Leno et Lenocinium :

---- Tiré de …

Son métier est défini par Ulpien (3 tit Dig.4.2). Il consiste à avoir des esclaves femmes qui sont destinées à la prostitution et à garder pour lui les gains qu'elles ont rapportés. Est considéré comme aussi entremetteur ( Lenocinum ), celui qui vit des charmes des femmes libres. Certains le nones sont des gérants de bordels ( lupanar ) ou de maisons spécialisées dans l'exploitation des charmes féminins. Ce métier n'était pas interdit mais un édit des préteurs attachait la notion d'infamie à de telles occupations (1). A l'époque de Caligula, une taxe était payée par ces gens : «  Les portefaix furent obligés de donner le huitième de leur gain journalier…Celles qui avaient exercé le métier d'entremetteuses ou de prostituées furent soumises à ce droit. » Suétone, Caligula, 40.

Théodose et Valentinien tentèrent d'empêcher que les parents ne prostituent leurs enfants, de même que les maîtres leurs esclaves féminines. Pour cela, ils soumirent à de fortes amendes les coupables de tels faits. Ils interdirent le métier de lenocinium sous peine de châtiments corporels et de bannissements. Justinien (Nov.14) essaya de supprimer les entremetteurs ( lenocinium ) en les expulsant de la ville. Les propriétaires de maisons dans lesquelles on se livrait à la prostitution pouvaient être condamnés à voir leurs biens confisqués et à payer 10 livres d'or d'amende. Ceux qui, par duperie ou par la force, obligeraient des filles en leur possession, à se livrer à la prostitution, encourraient des « sanctions extrêmes » mais il n'est pas précisé ce que serait ces sanctions. Cette novella contient des éléments étranges.

La Lex Julia de Adulteriis définit ce qu'est le métier d'entremetteur ( lenocinum ). Il y a lenocinium si un mari permet à sa femme de commettre l'adultère dans un but financier. La législation de Justinien (Nov.117, c9) permet à une femme de divorcer si son mari tente de la prostituer, elle peut aussi récupérer sa dot ( dos ). Il y a action de souteneur ( lenocinum ) si l'homme s'unit à une femme qui a une réputation adultérine bien établie :

« Un chevalier avait repris sa femme, après l'avoir répudiée, et lui avoir intenté un procès d'adultère. Domitien le raya du tableau des juges. » Suétone, Domitien, 8.

ou si il laissait s'échapper son amant en n'engageant pas des poursuites judiciaires contre lui.

En ce qui concerne les personnes autres que le mari, la lex Julia définit le lenocinium de la façon suivante : lorsqu'un homme a épousé une femme qui a été condamné pour adultère, lorsqu'une personne a connaissance d'un adultère et se tait pour de l'argent, lorsque quelqu'un a prêté sa maison ou une pièce à des personnes qui commettaient l'adultère ( adulterium ) ou le stuprum   ; dans tous ces cas, la peine indiquée par la lex Julia était le même que pour l'adultère lui-même (2). Aucune partie de cette loi ne fut abrogée mais elle reçut des additifs qui firent que les peines encourues furent augmentées.

 

Les extraits de textes, ci-dessous, ont été sélectionnés par l'auteur du site.

(1). «  La même année le sénat rendit, contre les dissolutions des femmes, plusieurs décrets sévères. La profession de courtisane fut interdite à celles qui auraient pour aïeul, pour père ou pour mari, un chevalier romain. Vistulien, née d'une famille prétorienne, venait en effet de déclarer sa prostitution chez les édiles, d'après un usage de nos ancêtres, qui croyaient la femme impudique assez punie par l'aveu public de sa honte. Titinius Labo, mari de Vistulien, fut recherché pour n'avoir pas appelé, sur une épouse manifestement coupable, la vengeance de la loi. » Tacite, Annales II, 85.

(2). Déjà, avant cette loi, Tibère y pensa et agit : «  Il rétablit l'ancienne coutume de faire punir par une assemblée de parents une femme adultère, à défaut d'accusateur public. Il fit à un chevalier remise du serment, afin qu'il pût renvoyer sa femme surprise en commerce criminel avec son gendre, quoiqu'il eût juré de ne jamais la répudier. Des femmes perdues de réputation, pour échapper aux peines prononcées par les lois contre les matrones qui oubliaient leurs devoirs et leur dignité, prenaient le parti de se déclarer courtisanes… » Suétone, Tibère, 35.

sommaire