Préfecture du Prétoire
Préfecture du Prétoire : (Praefectus Praetario)
C'était le commandant des troupes qui gardaient la personne de l'empereur. Ce poste fut institué par Auguste, il était essentiellement militaire et presque aucun pouvoir ne s'y rattachait.
" Il choisit un certain nombre de troupes pour sa garde et pour celle de la ville, et licencia le corps des Calagurritains qu'il avait conservé jusqu'à la défaite d'Antoine, et celui des Germains qui avait fait partie de sa garde jusqu'au désastre de Varus. Cependant il ne souffrit jamais qu'il y eût dans Rome plus de trois cohortes; encore n'y campaient-elles pas. Il mettait habituellement les autres en quartiers d'hiver ou d'été près des villes voisines. " Suétone, Auguste, 49.
Avec Tibère, qui nomma Séjean, il ne fit que grandir, à tel point que les préfets du prétoire devinrent les seconds personnages de l'Empire derrière l'empereur. (Aurel. Vict., de Caes., 9) Les liens qui unissaient l'empereur à son préfet du prétoire pouvaient être comparés à ceux qui régissaient les relations d'un dictateur envers son maître de cavalerie. Du règne de Sévère à celui de Dioclétien, les préfets, comme les vizirs orientaux, eurent la direction de tous les compartiments de l'Etat, l'armée, les finances et les lois, ils avaient même un tribunal. Cette charge ne fut confiée pas seulement confiée qu'à des militaires, mais aussi à d'éminents juristes, tel Ulpien ou Papinien.
A l'origine, ils étaient deux, puis ils ne furent plus qu'un, parfois deux et du temps de Commode parfois trois, même quatre
" …les préfets du prétoire changeaient d'un jour sur l'autre, ou même d'une heure à l'autre, tant le comportement de Commode était pire que précédement…Cléandre lui-même fut nommé préfet à sa place, avec deux collègues qu'il s'était choisis lui-même. Il y eut alors pour la première fois trois préfets du prétoire dont un affranchi qu'on appela " responsable du poignard " (a pugione) " Histoire Auguste, vie de Commode, 6, Trad. A.Castagnol, R.Laffont, col.Bouquins.
Ils furent toujours pris dans la classe des chevaliers, cela devint une règle (Dion Cassius, LII, 24 ; Suétone, Titus, 6). Depuis l'époque d'Alexandre Sévère, la dignité de sénateur fut toujours jointe à leur emploi.
" Il revêtit ses préfets du prétoire de la dignité sénatoriale, de sorte qu'ils avaient le titre de clarissimes, et qu'ils l'étaient en effet ; ce qui avant lui n'avait eu lieu que rarement, ou même jamais ; au point que, si un empereur voulait donner un successeur à un préfet du prétoire, il envoyait par un affranchi le laticlave à celui qu'il voulait nommer, comme le rapporte Marius Maximus dans la vie de plusieurs empereurs. Or, il voulut que ses préfets du prétoire fussent sénateurs, afin qu'il ne pût arriver qu'un sénateur fût jugé par un citoyen qui ne l'était pas. " Histoire Auguste, vie d'Alexandre Sévère, 21.
Avec Constantin, ils n'eurent plus de pouvoir militaire et furent changés en gouverneurs de provinces. Il nomma ainsi quatre préfets. Le premier, qui était présent à la cour impériale, avait le commandement de la Thrace, de tout l'Orient et de l'Egypte, le second commandait en Illyrie, en Macédoine et en Grèce, il demeurait à Sirmiun puis à Thessalonica, le troisième avait l'Italie et l'Afrique, le quatrième, qui résidait à Trèves, commandait à la Gaule, à l'Espagne et à la Bretagne (Grande Bretagne). Ces préfets étaient les représentants de l'empereur, leurs pouvoirs s'étendaient sur l'ensemble de l'Etat, seul l'armée n'était pas de leur ressort. (Walter, Gesch. Der Röm. Rechts § 269, 341).
" Le sort des préfets du prétoire fut essentiellement différent de celui des consuls et des patriciens…L'ambition des préfets, toujours formidable et quelquefois fatale à leur maître, était soutenue par la force des bandes prétoriennes ; mais après que ces troupes orgueilleuses eurent été affaiblies par Dioclétien, puis supprimées par Constantin, les préfets, qui avaient survécus à leur chute, furent réduits sans peine au rang de ministres utiles et obéissants…Constantin leur enleva tout commandement militaire…les capitaines des gardes devinrent les magistrats civils des provinces. D'après le plan de gouvernement institué par Dioclétien, chacun des quatre princes avait son préfet du prétoire ; et lorsque la monarchie fut de nouveau unifiée en la personne de Constantin, il continua de créer quatre préfets, et confia à leurs soins les mêmes provinces que leurs prédécesseurs avaient administrées…En raison de leur importance et leur dignité supérieure, Rome et Constantinople furent les seules villes sur lesquelles les préfets du prétoire n'étendaient pas leur juridiction. " Histoire du déclin et de la chute de l'empire romain, 17. Edward Gibbon, R. Laffont, le Club Français du Livre.
Notes du rédacteur du site :
-La charge fut créée en 2 avant J. C.
- Initialement, les effectifs étaient de 9 cohortes de 500 soldats chacune, avec Septime Sévère, on arrive au chiffre de 10 000 prétoriens. Le plus élevé en dignité des centurions est le trecenarius, assisté du princeps castrorum.
-C'est son préfet du prétoire, Aemilius Laetus, qui tua l'empereur Commode.
- Certains d'entre eux, au IIIème siècle, furent consuls ordinaires ou suffect.