Licteurs

Licteurs :

Ce sont des fonctionnaires qui accompagnaient les magistrats supérieurs romains. Le nombre attribué à chacun d'eux est défini dans l'article fasces

  ---> Image venant des usa (Osprey military serie 291)

Leurs fonctions telles qu'elles ont été déterminées par Romulus viendraient des Etrusques.

" ... et persuadé que le plus sûr moyen de leur imprimer un caractère sacré aux yeux de ces hommes grossiers, c'était de se grandir lui-même par les marques extérieures du commandement, entre autres signes distinctifs qui relevaient sa dignité, il affecta de s'entourer de douze licteurs. On pense qu'il régla ce nombre sur celui des douze vautours qui lui avaient présagé l'empire; mais je partage volontiers le sentiment de ceux qui, retrouvant chez les Étrusques, nos voisins, l'idée première des appariteurs et de cette espèce d'officiers publics, comme celle des chaises curules et de la robe prétexte, pensent que c'est dans leurs coutumes qu'il faut rechercher aussi l'origine de ce nombre. "

Tite Live, I, 8.

L'étymologie du mot reste douteuse, elle viendrait du verbe ligare parce qu'ils devaient lier les pieds et les mains des criminels avant d'exécuter la sentence (1).

Ils marchaient devant les magistrats, un par un, en file indienne, celui qui en était le plus proche était nommé proxima lictor, il recevait les ordres.(Tite Live, XXIV, 44- Salluste, Jugurtha 12- Cic. Verr. V, 54-Cic. De div. I, 28-Orelli incr. 3218). Il était le principal homme du groupe, nous avons trouvé, aussi, comme appellation primus lictor (Cic. Ad Quint., 1§7). Cette citation a été interprétée d'une façon erronée par quelques historiens modernes qui ont cru que le terme faisait référence à celui qui marchait le premier, devant.

Ils devaient exécuter les condamnations spécialement celles qui concernaient les citoyens romains. " Les consuls viennent s'asseoir sur leurs chaises curules, et ordonnent aux licteurs de commencer l'exécution. " Tite Live, II, 5

Discours de Manlius justifiant l'exécution de son fils : " ... tu ne refuseras pas de rétablir par ton châtiment la discipline que tu as ébranlée par ta faute, licteur, attache le au poteau... chacun regardait la hache comme si c'était pour lui qu'on la tirait du faisceau... "

Tite Live, VIII, 7.

Les étrangers et les esclaves subissaient leur peine des mains du carnifex. Probablement que leur présence était requise pour appliquer les jugements ou les décrets civils.

Ils veillaient, aussi, aux marques de respect portées aux magistrats dont ils avaient la charge : descendre de cheval devant lui, se découvrir et lui laisser le passage. (Tite Live XXIV, 44-Sen. Ep. 64).

Les licteurs furent d'abord choisis parmi les plébéiens. " Les consuls avaient autour d'eux vingt-quatre licteurs; mais ces licteurs étaient eux-mêmes des hommes du peuple... " Tite Live II, 55.

Mais par la suite, des affranchis purent le devenir.

" ...(les affranchis)...ce corps était très étendu ; il servait à recruter les tribus, les décuries, les agents des magistrats... " Tacite, Annales XIII, 27.

Ils ne furent accordés que seulement aux magistrats revêtus de l'imperium. Par conséquent les tribuns de la plèbe n'en eurent jamais. (Plut. Quaest. Rom. 81) ni aucuns autres inférieurs. Quelques fois, pourtant, l'état en procura comme accompagnateurs, en marque de respect ou en guise de protection. Ainsi, par une loi des triumvirs, chaque vestale avait le sien chaque fois qu'elle sortait. (Dion Cass. XLVII, 19), l'honneur d'en avoir un ou deux était habituellement donné aux épouses et autres membres féminins de la famille impériale.

" La vérité est que son inquiète jalousie (Tibère) voyait dans l'élévation d'une femme son propre abaissement ; aussi ne souffrit-il pas qu'on donnât un licteur à sa mère... " Tacite, Annales I, 14.

" Le Sénat aussi lui (Agrippine) décerna deux licteurs... " Tacite, Annales, XIII, 2.

Il existait un corps spécial de trente licteurs, appelés lictores curiati dont la tâche essentielle était de convoquer les sénateurs aux comices curiates et, quand petit à petit, cette assemblée perdit de son importance, leur vote fut représenté par ces trente licteurs. (Au.Gel. XV, 27-Cic. Agr II, 12-Orelli, insc.2176, 2922, 3240.)

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Ce texte a été librement traduit par mes soins du livre "A dictionary of Greek and Roman Antiquies" Londres 1875 de William Smith. La version anglo-saxonne est donnée sur le site de Lacus Curtius.

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(1) Pour Paul Veyne, ils ne sont que "des bourreaux qui portent sur l'épaule la hache à décapiter serrée dans un faisceau de knouts."

Citation de Plutarque dans ses Oeuvres morales, questions romaines, 67 :

Pourquoi donnent-ils le nom de licteurs à ceux qui portent les faisceaux devant les magistrats ?

Est-ce parce qu'ils marchaient à la suite de Romulus avec des courroies sous leurs robes pour attacher les criminels? On se sert vulgairement du mot alligare pour Iier ; ceux qui parlent plus purement disent ligare . Peut-être n'est-ce que depuis peu qu'on a inséré dans leur nom la lettre C, et qu'autrefois on les appelait litores , c'est-à-dire ministres publics. Personne, je crois, n'ignore qu'on trouve encore dans plusieurs anciennes lois de Grèce litos pour public.

Traduction Ricard, 1844.

La note et le texte sont dus au rédacteur du site.

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