Caton d’Utique ou Le Jeune : Marcus Cato Uticensis   95 avant J.C.--- 46 avant J.C.
Il a été l’arrière petit-fils de Caton. L’Ancien ou le Censeur. Il était le symbole d’une République Romaine de l’ancien temps (comme Romulus, il ne portait pas de tunique sous sa toge). Il était la vertu incarnée, il avait l’intégrité que l’on attend  d’un homme politique, il détestait la tyrannie déjà à 15 ans, il voulut poignarder Sylla pour ce motif.
 
Comme n’importe quel Romain qui voulait entreprendre une carrière politique (cursus honorum), il dut aller aux armées, il prit part comme volontaire à la guerre contre Spartacus puis se fait élire tribun militaire et part en Macédoine. En 65 avant J.C., il est élu questeur et ce fut le départ d’une grande carrière politique qui se poursuivit par son élection comme tribun ce qui lui permit d’intervenir au Sénat, Néanmoins celle-ci subit un échec lorsqu’en 52 avant J.C., il se présenta aux élections pour être consul, ne voulant pas acheter des voix comme c’était la coutume à cette époque, cela déplut aux plébéiens qui vendaient leurs suffrages, ne les ayant pas, il fut battu. Il fut, aussi, un éphémère gouverneur de Sicile, voyant une armée commandée par un ami de J. César venir à son approche, il préféra partir plutôt que de voir les habitants massacrés au milieu d’une guerre civile.
De ses nombreuses interventions au Sénat, on retiendra celle où il s’opposa à César pour obtenir l’exécution des complices de Catilina. Il lui reprochait sa mansuétude presque on aurait pu croire qu’il voyait  en lui un complice. Il sera toujours en opposition avec les idées du futur dictateur, l’un représentant le parti des optimates (Caton), l’autre étant à la tête des populares (César). Pourtant ils avaient une personne commune dans leurs proches, la demi-sœur de Caton : Servilla Caepionis, la mère de Brutus qui fut une des nombreuses maitresses du vainqueur de la Gaule.

Celui-ci, par l’intermédiaire d’une de ses créatures, le tribun de la plèbe Clodius, l’envoya installer la puissance de Rome dans l’ile de Chypre. Tout d’abord il refusa mais par la suite fut contraint à cette mission par une loi populaire que fit voter aux comices, Clodius. Celle-ci, s’était prononcée pour être sous la puissance de la République. Elle était, pour l’heure, au pouvoir du frère cadet de Ptolémée XI, pharaon d’Egypte, qui devait se suicider bientôt.
Il fut marié deux fois. Une première fois avec Atilia qu’il répudia pour inconduite. Il épousa en deuxième noces, Marcia,  fille de Philippus (consul en 56 avant J.C., époux d’Atia, mère d’Octave) qui avait une excellente réputation. Il divorça d’elle pour qu’elle puisse épouser Hortensius qui n’avait pas d’enfant, grâce à elle, il put avoir un fils. A la mort de l’orateur, Caton reprit son ancienne femme, il la réépousa. Il parait, selon Strabon, que c’était une ancienne coutume romaine que de prêter sa femme à un ami qui n’avait pas d’enfant.
Malgré l’hostilité de Pompée à son égard, ce dernier fit demander en mariage deux filles de la familias de Caton (ses nièces), une pour lui et l’autre pour un de ses fils, refus total. Puis le temps passant, Pompée représenta le coté républicain du monde romain ; sa lutte contre J. César le personnifia comme celui qui résistait à la tyrannie, c’est ainsi que Caton se retrouva non dans ses rangs mais à ses cotés.
Après la mort en Egypte de celui qui avait remporté tant de victoires en Orient, Caton fut avec Quintus Metellus Scipion chef des républicains. Il réorganisa les troupes des optimates en Afrique du Nord, il fit de la ville d’Utique une base arrière de cette armée. Il empêcha Scipion er Juba de la faire raser car ses sympathies allaient au parti de J. César. Il la força à rester loin du camp adverse.
Son parti fut défait à la bataille de Thapsus. Il décida, alors, de se suicider. Il avait 49 ans. Il commença la soirée fatale par offrir un festin où les dineurs étaient assis et non allongés, depuis la bataille de Pharsale, il avait pris cette habitude ; ils parlèrent de philosophie, de stoïcisme en particulier car Caton était un fervent adepte de cette forme de pensée puis il alla dans sa chambre lut et relut un dialogue de Platon : le  « Phédon » (sur la mort de Socrate). A la fin de la deuxième lecture, il s’ouvrit le ventre avec son épée. Mais laissons Plutarque nous raconter sa mort, LVX.
----Louis-André-Gabriel Bouchet-La mort de Caton d'Utique 1797

