa conscience, et conformément à l'intérêt de la république. Autre formule sacramentelle; ainsi, quand la république ne
veut pas être défendue par les soldats qui ont abandonné leurs enseignes à Cannes, on ajoute que si le proconsul Claudius pense
autrement, il fasse ce qui lui paraîtra conforme à l'intérêt de la république et à sa conscience, et l'on se sert des mêmes expressions : Quod e republica fideque sua ducetet.
7. Rendirent à leur sujet la décision suivante. Au liv. iii de l'Orateur, c. 24, Licinius explique lui-même ses intentions : « Le fond des choses est infini; ce fond manquait déjà aux rhéteurs grecs de nos jours, et notre jeunesse désapprenait pour ainsi dire en allant apprendre d'eux; pour comble de maux, voilà que les dieux ont permis que, ces deux dernières années, il s'établit chez nous des rhéteurs latins; j'avais fermé leurs écoles par un édit pendant ma censure, non pas, comme certaines gens s'avisaient de le dire, que je voulusse m'opposer à ce que nos jeunes gens devinssent trop instruits et trop capables, mais, au contraire, parce que je ne voulais pas souffrir qu'on leur enseignât seulement la sottise et la présomption. »
8. Et même sous le consulat d'Hirtius et de Pansa. Ici Casaubon crie à l'impossible. Hirtius et Pansa n'avaient pas le temps de déclamer ; Cicéron lui-même ne devait en avoir ni le loisir ni le goût; la guerre civile était partout : partis au commencement de leur exercice, les deux consuls ne revirent plus Rome. Mais d'abord Suétone ne dit pas que Cicéron déclama avec eux pendant leur consulat; il dit seulement qu'il les appelait ses disciples, quand déjà ils portaient la robe prétexte. En second lieu, il ne s'agit pas de l'époque où Cicéron pratiquait le plus ce genre d'étude, mais de l'année jusqu'à laquelle il ne cessa de s'y livrer. Il n'y a donc rien à reprendre ni à changer dans ce passage de Suétone.
9. Lorsqu'ils étaient revêtus de la robe prétexte. Sénèque cite ce que dit à cet égard Cicéron lui-même : il parle de deux jeunes gens qui pourraient bien être Hirtius et Dolabella ; car dans la lettre 450, il dit : " Hirtius et Dolabella prennent de moi des leçons d'éloquence, mais ils sont mes maîtres pour les soupers.... Vous aurez sans doute appris qu'ils déclament chez moi et que je soupe chez eux. "
10. On en vint aux controverses. Il y a dans Sénèque des détails sur les anciennes et sur les nouvelles.
11. En été, des jeunes gens de Rome. La même controverse se trouve dans Valère-Maxime, comme arrivée aux environs de Milet.
12. La bulle et la robeprétexte. De la sorte, les douaniers le prenaient pour un jeune homme de condition libre, et n'exigeaient
point le droit établi sur le commerce des esclaves.
13. S'appelaient d'un mot grec SYNTHÈSES. C'est ainsi que je lis avec Schott. Il y a d'autres leçons auxquelles je référerais encore la conjecture de Gronove; car Cicéron dit expressément dans les Topiques : Quaestionum duo sunt gênera : alterum infinitum, alterum definitum. Definitum est quod ÙTTCSSCHY Graeci, infinitum quod ôs'siv illi appellant, nos propositum possumus nominare. »
14. On en trouvera difficilement d'autres que ceux dont je vais parler. Comme on pense que tout ce que dit la Chronique d'Eusèbe sur des rhéteurs célèbres a été emprunté par saint Jérôme à Suétone, il convient d'y ajouter : Cestius Pius, de Smyrne, qui enseigna à Rome et auquel manquait l'expression latine; L. Porcius Latro, qui se tua de dégoût d'une fièvre double-quarte ; L. Stalius Ursutus ou Sarculus, de Toulouse, qui donna des leçons dans les Gaules; Clodius Quirinalis, d'Arles, qui enseigna à Rome; M. Antonius Liberalis, ami de Palémon, dont nous avons parlé dans les Grammairiens illustres; Sextus Julius Gabinianus, fort célèbre dans les Gaules. Enfin il en est d'autres dont ne parle point la Chronique, mais qui sont très dignes d'être cités : tels que Q. Curtius Rufus, L. Valerius Primanus, Virgilius Flavius, M. Eabius Quintilianus, etc.

15. Plotius Gallus. Ce mot faisait le titre du chapitre. La Chronique d'Eusèbe dit qu'il fut le premier qui enseigna à Rome en
latin. Quintilien le cite comme ayant écrit sur les gestes.

