Ponce Pilate: Pontius Pilatus.
Il serait le fils d'un espagnol.
Son nom se décomposerait ainsi :
- Pontius = nom de personne (la gens ).
- Pilatus peut avoir trois significations : 1 et 2 = participe passé du verbe pilo = dépourvu de poil ou pillé, 3 = adjectif : qui est armé d'un javelot ( pilum ). C'est cette troisième signification que j'ai toujours trouvés dans mes recherches, nulle part, il n'est fait mention des deux premières. Donc on peut dire : Pontius celui qui est armé.
Certaines personnes le font naître à Lyon ( Lugdunum ) mais je n'ai trouvé aucune date pour déterminer le moment de sa venue au monde.
---- Monnaie de bronze frappée sous Ponce Pilate.
Il serait mort vers 39 après J.C. (au début du règne de Caligula) à Vienne (Gaule) ou à Lucerne (Suisse). Et là, on commence de rentrer dans le domaine de la légende car, en fait, on sait très peu de chose sur lui. Le personnage n'est connu que pour une portion de sa vie lorsqu'il fut gouverneur de la Judée tant par Flavius Josèphe que par les évangiles canoniques, tout le reste ne demeure que suppositions et légendes.
Officiellement, son existence est triplement prouvée par les textes de Flavius Josèphe, cité à la ligne précédente, de Philon d'Alexandrie et par la découverte que firent des archéologues en 1961, à Césarée, en ramenant au grand jour une pierre portant son nom et stipulant sa fonction. (Tacite, lui aussi, le cite mais très brièvement : « Ce nom leur vient de Christ, qui, sous Tibère, fut livré au supplice par le procurateur Pontius Pilatus. » Annales, XV, 44. Texte très célèbre qui sert à démontrer l'existence du Christ).
Texte de la pierre :
S. TIBERIEUM
(PON)TIUS
(PRAEF)ECTUS IUDA(EAE)
Cette pierre, très mutilée, rectifie une erreur trop souvent commise sur le titre exact de Ponce Pilate.
Il était préfet de Judée ( praefectus ) et non procurateur, cette fonction était incluse dans celle qu'il exerçait puisqu'elle désignait un collecteur de fonds ( procurator ) et qu'un gouverneur de province était avant tout un agent du fisc. Jean Pierre Lémonon nous dit dans son livre « Ponce Pilate » 1981, réédité en 2007, que cette fonction évolua sous Claude et il explique ainsi la différence d'interprétation du titre.
Sa résidence n'était pas à Jérusalem mais dans la ville de Césarée Maritime, qui, à cette époque était la cité principale de la Judée romanisée, lieu beaucoup plus tranquille que la capitale des juifs dont le pouvoir était représenté par la tour ANTONIA, fortification qui jouxtait le Temple. Ce que l'on sait encore de lui est que Tibère ne l'appréciait pas beaucoup, il aurait été trop dur dans son gouvernement, faisant montre d'un caractère arrogant, inflexible mais rusé. Finalement, un massacre fut à l'origine de sa déchéance. Il fut accusé par les membres du Conseil des Samaritains de s'être livré à une tuerie dont voici le récit chez Flavius Josèphe :
« Les Samaritains ne manquèrent pas non plus de troubles, car ils étaient excités par un homme qui ne considérait pas comme grave de mentir et qui combinait tout pour plaire au peuple. II leur ordonna de monter avec lui sur le mont Garizim, qu'ils jugent la plus sainte des montagnes, leur assurant avec force qu'une fois parvenus là il leur montrerait, des vases sacrés enfouis par Moïse, qui les y avait mis en dépôt. Eux, croyant ses paroles véridiques, prirent les armes, et, s'étant installés dans un village nommé Tirathana, s'adjoignirent tous les gens qu'ils purent encore ramasser, de telle sorte qu'ils firent en foule l'ascension de la montagne. Mais Pilate se hâta d'occuper d'avance la route où ils devaient monter en y envoyant des cavaliers et des fantassins, et ceux-ci, fondant, sur les gens qui s'étaient rassemblés dans le village, tuèrent les uns dans la mêlée, mirent les autres en fuite et en emmenèrent en captivité beaucoup, dont les principaux furent, mis à mort par Pilate, ainsi que les plus influents d'entre les fuyards. Une fois ce trouble calmé, le conseil des Samaritains se rendit auprès de Vitellius, personnage consulaire, gouverneur de Syrie, et accusa Pilate d'avoir massacré les gens qui avaient péri ; car ce n'était pas pour se révolter contre les Romains, mais pour échapper à la violence de Pilate qu'ils s'étaient réunis à Tirathana. Après avoir envoyé un de ses amis, Marcellus, pour s'occuper des Juifs, Vitellius ordonna à Pilate, de rentrer à Rome pour renseigner l'empereur sur ce dont l'accusaient les Juifs. Pilate, après dix ans de séjour en Judée, se hâtait de gagner Rome par obéissance aux ordres de Vitellius auxquels il se pouvait rien objecter; mais avant qu'il ne fût arrivé à Rome, survint la mort de Tibère. » Antiquités, livre 18, 85 à 89.
C'est donc pour se justifier aux yeux de l'empereur qu'il se rendit à Rome sur ordre du gouverneur de Syrie dont dépendait la Judée. Il faut se souvenir que maintenant c'était Caligula qui régnait et qu'il était très ami des princes de Palestine.