Il acheva sa lecture ; puis il appela ses esclaves un à un, et, élevant la voix, il réclamait son épée. Il y en eut même un qu’il frappa sur la bouche à coups de poing, assez fort pour s’ensanglanter la main. Il témoignait de la colère et criait maintenant qu’il était livré sans armes à l’ennemi par son propre fils et ses serviteurs. À la fin, son fils en pleurs accourut avec ses amis, et, tombant dans ses bras, se mit à gémir et à l’implorer. Alors, Caton se leva et lui jeta un regard terrible en disant : « Quand donc et où ai-je été convaincu de folie, puisque personne ne cherche à me montrer mon erreur, ni à me dissuader des mauvaises résolutions que l’on m’accuse d’avoir prises ? Et pourtant, on m’empêche de conformer ma conduite à mes propres raisonnements, et l’on me désarme ! Pourquoi donc, généreux enfant, n’enchaînes-tu pas ton père, et ne lui lies-tu pas les mains derrière le dos, afin que César, à son arrivée, me trouve incapable de lui résister ? Car je n’ai même pas besoin d’une épée pour me frapper. Soit en retenant mon souffle un moment, soit en heurtant une seule fois ma tête contre le mur, j’ai le moyen de mourir ».
Là-dessus le jeune homme sortit en pleurant, et tous les autres le suivirent, sauf Démétrios et Apollonide, qui restèrent avec Caton. Il prit avec eux un ton plus doux et leur dit : « Vous aussi, êtes-vous décidés à retenir de force dans la vie un homme de mon âge et à l’épier en silence, ou bien êtes-vous venus m’apporter la démonstration en règle qu’il n’est ni indigne, ni honteux que Caton, faute d’un autre moyen de salut, escompte la clémence du vainqueur ? Pourquoi donc ne cherchez-vous pas à m’en persuader ? Ce serait, il est vrai, démentir votre enseignement ; mais ainsi, reniant ces opinions d’autrefois et ces doctrines dans lesquelles nous avons vécu, et devenus plus sages grâce à César, nous lui créerions un nouveau titre à notre reconnaissance ? Et cependant je n’ai rien décidé sur mon sort ; mais il faut qu’après avoir délibéré je sois maître d’appliquer ma résolution. Or je délibérerai en quelque sorte avec vous-mêmes ; car j’invoquerai les arguments, dont vous vous serviez en philosophant. Prenez donc courage, et allez dire à mon fils de ne pas exiger de son père par la force ce qu’il ne peut lui persuader. »… On lui envoya son épée par un petit enfant ; il la prit, la tira et l’examina. Voyant la pointe droite et le tranchant en bon état, il dit : « Maintenant, je m’appartiens ! » posa l’épée et reprit son livre, qu’il lut, dit-on, deux fois en entier. Ensuite, il s’endormit d’un sommeil profond,.. Déjà les oiseaux chantaient, et il se rendormit pour quelque temps. Butas, étant de retour, lui apprit qu’il régnait un grand calme sur le port. Caton lui dit de fermer la porte et se recoucha comme pour reposer encore le reste de la nuit. Butas une fois sorti, il tira l’épée et se l’enfonça dans la poitrine ; mais, comme il se servit de sa main avec moins de vigueur à cause de son enflure, il ne se tua pas sur le coup. Il avait de la peine à mourir. Il tomba de son lit et fit du bruit en renversant un tableau de figures géométriques placé auprès. Aussi les serviteurs, qui s’en aperçurent, poussèrent-ils de grands cris ; et son fils et ses amis entrèrent tout de suite. En le voyant tout souillé de sang et presque toutes ses entrailles tombées à terre, mais respirant encore et les yeux ouverts, tous furent épouvantés, et le médecin qui survint tentait de remettre en place les entrailles restées indemnes, et de refermer la plaie. Mais lorsque Caton, reprenant ses sens, s’aperçut de cette tentative, il repoussa le médecin, déchira ses entrailles de ses mains, et, rouvrant sa blessure, il mourut. Texte trouvé sur le site : NIMIPAUCI
Peu après sa mort, Cicéron rédigea un éloge funèbre tout à sa gloire (restes de « l'Éloge de Caton », trois fragments dans Aulu-Gelle, XIII, 19; Macrobe, VI, 2; et Priscien, X, 3). Ses amis essayèrent de le détourner d’écrire cette œuvre. Brutus, un des futurs assassins de J. César, fit son éloge funèbre, c’était son beau-père, il avait épousé sa  fille, Porcia. C’était aussi son oncle, étant le fils de Servilia, la demi-sœur de Caton. Ces paroles furent très mal perçues par Cicéron car elles donnaient tout le mérite à Caton de la découverte de la conspiration de Catilina et elles passaient son rôle sous silence. De son coté J. César écrivit et publia un AntiCato dont il ne reste que quelques fragments de nos jours, il y jetait, entre autres, le doute sur son honnêteté à Chypre.
Avec lui s’éteignait la République Romaine pour faire place à l’absolutisme qui ne voulait pas dire son nom.

sommaire