Séjean : Lucius Aelius Seianus

Il est très connu de l'histoire pour avoir été le préfet du prétoire de l'empereur Tibère, son confident, son ami, son homme de main. Aux dires des historiens, il avait une ambition démesurée.

Il est né vers 20 avant J.C. à Volsinii en Etrurie. Son père, Lucius Seius Strabo , appartenait à la classe équestre et devint préfet du prétoire conjointement avec son fils, il fut ensuite nommé à la préfecture d'Egypte. Un seul resta, donc, à la tête des Prétoriens.

Une fois préfet du prétoire (il le sera durant 17 ans), c'est-à-dire, en fait, numéro deux de l'empire, sa vie ne fut qu'un désir permanent d'arriver à la première place, pour cela, il se concilia les bonnes grâces de Tibère, l'homme qu'il voulut remplacer toute sa vie. On le connaît car deux historiens antiques se son penchés sur sa vie : Tacite qui le détestait  : Le prince devint cruel, ou prêta des forces à la cruauté d'autrui. Ce fut l'ouvrage d'Elius Séjanus, préfet des cohortes prétoriennes. Tacite, annales, livre IV, 1.

et Velleius Paterculus qui, au contraire, termina son œuvre en lui rendant hommage. (CXXVII). Le premier prétendit même que Drusus , le fils de Tibère, fut empoisonné sur son ordre. Beaucoup pense maintenant qu'il périt de mort naturelle. En fait, il ne fut que l'amant de sa femme, Livilla , la belle fille de l'empereur. Au décès de Drusus, il va même demander sa main, pensant qu'un simple chevalier mais riche et puissant pouvait entrer dans la famille impériale. Car tel était son but. Tibère refusa en faisant preuve de beaucoup de diplomatie.

Il eut beaucoup d'ennemi qu'il écrasa sans pitié, parmi lesquels il y avait un certain Cremetius Cordu qui se suicida en se laissant mourir de faim alors qu'il venait d'apprendre qu'une statue à l'effigie de Séjan devait être érigée dans le théâtre de Pompée, il s'exclama : « Pour le coup, le théâtre de Pompée est véritablement anéanti. » (il venait d'être victime d'un incendie et on le restaurait) (cité par C. Salles dans son livre « Tibère, le second César » 1985). La plus grande puissance qui s'éleva face à lui et qu'il vainquit, fut la famille de Germanicus. Agrippine et deux de ses fils, Néron et Drusus, furent envoyés en exil L'éloignement de Tibère dans l'île de Capri dont il avait fait sa résidence, fut vivement encouragé par le préfet du prétoire qui vit là l'occasion d'être le maître de Rome et de déformer les faits suivant son bon vouloir pour abattre ses ennemis.

« Séjan, cependant, devenait de jour en jour plus grand et plus redoutable ; de sorte que les sénateurs et les autres citoyens ne faisaient attention qu'à lui, comme s'il eût été l'empereur, et qu'ils méprisaient Tibère ». Dion Cassius, histoire romaine, livre58, 4.

« Séjan, par l'excès de son insolence et par la grandeur de son pouvoir, en était venu à un tel point, qu'il semblait qu'il fût l'empereur et que Tibère ne fût que le gouverneur de l'île de Caprée, »  Dion Cassius, histoire romaine, livre 58, 5.

Mais son ambition dévorante et sa soif du pouvoir vont se retourner contre lui. La dernière manifestation de la faveur de l'empereur sera de le nommer consul en 31 après J.C. ainsi de chevalier, il se voit propulser au Sénat :

« Afin de l'éloigner de lui (Tibère) sous un prétexte honorable, il le fit son collègue dans son cinquième consulat qu'il se décerna pour cela même, après un long intervalle et pendant qu'il n'était pas à Rome. » Suétone, Tibère, 65.

Puis Tibère, pour une raison qui est mal définie, va se retourner contre lui. Les historiens antiques Dion et Suétone voient en lui se concrétiser une promotion sociale hors du commun qui a été faite malgré les désirs de l'empereur. Ce dernier aurait cherché pendant longtemps le moyen de l'abattre. Il va écrire au Sénat pour demander sa condamnation. Cette lettre, écrite à Capri, va être délivrée à Rome par le chevalier Marcus Sertorius Macro qui est désigné pour être le nouveau préfet du prétoire.

On prétend que c'est la belle sœur de l'empereur, Antonia, qui lui aurait ouvert les yeux sur l'ambition démesurée de son préfet du prétoire. Séjan est arrêté et lors d'une séance du Sénat, réuni au temple de la Concorde, il fut décidé de sa mort. Très vite, à la nuit tombante, il est exécuté, son corps est exposé sur l'escalier des Gémonies , déchiqueté par les Romains qui font exploser leur haine. Trois jours plus tard, les restes sont jetés dans le Tibre. Son ex-femme, Apicata, se suicide mais avant son geste, elle avait envoyé à Tibère une lettre dans laquelle elle dénonçait son ex-mari comme étant le meurtrier de Drusus, fils de l'empereur. Un mois après le père, ses deux jeunes enfants furent à leur tour exécutés, le fils ayant conscience de ce qui allait lui arriver, la fille non. La cruauté de Tibère s'était encore une fois manifestée :

« On résolut ensuite de sévir contre les derniers enfants de Séjan, quoique la colère du peuple commençât à s'amortir, et que les premiers supplices eussent calmé les esprits. On les porte à la prison : le fils prévoyait sa destinée ; la fille la soupçonnait si peu que souvent elle demanda quelle était sa faute, en quel lieu on la traînait, ajoutant qu'elle ne le ferait plus, qu'on pouvait la châtier comme on châtie les enfants. Les auteurs de ce temps rapportent que l'usage semblant défendre qu'une vierge subît la peine des criminels, le bourreau la viola auprès du lacet fatal. Puis il les étrangla l'un et l'autre, et les corps de deux enfants furent jetés aux Gémonies ! »  Tacite, annales, V, 9.

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