Sénèque : Lucius Annaeus Seneca
Ce grand philosophe stoïcien est né au sein d’une famille équestre installée en Espagne, à Corduba (Cordoue), grande ville de la province romaine de la Bétique. Son père était Sénèque le Rhéteur.
La date exacte de sa naissance est inconnue mais on pense qu’elle dut avoir lieu vers 4 avant J.C. Très jeune, il vint à Rome et après avoir été initié à la rhétorique, il va découvrir la philosophie, en particulier la philosophie stoïcienne avec son maître le philosophe : Attale.  
---- Gravure du XVIII ° siècle,
Il a une santé chancelante qui l’empêcha, semble-il, de suivre et d’accomplir un Cursus Honorum complet, des historiens moderne se sont demandés s’il n’était pas hypocondriaque ? Il semblerait qu’il fut atteint d’une maladie de poitrine. C’est suite à celle-ci qu’il partit pour l’Egypte, pays au climat réputé favorable à cette maladie ; de plus le gouverneur de la province était son oncle. Il y séjourna de 25 après J.C. à 31 après J.C. Allant mieux, il put commencer sa carrière publique. C’est ainsi qu’il fut questeur vers sa trentième année. C’est à cet âge qu’il composa la « Consolation à Marcia », la plus ancienne de ses œuvres qui nous soit parvenue, plusieurs écoles s’affrontent pour la dater.
Une légende ou pas raconte que Caligula voulut le supprimer. Il appartenait, à ce moment là, à l’entourage des sœurs de l’empereur. On dévoila sa relation charnelle avec l’une d’entre elle : Livilla. On prétendit même que Néron était son fils et qu’il aurait été très proche d’Agrippine, toujours est-il qu’il faisait parti de ses proches  Plus tard, Messaline en prit ombrage et le fit exiler en Corse sur ordre de l’empereur Claude. Puis à l’initiative d’Agippine lorsqu’elle fut impératrice, son exil prit fin, il y passa 8 ans (de 41 après J.C. à 49 après J.C.), une croyance veut qu’il ait habité une tour près du Cap Corse, au village de Luri.
Comme à cette époque, Sénèque était connu en tant que philosophe, écrivains et auteur  de tragédies, Agrippine pensa à lui pour servir son ambition ; c’est ainsi que dès son retour d’exil, il devint le précepteur de son fils, Néron (49 après J.C.),
À onze ans, il fut adopté par Claude, et confié aux soins de Sénèque, qui était déjà sénateur. Suétone, VII, 2.
Cependant Agrippine, afin de ne pas se signaler uniquement par le mal, obtint pour Sénèque le rappel de l'exil et la dignité de préteur, persuadée que cet acte serait généralement applaudi à cause de l'éclat de ses talents, et bien aise que l'enfance de Domitius grandît sous un tel maître, dont les conseils pourraient d'ailleurs leur être utiles à tous deux pour arriver à la domination : car on croyait Sénèque dévoué à Agrippine par le souvenir du bienfait, ennemi de Claude par le ressentiment de l’injure.  Tacite, Annales, Livre 12, 8.
avec un Gaulois, originaire de Vaison,  qui était préfet du prétoire : Afrianus Burrus. Néron avait alors 11 ans. Elle lui fit donner la préture pour l’année 50 après J.C., il termina sa carrière politique comme consul suffect en 56 après J.C. Comme précepteur, il développa chez son élève l’art de la parole, de la déclamation, n’oublions pas qu’il était le fils d’un maitre en la matière : Sénèque le Rhéteur, il ne lui enseignera pas la philosophie car comme beaucoup de Romains de l’époque, Agrippine ne pouvait supporter cet art, trouvant les pratiquants trop pédants, trop suffisants, trop arrogants. En matière de politique interne, il va influer sur Néron, sur les premières années de son règne, on a même dit que c’était lui qui régnait, il va surtout insister sur le rôle du Sénat (dyarchie).

Comme le voulait la tradition, c’était le fils ainé qui devait prononcer l’oraison funèbre de son père ce que fit tout naturellement Néron pour l’empereur Claude après que Sénèque le lui ait écrit. Lui-même composa une satire sur cet empereur à qui il devait son exil en Corse : «  l’Apocolosyntosis » que l’on peut trouver sur ce site.
Il se mêla de la vie amoureuse de son élève. Il favorisa les amours de Néron avec Acté en les dissimulant à Agrippine qui était contre cette relation. C’était aussi un chaud partisan d’Octavie, épouse de l’empereur, fille de Claude et de Messaline, sœur de Britannicus, épouse que Néron ne pouvait supporter, Sénèque s’opposa autant qu’il le put au divorce de Néron, ce fut une des raisons de l’inimitié de la future impératrice contre lui.
Malgré les dires de Dion Cassius, il est probable que, bien que présent dans la ville où se déroula le drame, il ne fut au courant de rien de l’assassinat d’Agrippine (écrits de Pierre Grimal). Mais pour des raisons  de politique interne, il dut présenter au Sénat ce meurtre comme le suicide de quelqu’un avait comploté et échoué.
Puis vint le règne de Poppée, le second précepteur de Néron, Burrus, était lui aussi ennemi du divorce de l’empereur et comme par hasard il décéda, on dit qu’il fut empoisonné. Il fur remplacé à la tête du prétoire par Tigellin, un homme au comportement vicieux.  
Devant l’hostilité que l’entourage impérial lui manifestait, il demanda à Néron sa retraite, celui-ci en termes extrêmement flatteurs la refusa, il avait besoin  d’avoir une caution d’honorabilité pour poursuivre une vie que d’aucuns ont qualifiée de malsaine. Sénèque en fut réduit à ralentir son activité politique.
A ces paroles, il ajoute des embrassements et des baisers; formé par la nature, exercé par l'habitude à voiler sa haine sous d'insidieuses caresses. Sénèque lui rendit grâce, conclusion ordinaire des entretiens avec les puissances; mais il changea les habitudes d'une faveur qui n'était plus. Il écarte cette foule qui s'empressait à le visiter; il évite qu'on lui fasse cortège, se montre peu dans la ville, alléguant tour à tour qu'une santé faible ou des études philosophiques le retenaient chez lui.  Tacite, Annales, Livre 14, 6.
Mais il va gêner. Il va être dénoncé par un certain Antonius Natalis comme faisant partie de Pison qui avait réuni autour de lui tous les mécontents du régime. Malgré une défense acharnée, il fut contrait de se donner la mort. On prétendit que cette conspiration avait pour but de le mettre sur le trône impérial.    

---- La mort de Sénèque par Rubens

Il va s’ouvrir les veines mais son âge fit que le sang coula très lentement alors il se fit placer dans un baquet d’eau très chaude pour que le cœur s’arrête. Sa femme, Pauline, voulut le suivre dans la mort mais, Néron averti, lui fit grâce, disant qu’il n’avait rien contre elle. Sénèque mourut vers 63 ans.
Toute sa vie, il aura cherché à appliquer une philosophie pratique et non théorique, les écrits de Sénèque sont les premières œuvres stoïciennes qui nous soient parvenues. Certains écrivains prétendent que cette vie ne fut qu’une éternelle contradiction entre l’austérité prônée par les stoïciens et la vie mondaine et luxueuse qu’il mena, il parla souvent de pauvreté mais il se constitua une immense fortune.

Les principales œuvres.

- Diderot l’appela « Le précepteur du genre humain » et Nietzsche dit de lui  qu’il était un « toréador de la vertu »


Bibliographie : ---- Sénèque par P. Grimal

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