Publicains

Publicain :

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Qui se chargent des revenus de l'Etat Romain.

Leur nom vient de publicum qui signifie : tout ce qui appartient à l'Etat, quelques fois on se sert d'un synonyme : vectigal (impôt, redevance). Les revenus que Rome tirait de ses conquêtes consistaient principalement en impôts et taxes diverses, celles qui devaient être payées pour l'usage des terres publiques (scriptura) ou celles qui devaient être acquittées pour l'exploitation des mines ou des salines (salinae). Tout cela devait être contrôlé et surveillé.

Les censeurs, à Rome, mettaient cette charge aux enchères, elle était dévolue à celui qui payait le plus. Cette vente se faisait, généralement, au mois de Quinctilius, pour un lustrum (Macrobe, sat. I, 12). Un contrat était passé avec l'Etat, par l'intermédiaire des censeurs (leges censoriae) qui fixait les conditions de perception des revenus. Quelques fois, le Sénat le modifiai : "Le taux des impôts publics était très haut, celui des remboursements au plus bas. Emu par les prières et les larmes des fermiers généraux, le sénat demanda la révision des estimations et l'annulation des adjudications. " Tite-Live, XXXIX, 44, trad. A. Flobert.

" Il n'est pour ainsi dire personne qui ne soit pour partie dans les contrats d'affermage et intéressé dans les travaux qu'ils prévoient. Les uns passent directement marché avec les censeurs, les autres s'associent aux premiers, d'autres cautionnent les entrepreneurs, d'autres engagent leurs biens en garantie à l'Etat. Or, dans tout cela, c'est le Sénat qui a la haute main. Il peut accorder des délais, faire des remises, en cas d'accident, annuler le contrat si l'adjudicataire vient à se trouver dans l'impossibilité absolue de l'exécuter. Et il arrive souvent qu'il puisse causer des pertes graves aux adjudicataires publics ou au contraire les favoriser grandement, car c'est à lui qu'on en réfère pour toutes ces questions. " Polybe, VI, 17, la Pléiades, Gallimard, 1970.

Et, même, parfois, les tribuns de la plèbe intervinrent : "Ceux qui avaient pris des parts de marché se plaignirent mais ne purent obtenir du sénat qu'il limite le pouvoir des censeurs. Ils finirent par trouver un défenseur en la personne d'un tribun de la plèbe, Publius Rutilius, qui en voulait aux censeurs… " Tite-Live, XLIII, 16, trad. A. Flobert.

Les impôts de Sicile, perçus en produits de consommation courante, ne devaient pas être vendus à Rome mais dans l'île, à l'exception du vin, de l'huile et des légumes.

Les gens qui prenaient à ferme les revenus publics appartenaient aux plus riches familles romaines. Leurs richesses étaient telles qu'après la bataille de Cannes, les finances de l'Etat (aerium) étant au plus bas, ils prêtèrent de l'argent au gouvernement remboursable seulement à la fin de la guerre.

" Au jour fixé, trois sociétés de dix-neuf membres se présentèrent ; ils demandèrent deux faveurs : premièrement l'exemption du service militaire pendant l'exercice de leurs fonctions, deuxièmement une garantie de l'Etat pour assurer leur cargaison contre la tempête et l'attaque des ennemis.

On leur donna satisfaction sur ces deux points et les dépenses publiques furent prises en charge par des particuliers. Tel était alors dans toute les classes de la société sans exception le sens du devoir et l'amour de la patrie ! " Tite-Live, XXIII, 49, trad. A. Flobert.

A quelle classe de la population appartenaient-ils, rien ne l'établit, plus tard, ce furent principalement des gens de l'ordre équestre, surtout à la fin de la République et au Haut Empire. " …les blés de la république, les impôts indirects perçus en argent et les autres revenus du domaine publique étaient affermés à des compagnies de chevaliers romains. " Tacite, Annales, IV, 6.

Les publicains devaient donner des garanties à l'Etat pour les droits qu'ils avaient acquis de percevoir des taxes dans telle ou telle province romaine, mais comme les possibilités, même de l'individu le plus riche, n'étaient pas suffisantes, un certain nombre de chevaliers (equites) s'unissaient et formaient une compagnie (socii, societas,corpus) qui devait être reconnue par le gouvernement. De telles compagnies commencèrent d'apparaître durant la Seconde Guerre Punique. La part de chacun était appelé partes, si elle était minuscule particulae. Celui qui était responsable de l'affaire aux yeux de l'Etat était le manceps (Festus : enchérisseur, ainsi appelé parce qu'il est pris par la main). Mais il y avait aussi un associé qui résidait à Rome et qui chapeautait l'affaire en étant en contact épistolier avec les agents répartis dans les provinces. Il semblerait qu'il eut cette responsabilité que pour un an. Son représentant était appelé sub magistrato, c'est lui qui, à travers ses voyages, supervisait la collecte des impôts. Le publicain dont parle les Evangiles devait en être un.

Ces compagnies pouvaient agir comme banque publique et prêter de l'argent à l'Etat. Bientôt, elles se crurent tout permis et abusèrent de leur pouvoir. Seul un citoyen romain pouvait en être membre. Mais nul magistrat ou gouverneur de province n'était autorisé à prendre une participation dans une entreprise destinée à collecter des impôts et cela afin de préserver les provinciaux. Au Bas Empire, du temps de Constantin, l'affermage de ces contributions n'était pas concédé aux publicains pour plus de trois ans.

Aucun membre d'une compagnie de publicains ne se salissait les mains, ils faisaient tout simplement fructifier leur argent. Ils recrutaient des gens de basses classes (esclaves, affranchis, provinciaux) pour faire rentre l'impôt physiquement. On disait : operas publicanis dare ou esse in operis sociatis. Il existait, donc, une corporation qui gravitait autour de ces publicains (familia publicanorum), elle comprenait toutes les personnes qui les assistaient dans la collecte de la vectigal (nom de l'impôt). Tout au long de l'histoire romaine, diverses lois virent le jour pour aider et protéger leurs assistants dans leur besogne.

Les différents compartiments (impôts, exploitation des mines, des salines etc…) qui composaient le revenu public d'une province étaient, chacun, confié à une compagnie particulière, le nom de chacune évoquait sa spécialité. Pourtant, et c'est une exception, une compagnie pouvait affermer deux ou plusieurs de ces compartiments, nous avons comme exemple l'une d'entre elles qui se chargea des douanes et du droit sur les pâturages ; quoique les douanes ne leur soient pas directement soumises mais laissées à des gens engagés par elles pour lever des taxes sur les marchandises importées ou exportées.

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Adapté du livre de William Smith "A dictionary of greek and roman antiquities"

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Note du rédacteur du site:

- Vespasien est né au sein d’une famille de publicains.

- Le mot viendrait de : res = « la chose » et de « publicus » = « publique ». En fonction de l’étymologie, on se trouve en présence d’un mot qui signifie : « chose publique ».