Basilique Julia
Basilique Julia :
---> Maquette de A. Caron.
Elle fut commencée en 54 avant J.C. par César (lettre de Cicéron à Atticus) et terminé par Auguste. Elle brûla en 9 après J.C., il la reconstruisit et la dédia à ses petits enfants Gaius et Lucius.
« On lui doit encore d'autres édifices qui ne portent point son nom, mais celui de ses neveux, de sa soeur ou de sa femme, comme le portique et la basilique de Lucius et de Caius… » Suétone, Auguste, 29.
C'était la plus grande du Forum, elle avait 101 mètres de long sur 49 mètres de large. Elle se trouvait entre le vicus Tuscus et le vicus Jugarius. Elle se substitua à la basilique Sempronia dont elle adopta l'architecture . En venant de cette place, on y accédait en montant quelques marches.
Elle avait trois parties, la nef centrale ( 82 mètres sur 16) qui avait un plancher de marbre coloré et qui s'élevait sur trois étages, suivant les besoins, on pouvait la divisée par des panneaux de bois ou des tentures pour que 4 procès puissent s'y tenir en même temps, deux autres plus petites dont le sol, lui, était de marbre blanc; sur les côtés, une colonnade les séparait. Elle avait sa galerie comme les autres Basiliques, sur celle-ci on trouvait des échoppes qui avaient pris la place des tabernae veteres. Son portique était soutenu par des piliers quadrangulaires. L'extérieur était aussi de marbre blanc, les colonnes étaient de l'ordre dorique. Elle servait plutôt de « palais de justice » tandis que les commerçants avaient pris possession de la Basilique Aemilia. Des parois mobiles délimitaient les lieux où se déroulaient les procès. Elles étaient tellement minces que les spectateurs de l'un pouvaient en suivre un autre. On a dit que les voix tonitruantes des avocats se couvraient les unes les unes les autres. L'empereur Trajan y rendit quelques fois la justice. (Dion Cassius, LXVIII, 10).
Après la défaite des Albains ou plutôt des trois Curiaces par le dernier des Horaces, le roi Tullus Hostillius fit attacher, en guise de trophée, les armes des Curiaces à un pilier que, du temps d'Auguste, on voyait encore à l'angle d'un des portiques du Forum. Le vieil Horace, pour exciter la pitié du peuple et lui faire porter une sentence favorable à son dernier fils, assassin de sa sœur, montrait ce trophée en rappelant la victoire qui avait sauvé Rome :
« Horace, chargé de son triple trophée, marchait à la tête des Romains. Sa soeur, qui était fiancée à l'un des Curiaces, se trouve sur son passage, près de la porte Capène; elle a reconnu sur les épaules de son frère la cotte d'armes de son amant, qu'elle-même avait tissée de ses mains : alors, s'arrachant les cheveux, elle redemande son fiancé et l'appelle d'une voix étouffée par les sanglots. Indigné de voir les larmes d'une soeur insulter à son triomphe et troubler la joie de Rome, Horace tire son épée, et en perce la jeune fille en l'accablant d'imprécations : "Va, lui dit-il, avec ton fol amour, rejoindre ton fiancé, toi qui oublies et tes frères morts, et celui qui te reste, et ta patrie. Périsse ainsi toute Romaine qui osera pleurer la mort d'un ennemi…La cause fut alors déférée au peuple. Tout le monde était ému, surtout entendant le vieil Horace s'écrier que la mort de sa fille était juste; qu'autrement il aurait lui-même, en vertu de l'autorité paternelle, sévi tout le premier contre son fils, et il suppliait les Romains, qui l'avaient vu la veille père d'une si belle famille, de ne pas le priver de tous ses enfants. Puis, embrassant son fils et montrant au peuple les dépouilles des Curiaces, suspendues au lieu nommé encore aujourd'hui le Pilier d'Horace : "Romains, dit-il, celui que tout à l'heure vous voyiez avec admiration marcher au milieu de vous, triomphant et paré d'illustres dépouilles, le verrez-vous lié à un infâme poteau, battu de verges et supplicié ? Les Albains eux-mêmes ne pourraient soutenir cet horrible spectacle ! Va, licteur, attache ces mains qui viennent de nous donner l'empire : va, couvre d'un voile la tête du libérateur de Rome; suspends-le à l'arbre fatal; frappe-le, dans la ville si tu le veux, pourvu que ce soit devant ces trophées et ces dépouilles; hors de la ville, pourvu que ce soit parmi les tombeaux des Curiaces. Dans quel lieu pourrez-vous le conduire où les monuments de sa gloire ne s'élèvent point contre l'horreur de son supplice ?" Les citoyens, vaincus et par les larmes du père, et par l'intrépidité du fils, également insensible à tous les périls, prononcèrent l'absolution du coupable, et cette grâce leur fut arrachée plutôt par l'admiration qu'inspirait son courage, que par la bonté de sa cause. Cependant, pour qu'un crime aussi éclatant ne restât pas sans expiation, on obligea le père à racheter son fils, en payant une amende. Après quelques sacrifices expiatoires, dont la famille des Horaces conserva depuis la tradition, le vieillard plaça en travers de la rue un poteau, espèce de joug sous lequel il fit passer son fils, la tête voilée. Ce poteau, conservé et entretenu à perpétuité par les soins de la république, existe encore aujourd'hui. On l'appelle le Poteau de la Soeur. » Tite Live, I, 26.
Le temps avait détruit les armes mais, à l'époque de Denys d'Halicarnasse et de Tite Live, le pilier existait encore et avait conservé le nom de Pilia Horacia. Ce pilier aurait été à l'angle nord ouest du portique de la basilique, au croisement de la voie sacrée et du vicus Tuscus, mais il apparaît plus probable que l'on est devant un piédestal de statue. Enfin, nul ne sait.
Elle fut restaurée à maintes reprises, en particulier par Dioclétien et par Probianus , préfet de la ville, en 416 après J.C. qui l'embellit de statues.
De son toit, Caligula aimait jeter des pièces au peuple, c'était un spectacle qui l'amusait beaucoup.
" Il surpassa dans ses profusions, les extravagances des hommes les plus prodigues... Pendant plusieurs jours, il jeta au peuple, du haut de la basilique Julienne, une somme énorme en petite monnaie. "
Suétone, vie de Caligula, XXXVII.
Au début de l'empire, elle fut le siège du tribunal des centumvirii, en fait ils étaient 180, qui jugeaient les affaires de succession et de propriété (procès civils). Pour cela, ils disposaient de quatre pièces, les procès étaient publics.
Elle est représentée en partie sur l'Arc de Constantin.
Ses ruines furent découvertes par l'ambassadeur de Suède auprès du Vatican en 1788.
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