16. Dans une lettre à Marcus Titinius. Nous n'avons point cette lettre, et nous devons ce fragment à Suétone.

17. Atracinus. La Chronique, en faisant mention de l'accusation contre Célius, dit que cet Atracinus n'avait que dix-sept ans, et que déjà il était célèbre parmi les orateurs.
18. Rhéteur de pain d'orge. Il se peut que, parmi les punitions militaires, on ait imaginé de ne donner au patient que du pain
d'orge, et qu'il y ait dans le mot hordearius une allusion qui nous échappe.
19. L. Otacilius Pilitus. Dans la Chronique, ce nom a souffert une grande altération : on y lit Vultacilius Plotus; mais on le désigne par sa qualité d'affranchi de Pompée, en ajoutant qu'il ouvrit une école à Rome.
20. La chaîne à laquelle, selon le vieil usage, étaient attachés les portiers. Cet usage était donc aboli à l'époque où vivait
Suétone. Ovide (Amor., 1 , 61) dit encore : Janitor indigne dura veligate catena. Afranius, cité par Festus : Tintinnire janitoris impedimenta audio.
21. Il souscrivit une accusation intentée par son patron. C'est à dire qu'il le seconda, qu'il se joignit à lui pour la soutenir.

22. Cornélius Nepos pense que le premier parmi les affranchis, etc. Nous n'avons plus le livre dans lequel il disait cela.

23. De bonne naissance. En latin, ab honestissimo quoque scribi solitam ; pour marquer que nul esclave ne s'en était mêlé.
24. Epidius. A en juger d'après son époque et sa profession, cet Epidius est peut-être le même dont parle Pline au liv. xvn,
25 : Les mémoires d'Epidius fourmillent de pareils prodiges : on y trouve aussi des astres qui parlent.

26. Isauricus. Il fut consul quand C. Julius César le fut pour la seconde fois, en 7o5; puis avec Antoine, en 712. (Voyez les
Fastes capitolins, CASSIODORE et PIGHIUS. )

26. Du Sarnus. Fleuve de Campanie. Virgile (Enéide, vii, 738) dit : Sarrastos populos et quoe rigat requerra Saus.C'était dans le voisinage de Sarnus Pompéies. Servius rapporte que, dans un livre écrit sur l'Italie, par Conon, on trouve que ce
lieu fut peuplé par des Pélasges.
27. Qu'il devait la perte de ses yeux à sa liaison avec Marc- Antoine. On voit que j'adopte la leçon extrisse. Il n'y a pas moyen d'entendre ce passage autrement que par cette correction de Statius. Ce sont des parties de débauche qui avaient eu ce résultat.
28. « Qu'elle provoquait la pointe du stylet. » Peut-être parce que les médecins s'en servaient pour percer les abcès et les enflures; peut-être aussi fait-on allusion à l'usage d'essayer sur la joue les armes effilées. Pétrone (c. 70) dit : Ut mucronem ad buccam probaremus. Lucien décrit aussi une joue soufflée, gonflée pour une pareille expérience. Toutefois, il y a ici double sens, obscénité, allusion aux goûts de Fulvie ; ce qui plut beaucoup à Antoine.
29. Dès qu'ilfut consul. En 709, avec Jules César.
30. Deux mille arpens de terres de Leontium. Ces terres, les plus fertiles de toute la Sicile, étaient situées au nord de la ville.
Cicéron vante leur fécondité dans ses Verrines, III, 46 et 47.
31. Novarre. Pline compte Novarre au nombre des municipes de l'Italie Transpadane, et Tacite (HIST. 1, 70) dit : « Ces troupes livrèrent comme présent, au nouvel empereur, les plus fortes places du pays au delà du Pô : Milan, Novarre, Ivrée, Verceil, etc. »
32. Etant édile dans sa patrie. Beaucoup de villes donnaient ce titre à leurs magistrats.
33. Dans l'intimité de l'orateur Plancus. Dans la Chronique d'Eusèbe, il est dit : « L. Munatius Plancus, disciple de Cicéron,
est regardé comme un grand orateur. »
34. Pour n'être point entièrement un rhéteur de l'école. En latin , scholasticus. Sénèque ( Controv) dit « qu'Albutiuss s'inquiétait bien moins de ne pas l'être que de ne le point paraître. »
35. Simple. En latin, circumcise; c'est-à-dire, en retranchant tout ornement de style.
36. Et ne se chargeant jamais que de la péroraison. Nous avons vu dans le traité des Orateurs illustres de Cicéron, que les plaidoiries se partageaient ainsi entre plusieurs orateurs. Brutus lui dit : « Quand il (Hortensius ) partageait avec nous la défense d'une affaire, c'est toujours à vous qu'il abandonnait la péroraison, qui est le morceau où le discours produit le plus d'effet. »
37. Par forme de figure. C'est-à-dire, par manière de parler. Quintilien cite cette anecdote, et y ajoute de plus la protestation
d'Albutius, qui se plaignit qu'il ne serait plus possible de faire
désormais des figures.
38. Gémit sur la condition de l'Italie. C'est-à-dire de l'Italie Gauloise, qui, admise au droit de cité, ne jouissait pas cependant
d'une liberté aussi complète que le reste de l'Italie; car elle était encore province et obéissait à un préteur. Toutefois, les triumvirs Lépide, Antoine et Octave l'assimilèrent au reste de l'Italie, en donnant force à un décret de César. Le but de cette mesure était qu'aucun chef militaire ne pût commander une armée, ni avoir une province en deçà des Alpes.

 

FIN DE L'OUVRAGE

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