Il fut, alors, exilé à Vienne (Gaule) où il se serait suicidé ou aurait été exécuté. Un massif montagneux de la région porterait son nom pour rappeler cet évènement, il s'agit du mont Pilat. On connaît aussi une autre version de sa fin, celle-ci se rapproche beaucoup plus de la légende. Il aurait trouvé la mort à Rome et son corps aurait été jeté dans le Tibre ;
Monnaie hébraïque du temps de Ponce Pilate
on ne sait comment, son cadavre serait réapparu à Lucerne (Suisse) et fut enterré au pied du mont Pilatus, montagne dominant la ville. Pour continuer dans les récits légendaires, on raconte qu'il se serait fait chrétien et qu'il mourut en martyr de sa nouvelle religion ; l'Eglise copte en a fait un saint ainsi que de sa femme tandis que l'Eglise orthodoxe n'honore que son épouse. Tertullien (un des pères de l'Eglise. 150-230) en fait un chrétien sur la fin de sa vie, il aurait eu connaissance d'une lettre de Ponce Pilate à Tibère dans laquelle il tentait d'expliquer le procès de Jésus. Un rapport existant sur la crucifixion du Christ est un thème revenant souvent dans la littérature du Bas-Empire. Selon Daniel Rops dans son livre « Jésus en son temps »1945, elle serait seulement citée dans l'évangile apocryphe de Nicomède.
Mais qui était sa femme ? Que savons nous d'elle ? A part qu'elle apparaît dans les évangiles canoniques. Selon la légende, elle se nommait Claudia Procula et aurait été d'un grand lignage. On dit mais c'est très douteux qu'elle fut la petite fille d'Auguste (selon Daniel Rops) ou son arrière petite fille (selon Macrobe). On pense généralement qu'elle était issue d'une grande famille de la noblesse car un magistrat romain ne pouvait emmener avec lui son épouse dans la province que Rome lui donnait à commander ; pourtant Ponce Pilate a pu le faire.
Que dire d'autres de lui ? Il était issu de la classe équestre. Il fut le cinquième gouverneur de Judée et selon Flavius Josèphe, il serait resté10 ans en poste, de 26 à 36 après J.C.
Dès son arrivé en Palestine, il est allé à l'encontre de la mentalité juive en introduisant les portraits de l'empereur dans Jérusalem, ville sainte, et il se servit du trésor du temple pour fiancer un aqueduc.
« Pilate, que Tibère envoya comme procurateur en Judée, introduisit nuitamment à Jérusalem, couvertes d'un voile, les effigies de César, qu'on nomme enseignes. Le jour venu, ce spectacle excita parmi les Juifs un grand tumulte : les habitants présents furent frappés de stupeur, voyant là une violation de leurs lois, qui ne permettent d'élever aucune image dans leur ville ; l'indignation des gens de la ville se communiqua au peuple de la campagne, qui accourut de toutes parts. Les Juifs s'ameutèrent autour de Pilate, à Césarée, pour le supplier de retirer les enseignes de Jérusalem et de maintenir les lois de leurs ancêtres. Comme Pilate refusait, ils se couchèrent autour de sa maison et y restèrent prosternés, sans mouvement, pendant cinq jours entiers et cinq nuits.
Le jour qui suivit, Pilate s'assit sur son tribunal dans le grand stade et convoqua le peuple sous prétexte de lui répondre : là, il donna aux soldats en armes le signal convenu de cerner les Juifs. Quand ils virent la troupe massée autour d'eux sur trois rangs, les Juifs restèrent muets devant ce spectacle imprévu. Pilate, après avoir déclaré qu'il les ferait égorger s'ils ne recevaient pas les images de César, fit signe aux soldats de tirer leurs épées. Mais les Juifs, comme d'un commun accord, se jetèrent à terre en rangs serrés et tendirent le cou, se déclarant près à mourir plutôt que de violer la loi. Frappé d'étonnement devant un zèle religieux aussi ardent, Pilate donna l'ordre de retirer aussitôt les enseignes de Jérusalem.
Un peu plus tard il souleva une nouvelle émeute en épuisant, pour la construction d'un aqueduc, le trésor sacré qu'on appelle Korbonas ; l'eau fut emmenée d'une distance de 400 stades. A cette nouvelle, le peuple s'indigna : il se répandit en vociférant autour du tribunal de Pilate, qui se trouvait alors à Jérusalem. Celui-ci, prévoyant la sédition, avait pris soin de mêler à la multitude une troupe de soldats armés, mais vêtus d'habits civils, et, tout en leur défendant de faire usage du glaive, leur ordonna de frapper les manifestants avec des gourdins. Du haut de son tribunal il donna un signe convenu. Les Juifs périrent en grand nombre, les uns sous les coups, d'autres en s'écrasant mutuellement dans la fuite. La multitude, stupéfiée par ce massacre, retomba dans le silence. » Flavius Josèphe, livre I, chapitre IX, 2 à 4.
Il disparaît sans aucune trace dans l'histoire. Il n'était qu'un de ces nombreux fonctionnaires romains mais il fut connu comme étant un des protagonistes qui conduisit à une religion. Sans les évangiles, on ne saurait qui il fut. Il serait resté un anonyme.
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