Subure

Subure :

On peut diviser la Rome républicaine en trois quartiers : le Palatin pour les riches, l'Aventin et le Subure pour la plèbe.

Le Subure était certainement le quartier le plus connu de Rome, sa renommée venait pour une très grande part de sa mauvaise réputation. C'était un lieu de vie populaire, d'intense activité, au centre de la Ville. Il se situait dans une dépression entre les collines du Viminal et de l'Esquilin.

Il était sale et bruyant, on y trouvait la plus grande concentration d'insulae de la Ville, les pauvres s'y logeaient ou plutôt s'y entassaient dans des immeubles trop hauts, faits à la va-vite, qui souvent, s'écroulaient ou prenaient feu ; c'est pour cela que le fond du Forum d'Auguste, qui était son voisin le plus proche, était pourvu d'un mur de séparation de 30 mètres de haut qui le protégeait de ce péril.

C'est là qu'on y trouvait le plus grand nombre de prostituées, de brigands et d'esclaves en fuite. Le promeneur nocturne y risquait sa vie, le pauvre et les esclaves y trouvaient à bas prix toutes les joies et les réconforts qu'ils cherchaient. Pourtant, on y trouvait des demeures de gens aisés, Suétone écrivit que Jules César y passa son enfance. Il se peut qu'une synagogue y fût construite, en effet des inscriptions arrachées à la terre en font mention. Ce quartier est un des trois où on a retrouvé des traces de l'emplacement d'une caserne des vigiles, effectivement les archéologues n'ont découvert que trois restants de cantonnement sur sept qu'il y avait.

 Sa réputation se fit surtout à travers l'amour vénal qu'il s'y pratiquait et qui, un temps, attira les poètes élégiaques. Les prostituées de bas étage qui officiaient, vendaient leurs charmes douteux ou défraîchis aux pauvres ou aux riches qui voulaient s'encanailler. Les bordels y ouvraient à l'heure légale, c'est-à-dire à la neuvième heure.

" Pendant que tu es chez toi, Galla, on s'occupe de ta parure dans la rue Suburra, où l'on est en train de friser les cheveux qui suppléent à ceux que tu n'as plus ; tu ôtes chaque soir tes dents comme ta robe ; tes attraits reposent dans cent boites diverses, et ton visage ne couche pas avec, toi ; tu t'avises pourtant de m'agacer avec le sourcil qu'on t'apporte le matin ; et tu oses montrer sans rougir ces secrets appas que les années ont blanchis, et que tu peux déjà compter au nombre de tes aïeux. Quoi qu'il en soit, tu me promets monts et merveilles ; mais ma mentule fait la sourde oreille ; et, toute borgne qu'elle est, elle te voit. " Martial, épigramme, livre IX, XXXVIII. Sur le site de P. Remacle.

Rome connut deux quartiers où se développa la prostitution la plus sordide : le quartier du Grand Cirque et Subure.

Dans ce quartier se pratiquait certainement des actes de magie, Horace parle à plusieurs reprises d'une certaine Canidie (qui n'est peut-être pas née de l'imagination du poète), qu'il dépeint comme une sorcière et qui pour reconquérir un amant n'aurait pas hésité à sacrifier un enfant (Horace, épodes V).

La fête du cheval d'Octobre (15 octobre) s'y déroulait. A cette occasion, il y avait une course de chevaux, le gagnant était sacrifié au dieu Mars, sa tête coupée était l'enjeu d'une compétition disputée entre les habitants du quartier situé autour de la via sacra et ceux du Subure.

On n'y rencontrait qu'un seul monument, et encore en périphérie, le " portique de Livie ", proche de l'Esquilin, construit entre 15 avant J.C. et 7 avant J.C. par Auguste en l'honneur de son épouse. Il fut édifié sur les ruines d'une vaste maison, celle de V. Pollion, riche affranchi, qui avait légué ses biens à l'empereur. En son centre, on pouvait voir un petit temple, très fréquenté par les nouveaux mariés qui y venaient faire un sacrifice à la Concordia. Au milieu de ce dernier, se trouvaient deux statues, celle d'Auguste et celle de Livie, respectivement représentés en Mars et en Vénus. Le couple impérial voulait montrer ainsi l'union parfaite qui devait unir deux êtres et mettait ainsi en valeur la notion de famille qui revenait au premier plan. Ce portique est mentionné sur trois fragments du plan de marbre.

" Livie te consacre un temple, ô déesse Concorde; témoignage solennel de l'union qui règne entre elle et son époux bien-aimé. Cependant apprenez, races futures, qu'un immense palais s'élevait aux lieux occupés aujourd'hui par le portique de Livie. Ce palais seul avait été comme une ville à construire, et il n'est plus d'une cité qui ne remplirait pas l'espace qu'il occupait. On le rasa, non que le possesseur fût accusé d'aspirer à la royauté, mais comme monument d'une somptuosité dangereuse. César fut assez ferme pour ordonner l'anéantissement de ces immenses travaux, et pour sacrifier toutes ces richesses dont il était héritier. Telle est la vraie censure; ainsi sont puissants les exemples quand le gardien des lois exécute le premier ses propres commandements. " Ovide, fastes, 637-648.

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