Antonin le pieux = Titus Aurelius Fulvus
Avant toutes choses, il parait bon de définir le terme de « pieux » qui est accolé au prénom de l’Empereur. En effet ce mot n’a pas exactement le même sens que de nos jours. A cette époque, ce vocable voulait dire : « qui remplit ses devoirs envers les dieux, les parents, la patrie » (définition donnée par le « Gaffiot »). Ce surnom, Antonin le reçut  du sénat. On a dit l’avait obtenu après la manifestation de volonté qu’il déploya pour que la noble assemblée accorda l’apothéose à Hadrien. 
Il est né à Lanuvium (cité du Latium dans les monts albains) en Septembre 86 et son décès survient en Mars 161 à Lorium (Etrurie). Il est issu de deux grandes familles sénatoriales d’origine nîmoise. Son grand père dut être le fondateur de la lignée, il devint membre du Sénat sous Néron.

Il épousa Faustine l’Ancienne avec qui il eut deux filles et deux garçons, Faustine la Jeune, l’une d’entre elles, épousa le futur empereur Marc-Aurèle, l’autre mourut lorsqu’il était proconsul d’Asie  son épouse était la nièce de Sabine, femme d’Hadrien. Comme sa femme, Antonin était issu d’une riche famille qui possédait de vastes domaines agricoles ainsi que des briqueteries, on a dit de lui qu’il était très attaché à ses biens et qu’il en tirait d’immenses profits, en un mot il était richissime. Victor Duruy en a laissé ce portrait : « Antonin augmenta sa fortune par l’économie et non par l’usure car il prétait au-dessous du taux légal ; il l’employa à aider ses amis bien plus qu’à ses plaisirs… » Toute sa vie, il eut l’amour de la vertu et de la campagne. Il commença une carrière d’homme publique vers 18 ans avec le vigintivirat, puis, on le retrouve questeur vers 25 ans, vers 116, il est préteur. En 120, il est consul à 34 ans. Pour 135-136, il est nommé proconsul d’Asie.
Selon « l’Histoire Auguste », Hadrien avait divisé l’Italie en quatre zones gouvernées, administrées chacune par des anciens consuls. Antonin, de part ses connaissances juridiques, fut l’un d’eux. En résumé, on peut dire que sa carrière sénatoriale fut sans éclat mais il sut faire preuves de ses diverses compétences.
Il est adopté par Hadrien qui a eu l’occasion de mesurer ses qualités, il avait une grande expérience de l’administration de l’Empire ayant siégé au Conseil Impérial de nombreuses année,  il est donc promis au trône impérial mais Hadrien lui impose d’adopter à son tour Lucius Verus et Marc Aurèle, le premier était le fils de celui qu’il avait désigné pour lui succéder mais qui, malheureusement, était décédé trop tôt. En fait Hadrien attendait tout du second mais il était encore trop jeune pour gouverner l’Empire, il fallait donc un souverain de transition. Antonin était là pour exercer ce rôle. Mais Hadrien se trompait ; Antonin monta sur le trône à 51 ans et y resta 23 ans. 

Le système d’adoption qui marquera un moment de l’histoire de Rome montre que les empereurs choisissaient leur successeur de leur vivant et que le principe d’hérédité avait son importance. Commencée avec Trajan, l’adoption accentua la marche de l’Etat vers un régime monarchique.
Les historiens anciens ont tous dit qu’il agissait par rapport à sa pensée ou plutôt que sa pensée généreuse à toujours été présente, les habitants de l’Empire en bénéficiairent en particulier ceux de Rome. Il reconstruisit le port de Pouzzoles qui réceptionnait le blé venu d’Egypte. Il en profita pour faire élever un temple à Hadrien. Contrairement à son prédécesseur, il ne voyagea pas sauf un rapide déplacement en Asie où ses fonctions de proconsul l’appelèrent et un déplacement en Syrie du temps de son règne pour calmer les Parthes. D’une mentalité très simple, ce richissime sénateur, arrivé au pouvoir, refusa le titre de « père de la patrie » que voulut, lui conférer le Sénat mais il finit par l’accepter en Janvier 139. N’est-ce pas un symbole d’un chemin vers la monarchie ? On refuse ce qui n’est pas un geste personnel. En matière d’administration, il resta fidèle aux serviteurs de l’Etat nommés par son prédécesseur ainsi qu’à ses idées. Il fut un homme du passé, comme Auguste, il essaya de faire renaitre l’art de vivre des anciens Romains.
Contrairement à ce que l’on a pu dire, il ne fut pas totalement un homme de paix puisqu’il voulut améliorer les frontières de l’Empire, parfois par des actions militaires. Il ne commanda jamais personnellement une armée, il laissa ce soin à des gens plus compétents que lui. Il a, ainsi, un petit peu augmenté la superficie du territoire romain. Par exemple, en Bretagne où il fit construire un mur défensif contre les tribus pictes (habitants de ce qui sera l’Ecosse) qui doubla un certain temps celui d’Hadrien,

 en Germanie Supérieure, il voulut assurer, par de nouvelles limes, la sécurité du pays. Mais, il fut un homme de paix, n’engagea aucune guerre offensive, en fait, il fut dans tous les domaines un conservateur. On le connait plus comme un homme religieux, on le compare souvent avec le deuxième roi de Rome qui établit les rites de la religion, Numa Pompilius. Il introduisit les dieux orientaux dans la capitale, pour certains qui étaient déjà là comme Mithra, il le développa. Il arrêta la persécution contre les chrétiens, les laissa en paix tout autant qu’ils n’étaient pas une menace contre l’Empire.
Il décéda à 74 ans. Il ne fut pas l’Empereur de transition que l’on attendait. En sa mémoire, le Sénat fit ériger une colonne aux Champ de Mars. Le temple qu’il fit construire sur la Voie Sacrée (Forum) en mémoire de sa femme fut à nouveau dédié mais cette fois au nom du couple. Il prit leurs noms.

Et comme prévu, Lucius Verus et Marc-Aurèle lui succédèrent.   

Bibliographie :
---- Antonin le Pieux de Bernard Rémy
                       Fayard


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